Une porte est ouverte. Seulement à moitié, mais elle est d’importance. Réunie au cours du week-end à Bangkok, l’assemblée générale du Conseil olympique d’Asie (OCA) a donné son feu vert à la participation des athlètes russes et biélorusses aux prochains Jeux asiatiques. Ils doivent se tenir du 23 septembre au 8 octobre 2023 à Hangzhou, en Chine.
Avec cette décision, les deux pays en conflit avec l’Ukraine se voient offrir une première possibilité de prendre part à un événement international multisport.
L’OCA l’avait annoncé dès la fin de l’année passée, à l’occasion du Sommet olympique de Lausanne, suggérant au CIO de jouer les poissons-pilotes pour la réintégration des athlètes russes et biélorusses.
L’intention est désormais concrétisée. Mais le directeur général de l’OCA, Husain al-Musallam, l’a précisé à Bangkok : leur participation aux prochains Jeux asiatiques est assortie de certaines conditions. Sans surprise, elles respectent à la lettre les recommandations de la commission exécutive du CIO.
« Nous proposons d’autoriser les athlètes individuels russes et biélorusses, j’ai bien dit les athlètes individuels, à concourir sous bannière neutre, a précisé le dirigeant koweïtien, par ailleurs président de World Aquatics. Nous avons fixé un quota de 500 athlètes dans douze sports individuels pour les deux pays. »
Husain al-Musallam a également expliqué que les athlètes invités ne pourraient pas prétendre à remporter des médailles. Elles resteront le privilège des représentants des pays asiatiques. Enfin, il a annoncé qu’aucun responsable politique russe ou biélorusse ne serait invité aux Jeux asiatiques à Hangzhou, où les symboles des deux pays seront interdits.
La neutralité, donc. Logique. Un contingent de 500 compétiteurs. Logique, également. Et seulement des concurrents individuels, autorisés à participer mais sans pouvoir monter sur le podium.
Jusque-là, tout est simple. Mais, plus compliqué, il reviendra aux fédérations internationales des douze sports concernés de décider quels athlètes pourront tenter leur chance. En athlétisme, par exemple, on imagine mal World Athletics revenir sur sa décision de lever sa suspension des athlètes russes et biélorusses.
Enfin, toujours selon Husain al-Musallam, la décision finale sera prise conjointement par l’OCA, le CIO, le comité d’organisation chinois, les fédérations asiatiques et internationales.
Une bonne nouvelle pour Moscou ? En théorie, certainement. A moins d’une année des Jeux de Paris 2024, les Jeux asiatiques 2023 peuvent offrir aux athlètes russes et biélorusses une chance de décrocher des quotas olympiques, à défaut de compléter leur palmarès.
Mais les autorités russes s’avouent prudentes. Le comité national olympique (ROC), notamment, ne fait pas mystère de son scepticisme. Son président, l’ancien escrimeur Stanislav Pozdnyakov, l’a écrit sans langue de bois sur son compte Telegram : il n’y croit pas. Au moins, pas encore.
« La déclaration du représentant de l’OCA, affirmant que les athlètes russes et biélorusses peuvent être admis aux Jeux asiatiques, rappelle les recommandations du CIO en mars dernier, à la suite desquelles de nombreuses décisions pratiques n’ont pas été prises, même quelques mois plus tard, a écrit Stanislav Pozdnyakov quelques heures seulement après l’annonce de la décision de l’OCA. Le Comité olympique russe n’a encore reçu aucune invitation à participer aux Jeux asiatiques et, sans cela, il est absurde d’envisager et de discuter d’options hypothétiques. Il reste peu de temps avant le coup d’envoi de ces compétitions, et des questions se posent donc sur la préparation de nos athlètes pour espérer obtenir les résultats attendus. Sans parler de toutes les conditions organisationnelles, financières, logistiques et autres pour un tel voyage. »
Stanislav Pozdnyakov insiste : « Au cours des derniers mois, nous avons entendu de nombreuses spéculations sur la possibilité pour les Russes et les Biélorusses de participer à divers tournois internationaux. Dans la plupart des cas, les mots sont restés des mots. Étant donné l’absence de détails concrets, nous considérons la déclaration d’aujourd’hui comme allant dans le même sens. »