Hasard du calendrier. Mais un hasard qui ne trompe pas. A moins de 500 jours des Jeux de Paris 2024 (J – 438 ce lundi 15 mai), le mouvement sportif français se tourne vers l’étranger. Il s’ouvre à l’international. Avec, en tête de cortège, la présidente du comité national olympique (CNOSF), Brigitte Henriques (photo ci-dessus).
A la fin du mois dernier, elle a effectué le long voyage vers le Queensland pour signer une convention de partenariat avec le Comité olympique australien (AOC). La semaine passée, elle a ouvert par un discours de bienvenue le séminaire annuel de l’Association des comités olympiques européens (EOC), organisé pour la première fois à Paris.
Brigitte Henriques a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : A quelle stratégie se rapporte la signature le mois dernier d’une convention de partenariat avec le Comité olympique australien ?
Brigitte Henriques : Le rayonnement du CNOSF à l’international est intégré dans notre programme global, mis en place depuis mon élection à la présidence en juin 2021. Il en est l’un des six piliers. Nous voulons jouer un rôle majeur à l’international, être présents, peser et être consistants. Huit ans après Paris, Brisbane organiser les Jeux d’été en 2032. Le convention signée le mois dernier s’inscrit dans une démarche olympique commune : la préparation de l’événement, son organisation, l’héritage, mais aussi l’importance d’obtenir les meilleurs résultats sportifs possibles. Notre partenariat compte également un volet formation. Et il intègre bien sûr les exigences de développement durable. Avec mes collègues australiens, j’ai évoqué tout le travail entrepris pour rendre la Seine à nouveau propre à la baignade. A Brisbane, ils ont une ambition identique pour la rivière qui traverse la ville.
Cette convention de partenariat sera-t-elle suivie d’autres ?
Nous en avons déjà signé avec le Canada, l’Italie et les Balkans. Les deux prochaines seront conclues avec l’Allemagne et le Danemark.
Avant Brisbane, les Jeux d’été feront étape à Los Angeles en 2028. Allez-vous faire équipe avec le comité olympique et paralympique américain, l’USOPC, comme vous venez de le faire avec l’AOC pour l’Australie ?
Nous sommes en pourparlers avec l’USOPC. Les choses sont en cours. Avec, deux des côtés, une vraie volonté d’aboutir.
Paris a accueilli en fin de semaine passée le séminaire annuel de l’Association des comités olympiques européens (EOC). Quel message avez-vous adressé à vos homologues du continent ?
Ce séminaire était le premier organisé à Paris, le premier de l’histoire accueilli par le CNOSF. J’ai ouvert la réunion en exprimant à mes collègues des comités olympiques européens ma fierté de les recevoir et l’honneur fait à la France de tenir cette réunion. A moins de 500 jours des Jeux de Paris 2024, il s’agissait aussi d’une opportunité idéale d’afficher notre ambition de jouer un rôle majeur au niveau international. Je viens d’être nommée à la commission des événements de l’ACNO, après avoir été choisie par le CIO pour siéger à sa commission pour l’égalité de genres, la diversité et l’inclusion. Mais je ne suis pas la seule. Le mouvement olympique français recense beaucoup de dirigeants qui souhaitent intégrer les instances internationales.
L’EOC est à l’origine de la création des Jeux européens, dont la troisième édition doit se tenir au mois de juin en Pologne. Est-ce un événement que vous regardez de très près ?
Bien sûr. Je le regarde et je le soutiens. Les Jeux européens constituent souvent une étape, pour les athlètes mais aussi pour certains sports ou disciplines, sur la route des Jeux olympiques. Nous avons débloqué un budget pour installer un Club France cette année en Pologne, où nous recevrons nos collègues des comités nationaux olympiques et des fédérations internationales.
La France pourrait-elle être candidate à leur organisation ?
Comme vous le savez, des régions française sont intéressées par les Jeux d’hiver. Mais nous n’avons encore déterminé de date. Pour les Jeux européens, l’EOC sait que nous en aurions la capacité. Il ne nous a pas été formellement demandé de nous porter candidats, mais rien n’est exclu.
Diriez-vous que la France est aujourd’hui plus influente que jamais dans le mouvement sportif international ?
A mi-mandat, je dirais que l’objectif fixé en termes de stratégie internationale est déjà quasiment atteint. Nous changeons de dimension, c’est certain. Nous commençons à peser très fortement. La création en 2021de la French Touch Sport en est une autre illustration. Beaucoup de choses avancent. L’élection de Martin Fourcade, en février 2022, à la commission des athlètes du CIO, en est un autre exemple. Il est déterminé à devenir un véritable acteur.
Quel rôle joue le CNOSF dans cette influence internationale ?
Le rôle de leader. Nous accompagnons les ambitions des dirigeants français qui manifestent une ambition internationale, avec un programme de deux ans. Nous avons créé, avec le gouvernement, le cercle des Hauts potentiels internationaux (HPI). Au cours des deux années à venir, nous allons signer de nouvelles conventions avec des comités nationaux olympiques étrangers. Et nous avons prévu un espace dédié à l’EOC au Club France, à la Villette, pendant les Jeux de Paris 2024.
Au cours de votre récent voyage en Océanie, vous avez également fait étape en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti. Avec quels objectifs ?
Le premier était de voir si Tahiti et la Nouvelle-Calédonie pouvaient servir de bases arrières pour la France, mais aussi d’autres pays, pour les Jeux olympiques après Paris 2024. Tahiti pourrait l’être pour Los Angeles 2028 et Brisbane 2032, la Nouvelle-Calédonie pour Brisbane 2032. A Tahiti, j’ai rencontré les acteurs du site de surf des Jeux de Paris 2024, échangé avec eux sur leur approche totalement durable, sans constructions nouvelles, même pour le logement des équipes. La Polynésie française va organiser les Jeux du Pacifique en 2027, pour lesquels nous allons renforcer la collaboration entre le CNOSF et le Comité olympique de Polynésie française. Nous allons créer l’an prochain, au CNOSF, une commission des territoires ultra-marins, la première du genre. Elle sera lancée pendant les Jeux de Paris 2024. Enfin, j’ai profité de ma rencontre avec Robin Mitchell, le président de l’ACNO, pour lui demander officiellement que la Polynésie, la Nouvelle-Calédonie et Wallis et Futuna soient intégrées à part entière à l’Association des comités nationaux olympiques océaniens (ONOC). La démarche est lancée. Nous aurons une réponse l’an prochain.