Le CIO en a raboté les angles morts et bousculé les calendriers, mais les candidatures olympiques restent pleines de surprises. Personne ne s’en plaindra.
Pour les Jeux d’hiver 2030, le scénario semblait écrit d’avance, avec les Japonais de Sapporo en favoris et les Américains de Salt Lake City – promis à la victoire pour l’édition 2034 – en option de secours.
Mais tout a basculé avec le scandale de corruption lié aux Jeux de Tokyo 2020. Le dossier Sapporo 2030 n’y a pas résisté. Mis en pause, il pourrait bien ne plus jamais revoir la lumière.
Résultat : un postulant surprise apparaît aujourd’hui en première position de la course. Et même, allez, en favori des pronostics. Encore absente de la course en début d’année, la Suède se présente depuis la semaine passée comme une option crédible. A la surprise de tous, à commencer par elle-même.
Hans von Uthmann, membre du bureau exécutif du Comité olympique suédois (SOK), l’a reconnu dans un entretien avec l’agence AP : l’échec de la candidature de Stockholm-Are dans la course aux Jeux d’hiver 2026, battue par les Italiens de Milan-Cortina d’Ampezzo, avait laissé des marques encore trop profondes pour envisager une nouvelle tentative. Mais une réunion des dirigeants olympiques suédois au siège du CIO, à la mi-janvier, a changé la donne.
« Sur le chemin du retour, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait vraiment une ouverture, a confié Hans von Uthmann. Aujourd’hui, nous voyons clairement la fenêtre d’opportunité. »
Difficile, en effet, d’imaginer circonstances plus favorables pour un « hold-up » sur une édition des Jeux d’hiver où les postulants ont renoncé les uns après les autres – Lviv, Barcelone-Pyrénées, Vancouver – plongeant le CIO dans un réel embarras. Avec la « mise en pause » du projet de Sapporo, et la préférence maintes fois répétée de Salt Lake City pour l’option 2034, la Suède peut rafler la mise sans même avoir à batailler.
Les Suédois l’ont compris. Mais, prudents, ils veulent mettre tous les wagons dans le bon ordre. Le CIO leur facilite le travail, en ayant reporté au mois de juillet 2024 et à la session de Paris la décision sur l’attribution de l’événement.
Hans Von Uthmann l’a précisé à AP : une étude de faisabilité sera menée dans les prochaines semaines. Elle devra être finalisée au plus tard au mois de juin prochain. Elle devrait, sauf surprise, s’appuyer sur les piliers du projet de Stockholm-Are pour les Jeux d’hiver 2026.
Pour la piste de bobsleigh, luge et skeleton, la Suède pourrait ressortir du tiroir l’option Sigulda, en Lettonie, évoquée pendant la campagne précédente. Les Lettons y étaient favorables.
En revanche, le nouveau dossier s’annonce moins ambitieux sur la question des sites durables. Le projet Stockholm-Are 2026 prévoyait la construction d’un anneau de patinage de vitesse et d’un stade de ski de fond et biathlon. A en croire Hans Von Uthmann, la tendance serait désormais plutôt à recycler des sites existants. Le CIO n’aura rien contre.
Reste une inconnue, mais elle est d’importance : le soutien. Politique, mais aussi populaire. A ce stade du processus, le Comité olympique suédois n’a pas encore officiellement approché les autorités locales et nationales pour obtenir au moins leur feu vert pour avancer, sinon des garanties plus formelles. La question d’un éventuel référendum n’a pas non plus été tranchée. Elle devra l’être.
« Sur le plan des coûts, il y a encore beaucoup de questions, reconnaît Hans Von Uthmann. Nous allons devoir convaincre et montrer à la population suédoise que les Jeux peuvent être un réel avantage pour le pays. Mais nous sommes humblement conscients d’être actuellement en Suède dans une situation financière extrêmement difficile. »
Rien n’est fait, donc. Mais la Suède, l’un des rares grands pays des sports de neige et de glace n’ayant encore jamais accueilli les Jeux d’hiver, possède à coup sûr une chance historique de décrocher enfin le pompon, après huit candidatures et autant d’échecs.
En cas de victoire, lors de la session du CIO en marge des Jeux de Paris 2024, les Suédois ne pourront pas traîner en route. Ils auront seulement cinq ans et demi pour préparer l’événement. Le plus court délai de l’histoire.