Candidatures

Sapporo 2030, un projet gelé dans la glace

— Publié le 14 juin 2023

La course aux Jeux d’hiver 2030 vient de perdre un nouveau concurrent. Il était déjà à l’arrêt depuis plusieurs mois. Mais ses chances de repartir et se mêler à la lutte semblent désormais très minces, voire inexistantes.

Selon une information de l’agence Kyodo News, le Comité olympique japonais (JOC) a pris la décision de soutenir une candidature de Sapporo pour les Jeux d’hiver en 2034, voire au-delà, sous réserve que la capitale de la préfecture d’Hokkaido jette aux orties ses rêves olympiques pour 2030.

La décision du JOC a été prise mardi 13 juin à l’occasion d’une réunion à Tokyo de son conseil d’administration. Elle n’enterre pas officiellement le projet de Sapporo 2030. Mais le message est clair : l’instance japonaise ne veut plus apporter son soutien à une candidature pour les Jeux d’hiver en 2030 dans le climat actuel, plombé par le scandale de corruption lié aux Jeux de Tokyo 2020.

Keiko Momii, membre du conseil d’administration du comité national olympique, l’a expliqué sans langue de bois : « La dernière enquête publique montre que 60 % des gens s’opposent à la candidature de Sapporo pour 2030. Nous devrions nous donner plus de temps et essayer de regagner la confiance du public. C’est pourquoi nous avons décidé d’ouvrir la discussion à des options différentes. »

En tête de liste, un report du projet Sapporo 2030 à l’édition suivante, voire aux Jeux d’hiver en 2038. Mais le JOC l’a laissé entendre au terme de sa réunion du mardi 13 juin : la capitale de la préfecture d’Hokkaido pourrait ne plus être la seule ville japonaise à lorgner sur l’événement olympique et paralympique. La porte est désormais ouverte pour d’autres dossiers, en préparation ou seulement à l’état embryonnaire.

Mis en pause en décembre dernier pour une « durée indéterminée », le projet de Sapporo avait perdu son statut de favori depuis les premières révélations sur un scandale de corruption aux Jeux de Tokyo 2020. Mais il semblait encore respirer, surtout après la réélection du maire de la ville, Katsuhiro Akimoto, l’un des plus solides alliés de la candidature.

L’annonce du Comité olympique japonais le condamne aujourd’hui à revoir son calendrier. Impossible, en effet, pour une candidature olympique de poursuivre le dialogue avec le CIO sans l’aval et le soutien de son comité national olympique.

Sapporo désormais écartée de la course, la bataille pour les Jeux d’hiver 2030 semble plus incertaine que jamais. Certes, le CIO assure être en discussion avec une demi-douzaine de villes ou régions. Mais l’enthousiasme reste très discret. Et les noms des potentiels postulants tardent à émerger.

En l’absence de Sapporo, Salt Lake City pourrait avoir déjà raflé la mise. La capitale de l’Utah est la dernière survivante d’un début de campagne déserté par les Canadiens de Vancouver et les Espagnols de Barcelone et des Pyrénées. Mais les Américains n’ont jamais caché leur préférence pour l’édition 2034, même s’ils continuent à tenir un discours très diplomatique en affirmant qu’ils seraient prêts à accepter les Jeux en 2030 pour « rendre service au mouvement olympique. »

Dans un tel désert, les Suédois apparaissent aujourd’hui comme les mieux placés. Battus par les Italiens de Milan-Cortina pour les Jeux d’hiver en 2026, ils avaient remisé leurs ambitions. Avant de réaliser que l’opportunité offerte par la course à l’édition 2030 ne se représenterait sans doute plus jamais. Mais leur projet reste encore assez flou.

La Suisse a tenu le même raisonnement, avant d’annoncer avoir entamé à son tour le dialogue avec le CIO. Ses chances sont réelles. Mais le comité national olympique, Swiss Olympic, reste très prudent. Il n’a pas encore levé le voile sur la ville, ou les villes, choisies pour porter le projet. Dans tous les cas, il devra en passer par un référendum.

Selon son nouveau calendrier, le CIO ne devrait pas attribuer les Jeux d’hiver 2030 avant la session organisée à Paris en juillet 2024, en marge des prochains Jeux d’été. Avant cela, il pourrait annoncer une ville invitée à poursuivre le « dialogue privilégié » lors de sa prochaine session, prévue en octobre 2023 à Mumbai, en Inde. A condition, toutefois, d’en avoir trouver une.