Quatre mois. Au jour près. Dans seize semaines, la République démocratique du Congo (RDC) accueillera à Kinshasa, sa capitale, la neuvième édition des Jeux de la Francophonie (28 juillet au 6 août).
Initialement prévu en 2021, reporté à deux reprises, l’événement sportif et culturel attaque pied au plancher le dernier tour de piste d’une préparation longtemps retardée. Il s’est doté récemment de trois ambassadeurs, l’ancien footballeur Lilian Thuram, la basketteuse Diandra Tchatchouang et l’ex pongiste Sarah Hanffou (photo ci-dessus). La dernière du trio a participé à deux reprises aux Jeux de la Francophonie, pour deux pays différents. Elle a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Que représentent pour un athlète les Jeux de la Francophonie ?
Sarah Hanffou : Pour beaucoup, la première grande compétition multisport au niveau international. La seule, également, où sont mélangés le sport et les arts. Enfin, les Jeux de la Francophonie représentent le plus grand événement où sont réunies dans toute leur diversité la langue et la culture francophones. Les athlètes sont souvent jeunes, ils découvrent tout cela. Mais ils n’oublient pas.
L’événement est-il comparable à un autre rendez-vous du calendrier sportif international ?
Non, je ne crois pas. J’ai eu l’occasion de participer durant ma carrière de joueuse de tennis de table, sous les couleurs du Cameroun, aux Jeux du Commonwealth. Mais l’ambiance y est très différence, pas du tout comparable à celle des Jeux de la Francophonie. Il est question de sport, seulement de sport. Aux Jeux olympiques, la priorité reste la performance. Aux Jeux de la Francophonie, le mélange du sport et de la culture donne naissance à quelque chose d’unique et très particulier. La jeunesse des participants, également, contribue à cette ambiance.
Quelle a été votre expérience personnelle de l’événement ?
J’ai participé à deux éditions, en 2005 à Niamey, au Niger, puis quatre ans plus tard à Beyrouth, au Liban. Mon père étant camerounais et ma mère française, ces deux expériences ont été vécues sous les couleurs de deux pays différents. Les Jeux de la Francophonie 2005 ont été une étape marquante dans ma carrière. J’appartenais à la délégation française, je faisais mes débuts internationaux chez les seniors. L’année suivante, j’ai créé l’association Ping sans Frontières, dont l’idée m’est venue au contact des autres athlètes et délégations à Niamey. En 2009, j’ai changé de couleurs et participé à la compétition pour le Cameroun. Ma première expérience internationale avec ce pays. Elle m’a permis de découvrir la vision africaine de la culture francophone. Une aventure humainement très enrichissante. Toute la beauté de ces Jeux.
Pourquoi être devenue ambassadrice de l’édition 2023 en RDC ?
Cela m’a semblé très naturel, comme une évidence. J’ai participé deux fois à l’événement, pour deux pays différents, l’un européen, l’autre africain. Mon association a été créée à la suite de mon expérience des Jeux en 2006, sous les couleurs de la France. Ping sans Frontières est très impliquée en Afrique. Les Jeux de la Francophonie m’ont beaucoup apporté. J’assume ce rôle avec beaucoup d’engagement et de motivation. Je veux porter la parole de cet événement unique et de ce qu’il peut apporter, notamment aux jeunes athlètes.
Votre association sera-t-elle directement impliquée aux Jeux 2023 à Kinshasa ?
Oui. Aux Jeux de la Francophonie, il n’est pas rare de voir des joueurs africains débarquer sans matériel, où avec un matériel inadapté à la haute compétition. Nous essayons actuellement d’identifier les besoins des fédérations et des pongistes. Une fois sur place, nous apporterons à coup sûr une aide en matériel, mais nous allons aussi essayer d’aller plus loin, en soutenant des projets : camps d’entraînement, formation d’entraîneurs… Avec Ping sans Frontières, nous utilisons le tennis de table comme un outil pour le développement de l’activité sous toutes ses formes.
Les Jeux de la Francophonie 2023 à Kinshasa peuvent-ils marquer un tournant pour la RDC ?
Je l’espère. C’est le rôle et la responsabilité des événements sportifs de cette ampleur. Les Jeux doivent laisser un héritage, ils peuvent changer la place du sport dans la société. Le sport scolaire, le sport-santé… Ils vont laisser au pays des infrastructures sportives. La RDC pourra et devra continuer à s’en servir, pour ses projets sportifs mais aussi pour le plus grand nombre.