Le temps accélère en République démocratique du Congo (RDC). Dans moins de deux mois, la capitale Kinshasa accueillera la 9ème édition des Jeux de la Francophonie (28 juillet au 6 août 2023). Un événement d’une ampleur et d’une dimension inédites pour le pays le plus peuplé de l’espace francophone.
En bonne place parmi les pays les mieux représentés en RDC, la France. Daniel Zielinski, le chef de la délégation française, a levé le voile pour FrancsJeux sur les ambitions de la France, mais aussi les enjeux de l’événement et ses perspectives.
FrancsJeux : A quoi ressemblera la délégation française aux Jeux de la Francophonie 2023 ?
Daniel Zielinski : Elle comptera 60 à 80 personnes, y compris les membres du staff. Contrairement aux éditions précédentes, la France sera présente en force dans les concours culturels. Elle sera même représentée dans les toutes les disciplines de la partie culturelle des Jeux. Trouver des jeune artistes et les sélectionner n’a pas été facile, car il n’est pas possible de s’adresser à une fédération, comme dans le domaine sportif. Il a fallu aller les chercher individuellement, en utilisant les réseaux sociaux et en passant par l’ensemble du tissu culturel et associatif. Mais le résultat est très prometteur. Sur le plan sportif, nous serons notamment présents en basket-ball féminin, en judo et en lutte.
Quels seront les points forts de la délégation française ?
Pour la partie sportive, les chances de médailles seront importantes dans toutes les disciplines. En lutte, la concurrence des pays africains s’annonce très solide. L’équipe féminine de basket avait remporté la médaille d’or aux derniers Jeux de la Francophonie, en 2017 à Abidjan. Elle visera le doublé avec une bonne chance de succès. Dans les compétitions culturelles, la sélection est de très bon niveau, notamment en danse de création et en marionnettes géantes. Nous avons trouvé des troupes jeunes et vraiment intéressantes.
Que représente cet événement pour un pays comme la France ?
Le mélange sport et culture est très original. Il est même unique dans l’espace francophone. Il donne toute sa force à l’événement et constitue l’un de ses principaux attraits. Par ailleurs, les Jeux de la Francophonie sont souvent la première compétition internationale pour beaucoup de jeunes athlètes français, une compétition où ils ne rencontrent aucun problème de langue. Les Jeux favorisent les échanges, les rencontres et les discussions. Enfin, ils permettent souvent de découvrir de nouveaux talents. Pour les artistes, décrocher une médaille peut donner un élan à une carrière. Les lauréats sont ensuite aidés par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), ils bénéficient d’un soutien et d’un accompagnement, une opportunité rare dans l’espace francophone. Pour la partie sportive, les fédérations n’envoient pas toujours les têtes d’affiche, mais plutôt les jeunes à fort potentiel. Il faut savoir que 110 médaillés des Jeux de Tokyo 2020 avaient été médaillés aux Jeux de la Francophonie plus tôt dans leur carrière. Ces jeunes espoirs découvrent un univers nouveau, dans des conditions souvent très différentes des compétitions en occident. A Kinshasa, par exemple, ils ne seront pas logés dans un hôtel 3 étoiles, mais à l’université. L’expérience est unique et très intéressante.
A moins de deux mois de l’ouverture, pensez-vous que la RDC sera prête ?
Je pense qu’elle le sera. Les points de passage seront prêts. Mais tout ne sera pas finalisé. Pour la RDC, recevoir les Jeux de la Francophonie est un immense défi. Le pays n’a jamais organisé un événement de cette ampleur et de cette dimension. Trois mille personnes présentes pendant 12 ou 13 jours, plus d’une vingtaine de sites différents… Les Congolais ont voulu tout faire très bien et tout de suite. Ils ont construit des équipements nouveaux, avec la volonté de laisser un héritage. A l’université, les chambres ont été rénovées. La fibre va bientôt être installée. Mais la difficulté a été considérable. La France, comme d’autres pays, a essayé et essaye encore d’aider. Nous les accompagnons notamment sur la partie médicale, sur la sécurité également. Notre équipe médicale pour les Jeux sera un peu plus importante, et pas seulement présente pour les Français.
A une année des Jeux de Paris 2024, les Jeux de la Francophonie prennent-ils une dimension particulière, en terme de diplomatie sportive notamment ?
Les deux reports successifs de l’événement n’ont pas facilité les choses. Le feu vert pour les Jeux de la Francophonie 2023 en RDC n’a pas été donné avant le mois de novembre 2022. Mais beaucoup de belles choses vont être mises en place sur la francophonie à l’occasion des Jeux de Paris 2024. Une convention doit être signée entre l’OIF et le COJO. Elle prévoit notamment de mettre en valeur, lors de l’olympiade culturelle l’an prochain à Paris, les artistes lauréats des Jeux de la Francophonie 2023. Il est également prévu un échange sur les volontaires. J’espère que ces initiatives survivront après les Jeux olympiques et paralympiques. Mais l’année 2024 ne sera pas seulement dominée par les Jeux. En octobre et novembre, la France doit également accueillir le Sommet de la Francophonie. Il peut permettre de prolonger la dynamique olympique en mettant en place une vraie politique sportive francophone.