A tout juste un peu plus de 400 jours de l’ouverture des Jeux de Paris 2024 (J – 403), la question de la participation russe aux prochaines compétitions olympiques reste sans réponse. Mais le dialogue semble de plus en plus tendu entre Moscou et Lausanne.
Dernier épisode : une information selon laquelle le CIO pourrait accepter une délégation russe aux Jeux de Paris 2024 sous un statut comparable, voire identique, à celui de l’équipe olympique des réfugiés. Présente pour la première fois aux Jeux de Rio 2016, puis confirmée cinq ans plus tard à Tokyo 2020, elle défile sous le drapeau olympique. En cas de victoire, l’hymne olympique serait joué pendant la cérémonie de remise des médailles.
L’idée n’est pas officielle. Elle n’a été ni confirmée ni démentie par le CIO. A ce stade, elle tient plus de la rumeur. Mais il n’en a pas fallu plus pour provoquer des réactions en chaîne, toutes sans nuance, dans le mouvement sportif russe, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat.
Oleg Matytsin, le ministre russe des Sports, n’a pas retenu ses mots pour commenter la nouvelle lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF). « Avant toute chose, une telle initiative doit faire l’objet d’une analyse juridique afin de déterminer si elle peut être en accord avec la Charte olympique et les droits de l’homme, a-t-il expliqué à l’agence TASS. Mais si l’idée est effectivement de nous accepter comme une équipe de réfugiés, alors cela démontre une nouvelle fois que la communauté internationale poursuit une politique de destruction de notre système sportif national. Et cela, nous ne pouvons pas l’accepter. »
Même hostilité de la part de l’ancien président du Comité olympique russe (ROC), Alexander Zhukov, lui aussi présent au Forum économique international de Saint-Pétersbourg. Désormais président honoraire du ROC, mais également premier vice-président de la Douma – la chambre basse du parlement russe -, il a rejeté lui aussi d’un bloc un tel scénario.
« C’est tout simplement inacceptable, a martelé Alexander Zhukov. Ils ne peuvent pas détruire le sport russe, c’est tout impossible. De telles demandes et tentatives ne peuvent être motivées que par des pressions politiques. »
Interrogé par le média R-Sport, le président de la Fédération russe de lutte, Mikhail Mamiashvili, a enfoncé le clou sans chercher à prendre des gants. « S’ils veulent nous voir aux Jeux olympiques de 2024 en tant qu’équipe de réfugiés, nous devrons nous rendre à Paris dans des chars d’assaut, a-t-il suggéré. Je n’ai pas d’autre commentaire à faire sur le sujet. »
L’idée d’associer les athlètes russes à un statut de réfugiés n’est pas nouvelle. Elle avait été évoquée en février dernier par l’un des plus solides alliés de l’Ukraine sur la question, le ministre polonais des Sports, Kamil Bortniczuk. Mais il s’agissait alors seulement de permettre aux « dissidents » du sport russe de participer aux Jeux.
« Le CIO pourrait trouver un compromis en créant une équipe de réfugiés, qui pourrait inclure des personnes de nationalité russe et biélorusse qui sont des dissidents », avait-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Peu crédible ? L’avenir répondra. Mais les bruits de couloir, alimentés ou non par Lausanne, accentuent la tendance : Moscou n’acceptera pas une participation aux Jeux de Paris 2024 sous n’importe quelles conditions. A un peu plus d’une année de l’échéance, les Russes restent droit dans leurs bottes. Ils pourraient renoncer, plutôt que devoir se plier aux exigences du mouvement olympique. Une solution qui satisferait presque tout le monde.