Hasard du calendrier ? Peut-être pas. En l’espace de quelques heures, mercredi 22 mars, Thomas Bach et le CIO ont ouvert encore un peu plus la porte à un retour des athlètes russes et biélorusses dans les compétitions internationales. Et laissé entendre que les choses pourraient bientôt devenir plus concrètes.
Premier indicateur : Thomas Bach. Le président de l’instance était en visite dans son propre pays, dans la région de la Ruhr, où il était invité à s’exprimer lors d’un forum politique (photo ci-dessus). Sans la moindre surprise, il a évoqué le conflit en Ukraine et ses conséquences pour le mouvement olympique. Tout aussi attendu, il a défendu la position du CIO et sa volonté « d’explorer une voie » permettant un retour des athlètes russes et biélorusses.
« Si la politique décide qui peut participer à une compétition, alors le sport et les athlètes deviennent des outils de la politique, a suggéré Thomas Bach dans son discours prononcé à la Philharmonie de la ville d’Essen. Il est alors impossible pour le sport d’exercer son pouvoir unificateur. Nous devons être politiquement neutres, mais pas apolitiques. Nous savons bien que la politique dirige le monde. Nous savons bien que nos décisions ont des implications politiques et nous devons inclure cela dans notre réflexion. Mais nous ne devons pas commettre l’erreur de nous élever au rang d’arbitres de différends politiques, car nous serions écrasés par ces pouvoirs politiques. »
Le président du CIO a poursuivi : « Nous sommes dans un dilemme. Nous ressentons, souffrons et comprenons le peuple et les athlètes ukrainiens. D’un autre côté, nous avons, en tant qu’organisation mondiale, une responsabilité envers les droits de l’homme et la Charte olympique. Ces deux textes n’autorisent pas d’isoler totalement des personnes en fonction de leur seul passeport. »
Jusque-là, rien de très nouveau. Thomas Bach reste dans la ligne d’une position évoquée pour la première fois publiquement par le CIO lors du Sommet olympique, organisé en décembre dernier à Lausanne.
Mais, surprise, le dirigeant allemand s’est risqué pour la première fois à préciser certaines conditions qui pourraient être imposées aux athlètes russes et biélorusses pour participer, sous couvert de neutralité, aux compétitions internationales. Il a expliqué que le CIO pourrait recommander d’exclure les athlètes ayant arboré la lettre « Z », utilisée sur les véhicules militaires russes, devenue depuis l’an passé un symbole du soutien à la guerre en Ukraine.
« Nos principes disent clairement et distinctement que tout soutien actif à la guerre est interdit, et cela inclut le port de ce « Z », mais aussi les posts sur les réseaux sociaux et bien d’autres choses, a détaillé Thomas Bach. Quiconque soutient la guerre de cette manière ne peut pas participer aux compétitions. »
Selon la chaîne de télévision WDR, près de 200 manifestants pro-Ukraine, dont des réfugiés ukrainiens en Allemagne, s’étaient rassemblés à l’extérieur de la salle de concert d’Essen, mercredi, pour réclamer l’exclusion totale de la Russie des Jeux olympiques.
Deuxième indice d’une décision à venir sur la question russe et biélorusse : l’annonce par le service de presse du CIO, mercredi 22 mars, de la prochaine réunion de la commission exécutive. Elle est prévue du 28 au 30 mars à Lausanne. Le dossier russe figure en bonne place dans l’ordre du jour. Il pourrait même ouvrir les débats.
« Le premier jour, la commission exécutive du CIO discutera des conclusions et examinera le retour d’information d’une série de consultations organisées avec les membres du CIO, les comités nationaux olympiques, les fédérations internationales et les représentants des athlètes sur le thème de la solidarité avec l’Ukraine, les sanctions contre la Russie et la Biélorussie, et le statut des athlètes de ces pays », indique un communiqué de l’instance.
Thomas Bach lui-même l’a confirmé en marge de son discours à Essen : la semaine prochaine s’annonce décisive. Interrogé sur le sort à réserver aux nombreux athlètes russes membres de l’armée ou liés d’une façon ou d’une autre à des organisations militaires, le dirigeant a répondu : « Attendez le milieu de la semaine prochaine. Je suis certain que nous proposerons alors des directives appropriées. »