Le mouvement olympique peut remercier la boxe et prier pour qu’elle conserve pour toujours sa place dans le décor : la discipline, et surtout ses dirigeants, le préservent de l’ennui et de la monotonie. Malgré les tempêtes, ils font preuve d’une rare capacité à surprendre et assurer le spectacle.
Comme annoncé, la Fédération internationale de boxe (IBA) n’est plus la seule instance à se réclamer de la gouvernance de la discipline dans sa dimension olympique. Une organisation concurrente, et auto-proclamée rivale, a officiellement vu le jour jeudi 13 avril, à moins de 500 jours des Jeux de Paris 2024.
Son nom se révèle très tendance : World Boxing. Elle sera basée à Lausanne, ville qui abrite déjà le siège mondial de l’IBA. Elle se positionne en alternative supposée plus crédible que l’instance présidée par le Russe Umar Kremlev dans les discussions avec le CIO pour une réintégration de la boxe dans le programme des Jeux de Los Angeles en 2028.
Aux manettes, deux pays parmi les plus farouches opposants à l’IBA et à son président : les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Le conseil d’administration provisoire de World Boxing, dont la composition a été dévoilée jeudi 13 avril dans un communiqué, en est l’illustration.
Il compte deux représentants américains, Tyson Lee – président de USA Boxing – et le boxeur Richard Torrez Jr., médaillé d’argent aux Jeux de Tokyo ; et trois britanniques, Matthew Holt, le directeur exécutif de GB Boxing, l’athlète Lauren Price, championne olympique en titre, et Simon Toulson, l’ancien secrétaire général de la Fédération internationale de canoë (ICF).
Pour le reste, la gouvernance par intérim de World Boxing compte des représentants de cinq autres nations dissidentes de l’IBA : l’Allemagne, la Suède, les Philippines, les Pays-Bas et la Nouvelle-Zélande. Sans surprise, le Néerlandais Boris van der Vorst, candidat malheureux de la dernière élection à la présidence de l’IBA, en fait partie.
Un nouveau conseil d’administration, appelé à s’inscrire dans la durée, sera désigné par vote en novembre prochain. World Boxing prévoit également d’élire à la même époque son premier président.
Crédible, World Boxing ? L’avenir répondra. Mais la création de cette nouvelle instance, et l’origine de ses fondateurs, pourraient faire les affaires du CIO. Sous réserve qu’elle parvienne à rallier un plus grand nombre de pays membres, la nouvelle instance de la boxe s’imposerait comme un interlocuteur moins hostile et douteux que l’IBA. Et permettre ainsi au CIO de ramener la boxe dans le giron olympique sans avoir à négocier avec Umar Kremlev.
A en croire Simon Toulson, désigné secrétaire général par intérim, World Boxing dispose d’un budget de départ de 994.000 dollars pour l’année 2023. Assez pour lancer la mécanique, mais très loin des ressources de l’IBA, qui a distribué plus de 2 millions de dollars en primes de résultat aux Mondiaux féminins, organisés le mois dernier en Inde.
Toujours selon Simon Toulson, la création de World Boxing n’a été précédée d’aucun échange ou contact direct avec le CIO. « Mais nous espérons en avoir bientôt », avance-t-il. Le Britannique a également précisé que les pays dont les représentants siègent au conseil d’administration provisoire n’avaient pas quitté l’IBA. Enfin, il explique que la nouvelle instance n’en est pas encore au stade où elle accepte les nouveaux membres.
Commentaire de Tyson Lee, le président de USA Boxing : « La perte du statut de sport olympique représente une menace existentielle pour la boxe, elle aurait un impact négatif à tous les niveaux, des clubs de base aux plus hautes sphères de la boxe professionnelle. L’objectif de World Boxing est d’empêcher cela. Elle créera une structure sportive conçue dans l’intérêt des boxeurs et veillera à ce qu’ils puissent continuer à participer aux Jeux olympiques. »
La réaction de l’IBA ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué publié jeudi 13 avril en toute fin de journée, elle assure rester « l’instance dirigeante officielle de la boxe au niveau mondial malgré l’attaque d’une organisation voyou. » Elle annonce également son intention d’ouvrir en grand la boite à sanctions contre les dirigeants et fédérations dissidents. En vertu de ses statuts, ils pourraient être exclus de l’IBA et de ses compétitions pour avoir rejoint une organisation concurrente.