Un succès. Le mot n’est pas une interprétation journalistique. Il est cité en toutes lettres par le COJO Paris 2024 pour évoquer le départ à fond de train de la billetterie pour les épreuves olympiques. Après une semaine de vente des places par packs de trois billets – la première phase de l’opération – plusieurs sports ou disciplines affichent déjà complet.
Le COJO l’explique dans un communiqué : l’escalade, l’escrime, le judo, le breaking, le skateboard et le BMX (racing et freestyle) n’ont plus une seule place à vendre pour cette première phase. Tous les billets disponibles ont été vendus en moins d’une semaine. Mais les organisateurs le précisent : les sports et disciplines en question ne sont pas pour autant définitivement sold-out. Une nouvelle volée de places sera disponible lors de la prochaine phase, prévue à partir du 11 mai (avec un tirage au sort entre le 15 mars et le 20 avril). Elle proposera des billets à l’unité.
Dans son communiqué, Paris 2024 explique également qu’il est encore possible d’acquérir des places pour la finale du rugby à 7 féminin au Stade de France, celle du concours complet d’équitation (cross-country) à Versailles, du VTT sur la colline d’Elancourt, du canoë-kayak sprint à Vaires-sur-Marne, ou encore pour une session du soir de basket-ball au stade Pierre-Mauroy de Lille. Une quinzaine de sports/disciplines propose des prix d’entrée à 50 euros et moins.
Il serait également toujours possible, selon le COJO, de se procurer des places pour l’athlétisme, le golf, le handball, le tennis, le tennis de table ou le volley-ball.
Enfin, dernière précision des organisateurs, les Français ont été les plus motivés pour cette première phase de vente. Ils représenteraient plus des deux tiers des acheteurs parmi les 112 nationalités recensées.
Voilà pour la version officielle. Elle évoque un succès. Et le prouve par les chiffres. Rien à redire. La billetterie des Jeux olympiques de Paris 2024 avait déjà comblé les attentes des organisateurs parisiens avant même l’ouverture de la plateforme de vente, le 15 février, avec 3 millions d’inscrits au tirage au sort. La vente proprement dite est en train de confirmer la tendance.
Mais, problème, la première semaine de vente des places par packs de trois billets – avec un maximum de 30 places par acheteur – charrie déjà un lot fourni de déçus, mécontents et frustrés. Et ils le font savoir. Depuis ces derniers jours, la grogne s’exprime sur les réseaux sociaux. Elle devrait encore s’amplifier dans les semaines à venir, l’offre de la première phase devant mécaniquement se faire de moins en moins attractive.
La rançon du succès ? Pas seulement. Pour l’essentiel, les mécontents se plaignent des prix proposés par le comité d’organisation. Beaucoup s’attendaient à pouvoir faire leurs emplettes dans des rayons proposant une large variété de places à 24 euros, le tarif d’entrée sur lequel le COJO a largement axé sa communication. Ils ne les ont pas trouvées.
Le COJO Paris 2024 le rappelle dans son dernier communiqué : un million de billets est proposé à un prix d’entrée de 24 euros, pour l’ensemble des sports (à l’exception du surf qui ne fait pas l’objet de billetterie) et sur l’ensemble des phases de vente. Mais les organisateurs omettent de préciser que près de la moitié de ce million de places n’est pas destinée au grand public. Elles ont déjà été acquises par l’Etat et les collectivités, dans le cadre d’une billetterie à vocation sociale.
Plus gênant : les prix découverts par les internautes à leur entrée sur la plateforme se révèlent souvent très éloignés de l’image qu’ils se faisaient de Jeux olympiques présentés comme « accessibles ». Un journaliste du quotidien Ouest-France raconte, dans un long article écrit à la première personne, sa déception face aux tarifs proposés.
Tiré au sort pour accéder à la plateforme de vente pendant un créneau de 48 heures, à compter du vendredi 17 février en fin de matinée, il espérait dénicher des places pour l’athlétisme au Stade de France à 24 euros, voire un peu plus, pour des sessions en matinée, sans finales au programme. Il n’a rien trouvé à moins de 100 euros. Il a tenté la natation. Même douche froide : la place la moins chère était proposée à 150 euros pour une session affichant seulement des séries. La gymnastique ? 260 euros en catégorie A pour une session de qualifications de gymnastique rythmique.
En décembre dernier, le COJO Paris 2024 avait expliqué avoir revu à la hausse, dans sa dernière révision budgétaire, le prix certaines places. La manoeuvre était destinée à compenser, par des recettes en augmentation, la courbe ascendante des dépenses. Et pouvoir ainsi présenter un budget à l’équilibre. Elémentaire. Mais à quel prix.