Le temps presse pour la boxe olympique. Ecartée du programme des Jeux de Los Angeles 2028, son avenir devrait se jouer dans les semaines et mois à venir.
Le sujet figure à l’ordre du jour de la prochaine réunion de la commission exécutive du CIO, prévue du 20 au 22 juin à Lausanne. La question sera ensuite tranchée lors de la prochaine session de l’instance olympique, au mois d’octobre 2023 à Mumbai, en Inde.
La Fédération internationale de boxe (IBA) n’ignore rien du calendrier. Elle en connait aussi les enjeux. Elle vient de rendre au CIO le rapport que lui demandait l’instance olympique afin de tenter de lever ses nombreuses « préoccupations » sur les sujets de la gouvernance, des finances, de l’éthique et de l’arbitrage. Le contraire aurait été suicidaire.
Mais, surprise, l’IBA ne s’est pas contentée de répondre, dans son document, aux nombreuses questions listées par le CIO. Elle a accompagné ses réponses d’une volée de critiques, voire d’accusations, à l’encontre de l’instance présidée par Thomas Bach. L’IBA aurait pu mettre profil bas. Elle a préféré se montrer offensive.
L’agence Reuters a obtenu auprès d’une source anonyme, mais proche du dossier, le rapport envoyé par l’IBA au CIO. Elle en a dévoilé une partie du contenu. Il se révèle sans nuance.
En substance, l’instance présidée par le Russe Umar Kremlev assure avoir mené à bien, ou au moins mis en route, les réformes exigées pour conserver sa place dans l’univers olympique. Mais elle accuse aussi le CIO d’avoir bafoué ses droits et multiplié les déclarations trompeuses à son égard.
« L’IBA a fait de son mieux pour répondre aux préoccupations du CIO concernant notamment les finances, la gouvernance et l’intégrité sportive, insiste l’instance dans son rapport. L’IBA est convaincue d’avoir rempli avec succès les critères mentionnés dans la feuille de route. » Un bon élève, donc.
Mais l’IBA le relève dans son document : les sanctions dont elle est l’objet depuis près de quatre ans de la part du CIO ne sont pas justifiées. Et elles ne reposent sur une aucune base légale. « L’IBA n’a pas trouvé dans la correspondance du CIO en date du 6 avril 2023 le moindre lien avec une règle de droit spécifique qu’elle aurait violée et qui justifierait un retrait potentiel de la reconnaissance du CIO, sinon la simple mention d’un refus présumé de coopérer », suggère le rapport.
En clair, l’IBA n’aurait enfreint aucune règle. Tout juste aurait-elle rompu le dialogue avec le CIO. Et encore, insiste le document révélé par Reuters, ses tentatives de conciliation auraient été ignorées par Lausanne. « Cette année encore, l’IBA a proposé à plusieurs reprises d’entamer un dialogue, mais toutes ses demandes ont été ignorées de manière irrespectueuse », assure le rapport.
Sans surprise, le document remis au CIO mentionne l’ancien président de la fédération internationale de boxe, alors appelée AIBA, le Taïwanais CK Wu. La direction actuelle rejette sur lui la responsabilité des maux aujourd’hui reprochés à l’IBA. Mieux : elle accuse à demi-mots le CIO d’avoir fermé les yeux sur ses agissements.
« Il est nécessaire de rappeler que CK Wu était à l’époque un membre du CIO, insiste le rapport. L’IBA ne peut pas porter l’entière responsabilité des actes répréhensibles du membre du CIO. Mais il est difficile de croire que le CIO n’était pas au courant des problèmes de la fédération internationale dirigée alors par l’un de ses membres, d’autant plus que la plupart de ces problèmes étaient directement liés aux Jeux olympiques et à leur tournoi de qualification. »
Autre dossier : les finances. L’IBA le précise dans son rapport : le contrat de partenariat avec le géant russe Gazprom, montré du doigt par le CIO, n’est plus d’actualité.
« Les inquiétudes concernant Gazprom ne sont pas fondées puisque l’accord de partenariat a expiré le 31 décembre 2022 et n’a pas été prolongé », explique l’instance. Elle poursuit : « L’IBA continue de travailler à la diversification de ses revenus. Nous avons augmenté de manière significative nos revenus provenant du programme de licence, des droits de télévision et de marketing, et de l’organisation des compétitions. »
Résolument offensive, l’IBA reproche également au CIO d’avoir contacté dans son dos, sans l’en informer, certains de ses juges et arbitres pour les inviter à officier aux tournois de qualification pour les Jeux de Paris 2024. « Le CIO a contacté les officiels sans accord préalable de partage de données entre les deux entités », pointe le rapport.
En conclusion, l’IBA prévient : la décision du CIO de lui retirer sa reconnaissance serait une décision injustifiée, injuste et juridiquement incorrecte. Le feuilleton continue.