Le ton a pu surprendre. Les mots encore plus. La sixième et avant-dernière réunion de la commission de coordination des Jeux de Paris 2024 a été bouclée, mercredi 7 juin à Saint-Denis, par une conférence de presse où il a pu sembler aux médias présents qu’ils étaient embarqués pour un voyage dans le temps.
A 415 jours jours de l’ouverture des Jeux olympiques, Pierre-Olivier Beckers, le président de la commission, s’est exprimé comme si l’événement n’était pas encore à venir, mais venait de se terminer. Il a adressé ses « félicitations » et celles du CIO à Tony Estanguet et son équipe. Il a évoqué les Jeux de Paris 2024 comme une édition « d’une nouvelle ère, un point d’inflexion pour les Jeux modernes, un nouveau modèle des Jeux, inclusif, durable et solidaire ». Il a confié être convaincu, et l’instance olympique avec lui, qu’il y aurait un « avant et un après Paris 2024. » N’en jetez plus.
Excessif ? Pour un événement dont les premiers test-events n’ont pas encore eu lieu, certainement. Mais il faut croire que les deux jours et demi passés au siège du COJO et en visite d’inspection sur deux sites de compétition – le futur Centre olympique aquatique (photo ci-dessus) et Roland-Garros – ont convaincu la délégation du CIO que l’équipe parisienne était dans le vrai.
Pierre-Olivier Beckers a ouvert la conférence de presse en assurant repartir avec « un très haut niveau de confiance. » Puis il a juré ses grands dieux que jamais, au grand jamais, le CIO ne s’était retrouvé dans la situation très confortable de n’avoir « aucune préoccupation » quant à la construction des sites. L’avant-veille, le dirigeant belge avait pourtant ouvert la visite en rappelant que le COJO avait « encore beaucoup de plain sur la planche ». Il avait prévenu que le travail resterait « tendu jusqu’au bout », notamment sur la question de la maitrise du budget.
Le budget, justement. Pierre-Olivier Beckers n’a pas même baissé d’un demi-ton son éloge des organisateurs parisiens au moment d’évoquer la question. Il a rappelé devant les médias que les revenus progressaient. Il a mentionné que 15 nouveaux partenaires avaient été embarqués depuis le début de l’année. Enfin, il a prédit que le COJO devrait atteindre sans trop d’angoisse l’objectif annoncé d’avoir engrangé 92 % de ses recettes de sponsoring à la fin de l’année 2023.
Tout irait donc pour le mieux dans un monde olympique débarrassé de ses nuages s’il ne persistait pas une zone d’ombre : l’arrivée annoncée depuis des mois, mais toujours repoussée, d’un nouveau partenaire premium, le premier niveau du programme national de marketing. Le COJO en compte cinq (BPCE, Carrefour, EDF, Orange, Sanofi). Un sixième ne lui ferait pas de mal.
A une question de FrancsJeux, Tony Estanguet l’a confirmé : les discussions sont toujours en cours avec le groupe de luxe LVMH. A cela, rien de nouveau. Mais le président du COJO s’est montré très précis et loquace. « Nous voulons valoriser les entreprises françaises, notamment celles qui ont un savoir-faire reconnu à l’international, a-t-il expliqué. On pense que les valeurs du groupe LVMH – la créativité, l’audace – contribueraient à renforcer le projet Paris 2024. Un tel partenariat lui apporterait une dimension différente. On travaille. Mais ça prend du temps. Il faut rester prudent, rien n’est signé. »
Dans la foulée, Tony Estanguet a confié que le groupe de Bernard Arnault était le seul potentiel partenaire de premier rang susceptible de rejoindre l’aventure, à un peu plus de 400 jours de la cérémonie d’ouverture. « Il n’y a pas d’autres entreprises qui pourraient devenir partenaires premium », a-t-il reconnu. En clair, LVMH sinon rien. Au moins pour le plus haut niveau de la pyramide.