Le triathlon peut rouler des mécaniques. Depuis son entrée dans le programme olympique, aux Jeux de Sydney 2000, il a souvent hérité des sites les plus télégéniques et spectaculaires. L’Opéra de Sydney pour son baptême olympique, Hyde Park aux Jeux de Londres 2012…
La belle série se poursuivra l’an prochain aux Jeux de Paris 2024. Un départ donné depuis le Pont Alexandre III, puis un tronçon de natation dans la Seine, avant de sillonner à vélo puis en course à pied quelques unes des avenues les plus prestigieuses de la capitale.
Aux manettes de la discipline au sein du COJO, Dominique Frizza (photo ci-dessous). FrancsJeux poursuit avec ce Français au parcours atypique sa série d’interviews des managers sport du comité d’organisation.
FrancsJeux : Votre vie avant le COJO Paris 2024 ?
Dominique Frizza : Mon parcours professionnel a été très diversifié. J’ai été assistant parlementaire, j’ai travaillé dans la restauration, l’immobilier… Mais avant de rejoindre le COJO, j’étais directeur général de la ligue Centre-Val de Loire de triathlon. Dans le triathlon, j’ai gravi un à un presque tous les échelons, de bénévole dans un club à membre du bureau exécutif de la fédération française, en passant par la présidence d’un club et d’une ligue. Je suis aussi officiel technique et formateur à World Triathlon, la fédération internationale.
Votre expérience passée des Jeux olympiques ?
J’ai participé à trois éditions consécutives des Jeux d’été, les trois dernières. A Londres 2012 et Rio 2016, j’étais officiel technique pour la Fédération internationale de triathlon. Au coeur de l’action, sur le terrain de compétition. A Tokyo 2020, j’ai participé au programme des observateurs aux Jeux paralympiques. L’expérience a été très enrichissante. J’en garde un très grand respect pour la façon dont les Japonais ont organisé l’événement, malgré les conditions très compliquées. A la fin des Jeux, j’ai eu une discussion avec mon homologue japonaise, la manager sport du triathlon. Je lui ai demandé qu’elle était la clef du succès. Sa réponse a été immédiate : la qualité de l’équipe d’organisation.
Un souvenir marquant des Jeux ?
Un expérience assez rocambolesque aux Jeux de Rio 2016. Après avoir été obligé de laisser mon spray anti-moustiques au contrôle de sécurité, avant un briefing sur la compétition de triathlon, je me suis retrouvé entre les mains de la police touristique pour avoir voulu le récupérer moi-même dans un espace qui m’était interdit. Mon accréditation a été confisquée, j’ai été interrogé pendant deux heures… Finalement, les Brésiliens ont consenti à me laisser partir. Sinon, sur un plan plus sportif, l’engouement autour des Jeux de Londres 2012, notamment en triathlon. L’équipe des officiels techniques internationaux était très soudée. L’épreuve disputée dans Hyde Park a été extraordinaire. A l’arrivée de la course masculine, il nous a fallu attendre 40 minutes avant de pouvoir organiser la cérémonie du podium. Jonathan Brownlee, le médaillé de bronze, s’était effondré après l’arrivée et avait du mal à récupérer.
Le dossier en tête de la pile sur votre bureau ?
Sans le moindre doute, la préparation du test-event de triathlon et para triathlon. Il doit se dérouler du 17 au 20 août, sur le site des épreuves olympiques et paralympiques. Une vraie répétition générale présentée par Paris 2024. Nous nous sommes greffés sur une épreuve du calendrier international de World Triathlon. Pendant les quatre jours, nous allons proposer deux courses individuelles, une épreuve de para triathlon et un relais mixte. Nous aurons les trois formats, sur le parcours exact des Jeux, aux mêmes horaires, avec les meilleurs triathlètes du monde. Tout sera testé : le site, la sécurité, les accréditations…
Le site du triathlon et du para triathlon : ses atouts, le défi dans la perspective des Jeux ?
Le départ sera donné sur le Pont Alexandre III, au coeur de Paris, pour un tronçon de natation dans la Seine, avant de traverser quelques-uns des plus beaux quartiers de la capitale pour le vélo et la course à pied. Un site grandiose, extraordinaire, mais compliqué en termes d’organisation. Le pont, notamment, car l’espace est assez réduit. La baignabilité de la Seine constitue un enjeu important, à la fois politique et médiatique. Pour les triathlètes, le parcours s’annonce sans grande difficulté, il est très plat. Mais il ne sera pas facile, car très technique. Les athlètes estiment qu’il devrait favoriser les plus intelligents d’entre eux. Il présente deux challenges, inédits aux Jeux : une nage à contre-courant dans la Seine, puis la montée de 35 à 37 marches pour rejoindre la première transition.
Paris 2024 sera une réussite pour le triathlon…
Les Jeux seront une réussite si les athlètes sont satisfaits. Ils sont les rois de la fête, les acteurs principaux. Après, la réussite pourra aussi se mesurer à la façon dont le public, les Parisiens notamment, va s’approprier l’épreuve. J’aimerais que, les Jeux terminés, ils soient heureux d’avoir accueilli le triathlon olympique et paralympique. Enfin, une médaille d’or française serait un plus. Pour la fédération française, surtout, qui court depuis longtemps derrière un titre olympique. Il récompenserait le travail de fond qu’elle accomplit pour former, soutenir et accompagner ses athlètes.