Le grand ménage de printemps a débuté dans la boxe olympique. Il n’épargne personne. L’instance mondiale de la discipline, l’IBA, annonce dans un communiqué avoir rayé de la liste de ses fédérations nationales un groupe de sept pays. Un premier écrémage. Il ne devrait pas être le dernier.
Un premier quatuor de nations, dont trois européennes, disparait de la famille de l’IBA : la Nouvelle-Zélande, l’Allemagne, la Suède et les Pays-Bas. Il leur est reproché de s’être « rendues coupables d’infractions aux règles et règlements » de l’instance internationale. En clair, de vouloir rejoindre une « organisation voyou », comprenez World Boxing, la nouvelle fédération internationale dissidente de l’IBA, officiellement créée le mois dernier.
L’IBA le précise dans un communiqué : les quatre exclus ont eu la possibilité de se faire entendre. Ils n’en auraient pas usé, tout comme ils auraient refusé de prendre leurs distances avec World Boxing. Une affirmation contestée par Boris van der Vorst, le président de la fédération des Pays-Bas, seul rival du Russe Umar Kremlev lors des dernières élections à la présidence de l’IBA. Le Néerlandais assure n’avoir pas pu être entendu avant l’annonce de la sanction contre sa fédération.
Une autre fédération nationale, celle de la République tchèque, est elle aussi rayée du décor. L’IBA lui a signifié sa suspension pour des raisons très comparables, ses liens indirects avec World Boxing. La République tchèque a organisé récemment un tournoi international, estampillé Grand Prix, où ont été autorisés des boxeurs et officiels américains. Problème : les Etats-Unis ont été les premiers à couper les ponts avec l’IBA, à quitter officiellement l’instance et à rejoindre World Boxing.
Enfin, deux autres fédérations nationales, le Libéria et la Guinée équatoriale, prennent elles aussi la porte. Cette fois, leur mise au ban ne concerne pas World Boxing. Elle est motivée par un manquement aux statuts et règlements de l’IBA. Les deux pays n’ont pas remis à l’instance internationale leur rapport annuel, une obligation écrite noir sur blanc dans les documents signés par les pays membres.
Deux autres pays, l’Irlande et l’Islande, risquaient la même sanction, pour n’avoir pas non plus transmis leur rapport annuel. Mais ils ont évité le couperet en l’envoyant avec retard.
Avec le départ déjà officiel, mais parfaitement volontaire, des Etats-Unis, l’IBA en est donc à huit pays rayés de ses listes. L’écrémage pourrait bientôt se poursuivre, notamment parmi les autres nations engagées dans la création de World Boxing, dont les Philippines et la Grande-Bretagne.
Pour les boxeurs, le flou ne cesse de s’épaissir. Mais Boris van der Vorst le répète sans lassitude : la création de World Boxing, puis les sanctions prononcées contre les pays dissidents, n’auront pas d’impact direct sur leur carrière olympique. Au moins à court terme.
Le CIO l’avait décidé avant même les Jeux de Tokyo 2020 : l’IBA (alors nommée AIBA) n’est plus en charge de la boxe aux Jeux olympiques. Pour Paris 2024, l’instance olympique l’a dépossédée du processus de qualification et du tournoi final.
Les athlètes des sept pays exclus peuvent donc continuer à envisager une participation aux prochains Jeux d’été. Allemands, Suédois, Néerlandais et Tchèques pourront s’aligner aux Jeux européens 2023 en Pologne (21 juin au 2 juillet), une compétition incluse dans le parcours de qualification aux Jeux de Paris 2024. L’IBA n’en sera pas aux manettes. Elle en est même écartée.
A plus long terme, rien n’est moins sûr. L’IBA retrouvera-t-elle grâce aux yeux du CIO ? Peu probable. World Boxing sera-telle reconnue et adoubée par l’instance olympique ? Possible, mais sans être certain. Le CIO attendra au moins la tenue de ses premières élections, annoncées pour l’automne, avant de lui afficher son soutien ou sa reconnaissance.
En attendant, la boxe reste écartée du programme des Jeux de Los Angeles 2028. Un programme dont la version définitive est censée être validée par la prochaine session du CIO, au mois d’octobre à Mumbai.