Le rideau est tombé, dimanche 6 août, sur la 9ème édition des Jeux de la Francophonie. L’événement sportif et culturel a pris fin comme il avait commencé, vendredi 28 juillet : par une cérémonie au stade des Martyrs de Kinshasa, capitale de la RDC, devant des tribunes pleines et une foule en liesse.
Que faut-il en retenir ? Une évidence, en premier lieu : les Jeux ont eu lieu. Reportés à deux reprises, régulièrement annoncés comme au bord de l’annulation, puis boudés par plusieurs délégations d’Europe et d’Amérique du nord, ils se sont déroulés aux dates et sur les sites prévus, sans tourner au scénario catastrophe craint par certains observateurs.
Zeina Mina, la directrice générale du Comité international des Jeux de la Francophonie (CIJF), l’a résumé à l’avant-veille de la clôture, lors d’un point presse en visioconférence : « Les Jeux de la Francophonie ont pu être tenus. Ils se sont déroulés sans le moindre incident, dans des bonnes conditions. La préparation a été difficile, plusieurs sites ont été terminés à la dernière minute. Mais les choses ont été faites. C’est un miracle congolais. Aujourd’hui, je peux dire que le pays-hôte a réussi. »
La Libanaise l’a relevé en détaillant ses chiffres : la participation, sans atteindre le niveau de certaines éditions antérieures, s’est avérée très respectable. Au total, 3.535 participants, dont 1.819 athlètes et artistes. A une centaine de compétiteurs près, un résultat identique à celui des Jeux de la Francophonie 2017 en Côte d’Ivoire.
Autre leçon, connue avant même le début des épreuves, mais confirmée sans nuance par le classement des médailles : tous les pays de l’espace francophone n’ont pas joué le jeu avec le même engagement. Pour résumer, l’Afrique a pris l’événement au sérieux. L’Europe et le Canada y sont allés à reculons, ou pas allés du tout dans le cas du Québec.
Grande première : le Maroc termine en tête du classement des médailles. Cinquante-huit places sur le podium pour les Marocains, dont 23 titres. Un carton. Derrière, la Roumanie s’offre une solide deuxième place (28/17), devant un trio de pays africains (Cameroun, Sénégal, Burkina Faso). Avec 34 médailles, mais seulement cinq en or, la RDC réalise la plus belle moisson de son histoire. En nombre de places sur le podium, le pays-hôte grimpe même au 4ème rang du classement. Pas gagné d’avance.
Les chiffres ne trompent pas : les Jeux de la Francophonie ne figurent plus parmi les priorités de plusieurs des pays majeurs de l’espace francophone. Loin de là. Avec 15 médailles, dont sept en or, la France a sauvé les apparences, mais sa délégation était représentée dans seulement deux disciplines sportives : la lutte et le judo.
La Suisse n’a jamais quitté les bas-fonds du classement des médailles (19ème) : 5 médailles, un seul titre. La Wallonie-Bruxelles a été inexistante (deux médailles, aucune en or). Quant au Nouveau-Brunswick, la province canadienne initialement désignée pour recevoir l’événement à Dieppe et Moncton, sa délégation quitte Kinshasa avec deux médailles de bronze et une 28ème place (sur 30 nations) au classement des nations.
La suite ? Pour la RDC, Kinshasa 2023 pourrait marquer un tournant. Patrick Muyaya, le porte-parole du gouvernement, l’a souligné à l’heure du bilan : « L’image transmise au monde avec ces Jeux n’a pas de prix. » Avec les infrastructures construites pour l’occasion, et une expérience de l’organisation acquise à la dure, le pays-hôte peut voir plus loin, au moins dans un premier temps au niveau africain.
Pour les Jeux de la Francophonie, le pire a été évité. Une annulation, après le retrait du Nouveau-Brunswick et un double report, leur aurait sans doute été fatale. Mais Zeina Mina l’a confirmé à FrancsJeux : deux pays ont déjà envoyé une lettre d’intérêt pour organiser les Jeux en 2027. Ils seront annoncés au mois de septembre. Selon nos informations, il s’agirait du Bénin et de l’Arménie. Une ville française réfléchirait également à se lancer dans l’aventure.
Les dossiers de candidature devront être déposés avant la fin du mois de septembre. Une visite d’évaluation sera organisée au cours mois suivant. La décision finale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) est attendue pour le mois de novembre 2023.