L’annonce n’était pas attendue à cette date. Elle a surpris tout le monde, au moins sur la forme. Le CIO a indiqué jeudi 13 juillet, veille de la Fête nationale française, qu’il n’enverra pas d’invitation à la Russie et à la Biélorussie pour participer aux Jeux de Paris 2024.
Comme le veut l’usage, les invitations sont envoyées par Lausanne aux comités nationaux olympiques à une année pile de l’ouverture des Jeux. Elles partiront donc mercredi 26 juillet. Mais le CIO l’a précisé : sa correspondance comptera seulement 203 envois. La Russie, la Biélorussie et le Guatemala en seront exclus.
Curieusement, l’instance olympique n’a pas annoncé la nouvelle via un communiqué de presse. Elle a choisi une voie moins directe en prévenant les médias, jeudi 13 juillet en début d’après-midi, d’une mise à jour de son interminable questions/réponses sur la participation d’athlètes porteurs d’un passeport russe ou biélorusse aux compétitions internationales.
Le document a été publié pour la première fois sur le site Internet du CIO le 31 mars. Depuis, il a été mis à jour à plusieurs reprises. Dans sa dernière version, actualisée jeudi 13 juillet, l’instance a ajouté une question, et une réponse, sur les invitations pour les Jeux de Paris 2024.
A la question « Les CNO russe et biélorusse recevront-ils une invitation pour les Jeux olympiques de Paris 2024 lors de l’envoi des invitations le 26 juillet 2023 ? », la réponse ne laisse aucune place à l’interprétation : « Les invitations pour les Jeux de Paris 2024 seront envoyées le 26 juillet 2023 aux 203 CNO admissibles. Pour les raisons invoquées, seront exclus les CNO de la Russie et de la Biélorussie, ainsi que le CNO du Guatemala, qui est actuellement suspendu. »
Fin de l’histoire ? Sûrement pas. Certes, la Russie et son allié dans le conflit en Ukraine ne recevront pas en fin de mois le précieux courrier à en-tête du CIO, signé de la main de Thomas Bach. Mais la porte des Jeux de Paris 2024 n’est pas encore totalement fermée.
L’instance le précise, dans la même réponse à la question de la participation des athlètes russes et biélorusses : « Le CIO prendra une décision à cet égard en temps voulu, à sa seule discrétion et sans être lié par les résultats des épreuves de qualification olympique précédentes. »
Le message est clair : le CIO se réserve le droit d’autoriser des athlètes des deux pays, à titre individuel, sous statut neutre et sous certaines conditions. Mais il n’entend pas se précipiter pour prendre une décision plus définitive.
Il le fera « en temps voulu », une formule assez vague pour lui offrir une grande marge de manoeuvre. L’instance attendra sans doute au moins les Jeux asiatiques, prévus du 23 septembre au 8 octobre 2023 à Hangzhou, en Chine, où devrait normalement être invité un contingent de 500 athlètes russes et biélorusses.
A Moscou, l’annonce de la décision du CIO de garder dans un tiroir l’invitation aux Jeux de Paris 2024 a été accueillie par des déclarations sans retenue.
Oleg Matytsin, le ministre des Sports, s’est servi d’une formule déjà maintes fois utilisée au cours des derniers mois. « Il s’agit d’un nouveau cas de discrimination et de violation des principes olympiques », a-t-il martelé, ajoutant que la décision avait été prise « sans tenir compte des compétitions de qualification. »
Stanislav Pozdnyakov, le président du Comité olympique russe (ROC), l’a commentée sur son compte Telegram. « La nouvelle d’aujourd’hui est la suite logique de la politique actuelle du CIO qui consiste à neutraliser nos athlètes, a écrit l’ancien escrimeur. En fait, rien de nouveau n’a été annoncé. Il n’y a pas non plus de réponse à la question de savoir quels sont les motifs légaux pour ne pas inviter le CNO, qui n’a été ni disqualifié, ni suspendu, ni soumis à aucune restriction. »