Un hasard du calendrier ? A quelques jours des Mondiaux de judo (7 au 14 mai à Doha), où la Russie sera représentée par près d’une vingtaine d’athlètes engagés comme compétiteurs neutres, la situation du sport russe s’est invitée mardi 2 mai au Kremlin pendant le conseil des ministres. Elle a même donné lieu à un échange prolongé entre Vladimir Poutine et le ministre des Sports, Oleg Matytsin.
Selon l’agence TASS, les deux hommes ont évoqué les Jeux de Paris 2024. Et, surprise, sorti de leurs poches les premiers chiffres d’une possible délégation russe au rendez-vous olympique dans la capitale française.
Oleg Matytsin a déjà fait ses comptes. A moins de 500 jours de l’événement (J – 450 ce mercredi 3 mai), l’ancien pongiste et président de la Fédération internationale du sport universitaire (FISU) estime à 180 le nombre d’athlètes qui pourraient participer sous conditions aux Jeux olympiques de Paris 2024.
« Si nos athlètes réussissent les épreuves de qualification et que les conditions de participation ne sont pas modifiées de manière significative, le nombre maximum de participants russes aux Jeux olympiques de 2024 devrait s’élever à environ 180 athlètes », a expliqué Oleg Matytsin pendant le dernier conseil des ministres.
Un peu moins de 200, donc, au grand maximum. Une participation entre deux eaux, à la fois très faible pour l’un des pays majeurs du mouvement olympique, mais plutôt élevée dans le contexte géopolitique actuel.
Aux Jeux de Tokyo 2020, où la délégation neutre des athlètes russes portait les couleurs de son comité national olympique (ROC), la Russie avait réussi le tour de force d’envoyer 333 athlètes (148 hommes et 185 femmes). Elle avait bouclé la quinzaine olympique à la 5ème place du classement des médailles, avec 71 places sur le podium, dont 20 sur la plus haute marche.
Oleg Matytsin l’a expliqué à Vladimir Poutine : « Au total, les fédérations sportives internationales en charge de 12 sports olympiques et de 13 sports non olympiques ont soutenu la participation des athlètes russes aux compétitions internationales. Cependant, neuf organisations sportives n’ont pas encore défini de critères clairs. »
Pas question, donc, de relâcher la pression. Les dernières semaines l’ont montré, le mouvement olympique se révèle majoritairement enclin à suivre la recommandation de la commission exécutive du CIO. La liste des fédérations internationales ayant ouvert la porte aux athlètes russes, en partie ou en grand, s’allonge à un bon rythme. Oleg Matytsin en est convaincu : « Nous estimons qu’il est nécessaire de poursuivre le dialogue avec les organisations sportives internationales et de défendre nos intérêts, avec l’aide de nos pays amis. »
Mais le ministre russe l’a précisé : il est déjà acquis que la Russie ne pourra pas participer aux Jeux de Paris 2024 dans huit sports collectifs, dont le basket-ball, le volley-ball, le football, le handball et le hockey sur gazon. Aux Jeux de Tokyo, la délégation du ROC était représentée dans cinq sports d’équipe : basket-ball, handball, rugby à 7, volley-ball et water-polo.
Reste une question, encore sans réponse : le CIO annoncera-t-il prochainement sa position sur une participation de la Russie et la Biélorussie aux Jeux de Paris 2024 ? Régulièrement sollicité par les médias, Thomas Bach n’a encore annoncé aucune date. Côté français, Emmanuel Macron, le chef de l’Etat, est censé s’exprimer sur la question au cours de l’été à venir.
Mais les Russes semblent s’être fait une raison : la décision n’interviendra pas avant la date symbolique de J – 1 an avant l’ouverture des prochains Jeux olympiques. Oleg Matytsin l’a suggéré mardi 2 mai en conseil des ministres : « La décision concernant la participation des athlètes russes aux Jeux olympiques de 2024 ne sera pas prise avant le 26 juillet 2023. » Pas avant, à coup sûr. Mais pas forcément non plus immédiatement après.