Un serpent de mer. Annoncée par la rumeur depuis des mois, mais toujours invisible, l’arrivée du groupe français de luxe LVMH comme partenaire premium du COJO Paris 2024 a refait brièvement surface, jeudi 20 avril. Le temps de quelques belles paroles. Avant de replonger et disparaître.
Surprise : Bernard Arnault lui-même s’est saisi du sujet. Le PDG du groupe, désormais installé au premier rang des plus grosses fortunes de la planète, a confirmé l’existence de « discussions » avec le comité d’organisation pour rejoindre l’aventure olympique et paralympique, à moins de 500 jours de l’échéance. Il l’a fait presque malgré lui, en réponse à une question d’un actionnaire lors de l’assemblée générale annuelle de LVMH.
« Le contrat dont vous parlez n’est pas signé, a-t-il expliqué. Il est en discussion et comme toute discussion, il peut se terminer par une signature ou non. » Difficile de se montrer plus énigmatique.
Sollicités par les médias pour apporter un peu de clarté aux propos de son père, Antoine Arnault, le fils aîné de la famille, par ailleurs directeur de l’image du groupe LVMH et directeur général de la holding Christian Dior SE, a confirmé l’existence de négociations. Mais lui aussi s’est refusé à évoquer comme une certitude la signature d’un contrat de partenariat avec le COJO.
« On va continuer à négocier, cela peut prendre 15 jours comme cela peut prendre six mois, a-t-il prudemment expliqué. Une négociation, c’est toujours complexe surtout avec les organismes ou les entreprises étrangers, il y a énormément de juridique, des discussions dans tous les sens. »
Rien de très nouveau sous le soleil. Selon plusieurs sources concordantes, LVMH discute depuis des mois avec le COJO, mais pas seulement avec lui. Les discussions ont été étendues à une sphère nettement plus large : la planète entière. Traduisez, le CIO. Le groupe français est tenté par l’aventure olympique, mais il l’envisage à une échelle plus grande que le seul marketing national.
Problème : les contrats de partenariat signés par le COJO concernent seulement les droits nationaux. Pour le reste du monde, la balle est dans le camp du CIO. L’instance réserve l’exclusivité de ses droits internationaux aux partenaires membres du programme TOP, engagés pour une durée souvent très supérieure à une seule olympiade. LVMH n’en est pas.
La partie n’est pas simple. Sa complexité explique la longueur des négociations à trois entre le COJO, le CIO et le groupe de Bernard Arnault. LVMH souhaiterait être un peu plus qu’un seul partenaire national, mais sans pour autant intégrer dès maintenant le cercle étroit du programme TOP du CIO. La diversité de ses marques n’arrange rien, le secteur de l’horlogerie, notamment, étant déjà réservé contractuellement sur le plan mondial au groupe Swatch, via sa marque Omega.
Dans tous les cas, l’éventuel partenariat entre le COJO et LVMH concernerait seulement quelques-une des nombreuses marques du groupe. Louis Vuitton, par exemple. Dior, également.
Antoine Arnault l’a confié jeudi 20 avril : la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, vendredi 26 juillet 2024 sur la Seine, constitue « un des éléments de la négociation. » « Faire un évènement comme cela en plein air, qui ne soit pas dans un stade, qui soit au coeur d’une ville, ce sera probablement le spectacle le plus regardé de l’histoire de la télévision, de l’histoire des Jeux, a-t-il suggéré. C’est évidemment un élément auquel on s’intéresse beaucoup. »
En attendant, le temps passe et l’arrivée d’un sixième partenaire premium – BPCE, Orange, EDF, Sanofi et Carrefour sont déjà dans la place – se fait toujours attendre. Dans son rapport remis en juillet dernier, le comité d’audit du COJO Paris 2024 le soulignait sans nuance : « La signature d’un contrat supplémentaire de rang 1 (Partenaire Premium), d’un montant au moins égal à la moyenne des contrats déjà signés, est une impérieuse nécessité. Sans cette signature, l’objectif visé semble inatteignable. »
En fin d’année passée, le COJO a annoncé fièrement avoir atteint près de 80 % de ses objectifs en termes de marketing. A une question de FrancsJeux, Tony Estanguet avait reconnu qu’un partenaire de premier rang figurait parmi les négociations les plus avancées, donc les plus proches d’aboutir.
Depuis, silence radio. Les propos de la famille Arnault, jeudi 20 avril, laissent envisager toutes les options. La meilleure comme la pire.