Un signe ? A J – 500 jours, le COJO Paris 2024 a laissé au placard, ce mardi 14 mars, ses tambours et trompettes. Les organisateurs mettent profil bas pour cette date souvent célébrée en grande pompe. A la symbolique d’un compte-à-rebours affichant un demi-millier de jours avant la cérémonie d’ouverture sur la Seine, ils expliquent avoir opté pour une communication plus sobre. Elle est tournée vers le lancement, le lendemain, du tirage au sort de la deuxième phase de la vente des places.
Discrétion, donc. Au moins sur le plan national. Ailleurs, en revanche, les Jeux s’affichent en grand. Un relais mondial est organisé à l’initiative du COJO, ce mardi 14 mars, un peu partout sur la planète. Parti de Nouvelle-Zélande, il a traversé l’Océanie, pour rejoindre l’Asie, l’Europe, l’Afrique et l’Amérique. Il terminera sa course dans le Pacifique, en Polynésie française.
Dans chaque pays, un créneau de 24 heures est dédié à des événements sportifs. L’opération mobilise 128 ambassades, consulats et représentations permanentes de la France, mais aussi les territoires d’outre-mer. Une première édition de ce relais planétaire avait été organisée l’an passé, le 6 avril. La seconde prend nettement plus d’épaisseur.
L’amorce d’une stratégie plus tournée vers l’étranger ? Les réponses de Vincent Pasquini, en charge de la coopération internationale au COJO Paris 2024.
Main dans la main avec l’AFD. Clef de voute de l’édifice : une coopération avec l’Agence française de développement. Elle a été officiellement lancée en février 2020 sous le nom « Impact 2024 International ». Objectif des deux parties : soutenir des projets à impact social sur le continent africain. A ce jour, le COJO et la banque publique de développement en ont soutenu une cinquantaine dans dix-huit pays africains. En parallèle, les deux partenaires ont lancé un incubateur destiné aux athlètes en reconversion. Deux promotions ont déjà été enregistrées, chacune comptant 26 sportifs (16 en Afrique, 10 en France). La troisième cuvée est en préparation. Enfin, l’accord prévoit un soutien à des projets portés par des collectivités françaises pour un rapprochement et/ou des actions communes avec des collectivités étrangères.
L’ambition est double. A court terme, donner une dimension internationale au slogan de Paris 2024, « Ouvrons grand les Jeux ». A plus long terme, poser une autre carte sur la table de l’héritage. Pour cela, le COJO joue les tuteurs pour l’AFD dans sa stratégie olympique. Il l’a aidée à se rapprocher du CIO pour participer, notamment, au programme Olympism 365 lancé l’an passé et dédié au développement durable.
L’outil du service civique. Envoyer des jeunes Français en service civique dans des comités nationaux olympiques à l’étranger n’est pas une initiative nouvelle. Elle était déjà en place en phase de candidature, pilotée par le CNOSF avec la Solidarité olympique. Elle concernait alors uniquement les pays francophones. L’arrivée dans le jeu du COJO Paris 2024 lui a donné une nouvelle impulsion. Actuellement, une quarantaine de jeunes gens et filles effectuent leur sevrice civique à l’étranger. Ils ont été sélectionnés par le COJO. Cette année, trois comités nationaux paralympiques ont été ajoutés au dispositif.
La main tendue aux comités d’organisation. La stratégie internationale du COJO ne prévoit pas d’accord formel avec des pays étrangers. Elle n’en a pas la vocation. Mais un partenariat sera finalisé dans les mois à venir avec l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Les discussions sont également en cours avec l’OMS pour un rapprochement sur la question du sport-santé.
Surtout, le COJO a fait affaire avec certains de ses « cousins » du mouvement olympique. Un accord avait été signé avec Tokyo 2020. Deux autres du même type ont suivi, conclus respectivement avec Milan-Cortina 2026 et Dakar 2026. Dans le cas des Jeux de la Jeunesse au Sénégal, il était prévu d’intégrer au staff du COJO, dans son immeuble de Saint-Denis, une équipe envoyée par Dakar. Mais le report de l’événement, initialement prévu en 2022, a retardé l’opération. Elle devrait malgré tout être concrétisée l’an prochain. Après les Jeux de Paris 2024, il est également prévu d’envoyer à Dakar plusieurs membres du staff du COJO parisien, mais aussi du matériel sportif dans le cadre d’un plan d’économie circulaire.
En revanche, aucun accord formel n’a été conclu avec Los Angeles 2028. Les contacts sont fréquents et réguliers. La directrice de l’engagement de l’équipe californienne, par exemple, se rendra au COJO la semaine prochaine. Mais les relations entre les deux anciens rivaux dans la course aux Jeux n’est pas gravée dans le marbre. Les premiers échanges, eux aussi informels, ont également été entamés avec Brisbane 2032, notamment au niveau de la direction financière.
Un levier pour la diplomatie sportive. Le COJO est formel : la diplomatie sportive ne compte pas parmi ses missions. Il n’est qu’un comité d’organisation, appelé à se dissoudre après l’extinction des feux olympique et paralympique. Mais le rayonnement de l’événement sur la planète entière fait très bien le boulot. Le monde entier veut parler au COJO. Et il en sera encore ainsi au cours des 500 prochains jours. Sans avoir à sortir de son cadre, Paris 2024 peut jouer les entremetteurs et servir ainsi de levier pour la diplomatie sportive française.
Dans le même temps, l’événement a permis de construire un réseau de correspondants – ambassadeurs, consuls, attachés… – sur la carte diplomatique. Il n’existait pas avant le début du projet Paris 2024. Il a été constitué à partir de la phase de candidature, puis renforcé depuis l’attribution. Désormais, les ambassades françaises savent parler sport et olympisme sans trop bafouiller. Une part de l’héritage.