Aucun doute possible : pour les Jeux de Paris 2024, l’escrime a tiré le gros lot. Le COJO lui a attribué l’un des sites les plus iconiques du dispositif, le Grand Palais. Au coeur de la capitale. A un jet de pierre des quais de la Seine et des Champs-Elysées.
Avec un tel écrin, et la perpective de tribunes pleines du premier au dernier jour (l’escrime compte parmi les sports « sold out » pour la deuxième phase de vente des places), la discipline attend beaucoup du rendez-vous olympique et paralympique.
Philippe Fadeau (photo ci-dessus), aux manettes des compétitions d’escrime et escrime en fauteuil pour le comité d’organisation, a répondu aux questions de FrancsJeux. Il poursuit la série d’interviews des managers sport du COJO Paris 2024.
FrancsJeux : Votre vie avant le COJO Paris 2024 ?
Philippe Fadeau : J’ai passé plus de quinze ans à la Fédération française d’escrime (FFE), où j’étais responsable événementiel et communication. Plus de quinze très belles années, avec notamment la responsabilité de l’organisation tous les ans des deux épreuves de la Coupe du Monde organisées en France. J’ai aussi participé à l’organisation des championnats du monde en 2010 à Paris, au Grand Palais. Avant cela, j’ai pratiqué l’escrime, mais à un niveau modeste.
Votre expérience passée des Jeux olympiques ?
J’ai assisté aux Jeux de Londres en 2012 comme spectateur. Mais j’avais eu la chance de découvrir les coulisses de la compétition d’escrime grâce à mes contacts avec le manager de la discipline. Mon autre expérience olympique, plus professionnelle, remonte aux Jeux de Tokyo 2020. J’ai participé au programme des observateurs, ce qui m’a permis d’être en immersion complète avec l’équipe d’organisation des épreuves d’escrime, en accompagnant au quotidien la manager sport. L’expérience a été très enrichissante, elle me sert encore aujourd’hui au quotidien. J’ai été marqué par le niveau de détails et de services. L’organisation est très fine, incomparable avec un autre événement.
Un souvenir marquant des Jeux ?
J’en ai deux. Le premier remonte aux Jeux de Séoul 1988. Ils étaient organisés en septembre/octobre. Je suivais quelques épreuves à la télévision avant d’aller à l’école. J’ai été très marqué par la victoire de Jean-François Lamour au sabre individuel. Un Français sur le podium, la Marseillaise, dans un pays aussi éloigné de la France… L’image était très forte. Mon histoire avec l’escrime a débuté là. Beaucoup plus récemment, les Jeux de Tokyo 2020. J’ai pu côtoyer sur le terrain de compétition les escrimeurs français que je croisais régulièrement à la Fédération. J’ai partagé leurs joies et leurs déceptions. La victoire de Romain Cannone à l’épée individuelle a été un très grand moment. C’était son jour.
Le dossier en tête de la pile sur votre bureau ?
La préparation du test opérationnel de l’escrime prévu cet été sur le site des Jeux, le Grand Palais. Nous aurons une simulation de compétition, mais il s’agira avant tout d’un essai technique, pour tester le terrain de compétition, les flux, le système de résultats… Le Grand Palais sera encore en travaux, nous devrons nous adapter. Ces conditions seront contraignantes, mais elles s’annoncent aussi très intéressantes. Ce test opérationnel, organisé à la période des Jeux, sera une occasion de mettre en place le sytème innovant conçu pour couvrir la verrière du Grand Palais. Il évitera les risques d’ombre sur le plateau et l’éblouissement des escrimeurs. Nous n’avons aucun doute sur le procédé, mais le test permettra de l’installer et l’adapter au Grand Palais.
Le site de l’escrime et de l’escrime en fauteuil : ses atouts, le défi dans la perspective des Jeux ?
Le Grand Palais, en plein Paris. Un lieu historique, l’un des plus beaux sites des Jeux. Pour l’escrime, en disposer pour les épreuves olympiques et paralympiques et une chance incroyable. Mais ce choix est aussi une forme de reconnaissance de ce que la discipline a apporté à l’histoire olympique de la France. Le Grand Palais a déjà été utilisé pour les championnats du monde d’escrime en 2010, mais les espaces disponibles était très différents. Nous allons disposer l’an prochain d’un Grand Palais tout neuf. Le défi est immense, car le site n’est pas du tout fait pour accueillir des compétitions olympiques et paralympiques. Il est sur plusieurs niveaux, une contrainte dont il faut tenir compte pour les athlètes en fauteuil. Nous allons devoir nous adapter, respecter le site, trouver des solutions innovantes, mais tout en répondant aux exigences d’une compétition de haut niveau.
Paris 2024 sera une réussite pour l’escrime si…
La priorité, ce sont les athlètes. Les Jeux de Paris 2024 seront une réussite pour l’escrime si nous avons réussi à les placer dans les meilleures conditions pour performer. A titre personnel, ils seront une réussite si, dans 20 ou 30 ans, l’escrime au Grand Palais figure parmi les images et les moment qui auront marqué les Jeux de Paris 2024. J’aimerais que la discipline apporte sa part d’héritage à l’imaginaire collectif.