Qui l’eut cru ? Après deux éditions successives en Asie – PyeongChang 2018 et Pékin 2022 -, les Jeux d’hiver pourraient s’offrir un séjour prolongé en Europe. En Italie pour 2026, c’est acquis. Puis dans un autre pays du continent en 2030, comme le suggère la tendance.
Yasuhiro Yamashita (photo ci-dessus, avec Thomas Bach), le président du Comité olympique japonais (JOC), l’a confié lundi 10 avril : le projet de candidature de Sapporo pour les Jeux d’hiver, mis en pause en fin d’année passée, pourrait bientôt repartir. Mais en oubliant l’édition 2030 pour se concentrer sur la suivante, prévue en 2034.
Tout sauf un hasard, la déclaration de l’ancien judoka poids lourds, champion olympique en toutes catégories aux Jeux de Los Angeles en 1984, est intervenue au lendemain des élections municipales à Sapporo. Le maire sortant, Katsuhiro Akimoto, en est sorti vainqueur avec 56 % des suffrages. Il a raflé un troisième mandat consécutif face à deux opposants ouvertement anti Jeux olympiques. Mais sa victoire ne suffira pas à relancer illico une candidature dont l’opinion, dans sa majorité, ne veut plus entendre parler.
Un sondage réalisé à la sortie des urnes révèle que plus de la moitié des électeurs de Sapporo (53 %) se disent opposés au projet olympique. Dans le camp d’en face, ils sont seulement 27 % à se montrer favorables à un retour des Jeux d’hiver dans la préfecture d’Hokkaido, près de soixante ans après l’édition 1972.
Katsuhiro Akimoto le sait. Dans son premier discours de vainqueur, le maire de Sapporo a évoqué la question olympique. Mais il l’a fait avec prudence. « Nous présenterons à nouveau aux citoyens notre projet d’accueillir des Jeux propres à Sapporo, a-t-il déclaré devant ses partisans. Et nous poursuivrons la discussion. Nous aimerions aller de l’avant, mais nous devrons obtenir le soutien des citoyens. »
La discussion va se poursuivre. C’est une certitude. Mais les propos de Yasuhiro Yamashita ouvrent la porte à un report du projet pour l’édition suivante. « L’élection a clairement montré que de nombreux résidents locaux sont inquiets et anxieux, a reconnu le président du JOC, cité par Kyodo News. Il est difficile d’aller de l’avant avec le plan initial sans que les gens comprennent et acceptent le projet. Nous devons faire les choses avec prudence. Sinon, nous ne pourrons pas continuer. »
Yasuhiro Yamashita, par ailleurs membre du CIO, l’a expliqué lundi 10 avril : les discussions vont très prochainement reprendre entre le JOC et la ville de Sapporo. Mais l’option d’un report à l’édition 2034 sera étudiée. Elle pourrait même rapidement être jugée prioritaire.
Dans un tel scénario, le CIO pourrait être amené à revoir ses plans. Il lui faudrait intégrer un nouveau postulant, Sapporo, à une course pour laquelle il pensait déjà tenir un vainqueur assuré, et idéal à ses yeux : Salt Lake City. La bataille entre les Américains et les Japonais, prévue pour 2030, serait déplacée à 2034. Mais, cette fois, le projet de l’Utah deviendrait le favori.
Avec Sapporo tournée vers une échéance plus lointaine, la course aux Jeux d’hiver en 2030 pourrait alors se réduire à une affaire strictement européenne. La Suède a pris position la première, timidement mais sans se cacher. La Suisse a annoncé elle aussi son intention d’intensifier le dialogue avec le CIO.
A ce jour, les postulants déclarés ne sont pas plus nombreux. Seulement deux, le minimum vital. Et rien ne laisse penser que leur nombre pourrait augmenter dans les mois à venir, même en cas de décision formelle de Sapporo de passer son tour en attendant la partie suivante.