L’athlétisme serait-il allergique au changement ? Dans ses institutions, certainement. Elu une première fois en 2015, reconduit à l’unanimité quatre ans plus tard, Sebastian Coe a décroché sans la moindre angoisse un troisième – et dernier – mandat de quatre ans à la présidence de World Athletics.
Seul candidat à sa succession, le Britannique a fait le plein de voix jeudi 17 août lors du Congrès de l’instance, organisé à Budapest à deux jours des Mondiaux en plein air (19 au 27 août). Sur les 195 votants enregistrés par l’instance, 192 ont accordé leur confiance au double champion olympique du 1.500 m. Trois se sont abstenus, mais le scrutin n’a compté aucune voix contre.
Depuis sa création en 1912, la Fédération internationale d’athlétisme a connu seulement six présidents. Avant Sebastian Coe, Lamine Diack était resté en place pendant 16 ans. L’Italien Primo Nebiolo, prédécesseur du Sénégalais, avait fait mieux encore, régnant sur l’IAAF pendant 18 ans. Jusqu’à sa mort en novembre 1999.
La stabilité, donc, contre vents et marées. Et pourtant, Sebastian Coe a promis le changement, jeudi 17 août, au moment de faire face à la presse après la tenue du Congrès. « Mes quatre premières années ont été dédiées à ce que le navire ne coule pas, a-t-il expliqué en déroulant le fil de ses deux premiers mandats. Nous étions dans une très mauvaise posture. Les quatre années suivantes ont été dédiées à la Russie, à protéger la catégorie féminine, à mettre en valeur les meetings. Pour les quatre années à venir, je vais me concentrer sur le futur de notre sport pour les 30, 40 prochaines années. Je veux me concentrer sur l’essence des compétitions, les rendre intéressantes, attendues, bien rythmées et qu’elles plaisent à la jeunesse. »
Comment ? La réponse attendra. Mais le Britannique l’a répété à Budapest : le calendrier international doit s’enrichir d’une nouvelle épreuve en « année creuse », à savoir à la mi-olympiade. Il a promis que l’instance dévoilerait bientôt un format inédit pour une compétition « percutante », dont la première édition pourrait se tenir en 2026.
Un travail est en cours, a expliqué Sebastian Coe, pour sortir du chapeau « un festival de trois jours » où seraient invités les meilleurs athlètes de chaque discipline. Le produit serait taillé aux dimensions de la télévision. Il aura pour objectif d’attirer un nouveau public, moins connaisseur, en attente d’un show sans temps mort.
Autre nouveauté évoquée par Sebastian Coe, mais marquée par les traces du passé : le retour du cross-country aux Jeux olympiques. Pour Paris 2024, la porte est déjà refermée, mais World Athletics et son président lorgnent sur Los Angeles 2028.
Sans chercher à trop en dire, Sebastian Coe a assuré devant son auditoire que les discussions allaient dans la bonne direction, tant avec le CIO à Lausanne qu’avec le comité d’organisation en Californie. « Nous devons surveiller cette fenêtre, mais c’est assez prometteur », a-t-il assuré en conférence de presse.
En revanche, l’immobilisme devrait s’imposer une nouvelle fois sur la question russe. A la différence de la grande majorité des fédérations internationales, World Athletics a tourné le dos au CIO et aux recommandations de sa commission exécutive de réintégrer les athlètes russes et biélorusses. Et Sebastian Coe veut bien en prendre tous les paris : le vent ne tournera pas.
« Je n’ai pas de boule de cristal, mais notre position est très claire et je serais très surpris qu’elle change, a-t-il expliqué. Nous avons des certitudes sur cette question, notre décision a été motivée par la défense de l’intégrité de nos compétitions. Nous allons bien sûr suivre la situation et voir quelles seront les circonstances si elle évolue, mais je dois dire que cela semble peu probable pour l’instant, étant donné la situation en Ukraine. Je serais très surpris que le nouveau Conseil (de World Athletics) change de position. La présence des Russes et Biélorusses aux Jeux de Paris semble improbable pour l’instant. »