Candidatures

Les Jeux du Commonwealth, l’événement dont plus personne ne veut

— Publié le 4 août 2023

Chaque nouvel épisode le confirme : quelque chose ne tourne plus rond dans le mouvement olympique. Les événements majeurs du calendrier international n’attirent plus les candidatures. Et, sombre perspective, les nouveaux processus de sélection des villes-hôtes, censés inverser la tendance, n’y changent presque rien.

Dernier exemple en date : les Jeux du Commonwealth. Le mois dernier, l’état australien du Victoria a mis les pouces et rendu l’édition 2026, justifiant son renoncement par des raisons budgétaires. Trop cher, et surtout beaucoup plus cher que prévu, ont expliqué les autorités.

Jeudi 3 août, nouveau coup de massue pour la Fédération des Jeux du Commonwealth (CGF). Un porte-parole du ministère du Tourisme et des Sports de l’Alberta a confirmé une information rapportée par les médias canadiens : l’Alberta a retiré sa candidature à l’organisation de l’édition 2030.

Le dossier était porté par deux villes de l’état, Calgary et Edmonton. Il était annoncé favori, voire vainqueur quasi certain sous réserve de réunir les garanties exigées et d’aller au bout sans se prendre les pieds dans le tapis.

Mais le gouvernement de l’Alberta l’a expliqué jeudi 3 août : une étude plus approfondie des coûts de l’événement multisport a révélé un risque financier trop important pour les pouvoirs publics. Au dernier pointage, le dossier affichait un budget de 2,68 milliards de dollars canadiens (1,83 milliard d’euros). Surtout, il aurait été financé à plus de 90 % par les contribuables en raison d’un « modèle de partenariat privé et de revenus de diffusion limités des Jeux du Commonwealth. »

La maire de Calgary, Jyoti Gondek, a confirmé le retrait de la candidature. « La décision du gouvernement provincial de se retirer du processus de candidature de l’Alberta pour les Jeux du Commonwealth de 2030 met effectivement fin à la candidature et à la participation de la ville de Calgary », a-t-elle fait savoir dans un communiqué.

A sept ans de l’événement, la Fédération des Jeux du Commonwealth voit disparaître du décor le candidat le plus solide. Pire : elle ne dispose pas du moindre plan B vers lequel se tourner pour l’édition 2030. Une autre ville canadienne, Hamilton, avait un moment levé la main pour recevoir l’événement, en 2026 ou en 2030. Mais, faute d’un soutien du gouvernement de l’Ontario, elle a mis son projet au placard.

Avec le retrait du Victoria pour l’édition 2026, puis l’annonce du renoncement de l’Alberta pour la suivante, les Jeux du Commonwealth affichent une page blanche. Du jamais-vu pour un événement organisé tous les quatre ans, sans discontinuer, depuis 1954.

Une mauvaise passe ? Les plus optimistes répondront par l’affirmative. Mais, soyons clairs, la Fédération des Jeux du Commonwealth n’est pas la seule instance du mouvement sportif à encaisser des trous d’air.

La Fédération internationale de rugby à XIII (IRL) a annoncé, également jeudi 3 août, le report à l’année 2026 de la prochaine édition de la Coupe du Monde. Elle se déroulera dans l’hémisphère sud. L’événement était initialement prévu une année plus tôt en France, mais les organisateurs l’ont rendu à l’IRL. En cause, le refus des autorités françaises de leur accorder une rallonge budgétaire, leur recherche d’un financement privé n’ayant pas obtenu les résultats attendus.

Le CIO est victime, lui aussi, du même phénomène de désistement des postulants. Certes, l’instance olympique répète sans lassitude multiplier les échanges et le dialogue avec plus d’une dizaine de villes ou pays hôtes potentiels des prochains Jeux, hiver ou été. Mais les faits contredisent le discours officiel.

Les deux dernières éditions des Jeux d’hiver – 2022 et 2026 – ont été attribuées au terme de campagnes où seulement deux postulants ont été jusqu’au bout : la Chine et le Kazakhstan pour 2022, l’Italie et la Suède pour 2026. Maigrichon.

Pour 2030, la situation est devenue l’an passé tellement confuse, avec les retraits de l’Espagne (Barcelone-Pyrénées), du Canada (Vancouver), et la mise en pause prolongée du Japon (Sapporo), que le CIO n’a pas eu d’autre option que décaler à l’an prochain la désignation du pays-hôte.

Depuis, la Suède, puis la Suisse, et dernièrement la France, sont sorties du bois en annonçant leur souhait de se mêler à leur tour au dialogue. Mais aucun de ces trois postulants n’a encore bouclé son dossier, annoncé ses chiffres et obtenu les garanties des pouvoirs publics.