« Nous n’avons pas encore perdu ». La phrase est de Vadym Guttsait, le ministre ukrainien des Sports et président du comité national olympique. Pas encore perdu la guerre. Et pas encore perdu le combat pour faire obstacle à un retour des athlètes russes et biélorusses dans les compétitions internationales.
L’ancien escrimeur, champion olympique au sabre par équipe aux Jeux de Barcelone en 1992, l’a expliqué à l’AFP : l’Ukraine n’entend pas relâcher sa pression sur le mouvement olympique pour empêcher la Russie de retrouver sa place sur la scène sportive internationale. Elle espère peser sur le CIO, mais aussi sur les fédérations internationales.
« Nous devons continuer à faire pression, a expliqué Vadym Guttsait. Le CIO comprendra probablement que tant qu’il y a une guerre en Ukraine, le retour des athlètes russes et biélorusses n’est pas opportun. Nous espérons que les grandes et fortes fédérations seront solidaires avec les Ukrainiens, et qu’elles ne permettront pas aux Russes et Biélorusses de participer aux compétitions internationales. Il faut défendre notre cause. Nous n’avons pas encore perdu. »
A moins de 500 jours des Jeux de Paris 2024 (J – 471 ce mercredi 12 avril), le combat mené par Vadym Guttsait s’annonce difficile. Certes, plusieurs des instances les plus puissantes du mouvement olympique, dont World Athletics, ont annoncé maintenir la suspension des athlètes russes, aussi longtemps que durera le conflit en Ukraine. World Aquatics (ex FINA) a repoussé sa décision au plus tôt au mois de juillet, excluant de fait la Russie des Mondiaux 2023 au Japon.
Mais quatre sports olympiques – escrime, tennis de table, taekwondo et lutte – se sont prononcés en faveur d’un retour sous conditions des athlètes russes et biélorusses. La liste pourrait encore s’allonger dans les semaines à venir.
Quant au CIO, il temporise en cherchant à gagner du temps, notamment sur une éventuelle participation des deux pays aux Jeux de Paris 2024. Mais Thomas Bach, son président, hausse le ton face aux pressions exercées par les gouvernements pour faire obstacle à la Russie, répétant à l’infini la présumée indépendance du mouvement olympique face aux pouvoirs politiques.
Pour Vadym Guttsait, la situation actuelle dans le conflit ne justifie en rien un retournement de veste du CIO et d’une partie du mouvement. « Rien n’a changé, c’est juste devenu pire, a-t-il confié. Combien de villes ont été détruites, combien de personnes ont été tuées – des femmes, des enfants ! »
Selon un dernier bilan, au moins 273 athlètes ukrainiens ont trouvé la mort depuis le début de l’invasion russe en février 2022. Près de 350 sites sportifs ont été détruits ou endommagés.
Un boycott des Jeux de Paris 2024 ? La menace a été brandie à plusieurs reprises par les autorités ukrainiennes depuis l’annonce par le CIO d’un possible retour des athlètes russes et biélorusses. Elle est toujours d’actualité. Mais une telle décision ne sera pas autoritaire, laisse entendre le ministre des Sports. Elle devra être collective.
« Il faudra réunir nos fédérations et nos athlètes pour décider quelle position adopter, a-t-il expliqué à l’AFP. La décision sera difficile. Les Jeux, c’est le moment le plus important pour chaque athlète. Mais le plus important pour nous, aujourd’hui, est notre victoire dans la guerre. Même si nous ne participons pas (aux Jeux de Paris 2024), c’est juste une compétition. »
En attendant une décision qui, reconnait Vadym Guttsait, divise actuellement les fédérations sportives nationales, les athlètes ukrainiens s’entraînent et se préparent. Les mois à venir vont leur proposer une solide série de compétitions internationales, où certaines des plus attendues ont déjà fermé la porte aux athlètes russes. En tête de liste, les Jeux Européens en Pologne, puis les Mondiaux de natation au Japon et d’athlétisme en Hongrie.