L’image était belle. Pleine de promesses, à moins d’une année des Jeux de Paris 2024. Un bataillon de triathlètes se jetant dans la Seine pour le premier tronçon de l’épreuve test des prochains Jeux olympiques et paralympiques. Canon.
Mais l’image, censée être vue quatre fois en autant de journées de compétition, entre jeudi 17 et dimanche 20 août, a connu deux ratés. Samedi, la qualité des eaux du fleuve a été jugée insuffisante pour l’épreuve de para triathlon, finalement transformée à la va-vite en un duathlon à l’allure imparfaite (2,5 km de course à pied, 18,5 km de cyclisme, 5 km de course à pied). Le lendemain, même scénario pour le relais mixte, lui aussi contraint de rester au sec et se changer en un duathlon bien peu olympique.
Avec ces deux incidents de parcours, peu attendus et très malvenus, le COJO Paris 2024 en est à trois épreuves tests perturbées par la qualité de l’eau de la Seine. En début de mois, la compétition pré-olympique de natation en eau libre avait déjà été rayée de la carte. Annulée, purement et simplement.
Dans les deux cas, une même raison : un taux de bactéries Escherichia Coli (E. coli) trop élevé par par rapport aux standards fixés par les instances internationales, World Aquatics et World Triathlon. Pour le test event de triathlon en relais mixte, dimanche 20 août, les analyses de trois prélèvements affichaient entre 1.300 et 1.400 UFC/100 ml, au dessus du seuil autorisé de 1.000 UFC/100 ml.
Au début du mois d’août, le COJO Paris 2024 et la mairie de Paris avaient expliqué par l’infortune d’une semaine de précipitations historique les niveaux de pollution enregistrés dans la Seine. La faute à la météo, donc. Pas de chance.
Cette fois, les deux parties s’avouent plus perplexes. A l’évidence, les très fortes pluies du début du mois d’août ne peuvent plus expliquer les résultats des analyses. Alors quoi ? Mystère. Pierre Rabadan, l’adjoint aux Sport de la ville de Paris, ne cache pas son incompréhension. « Une enquête est en cours pour trouver la cause de cette dégradation mais, à date, on n’a pas encore trouvé d’explication », reconnait-il, cité par l’AFP.
Inquiétant ? Le nier en bloc serait faire preuve de mauvaise foi. Mais la ministre française des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra, affiche sa confiance. « On rate la marche de très peu, plaide-t-elle. C’est extrêmement encourageant, nous serons au rendez-vous. »
La ministre le rappelle : le chantier n’est pas simple, les moyens mobilisés sont très importants, 1,4 milliard d’euros dont la moitié financée par l’État. Tout n’est pas terminé, mais le sera l’an prochain au moment des Jeux. « Nous allons continuer la désinfection et le traitement des rejets d’eaux usées en sortie de nos usines, a-t-elle expliqué dimanche 20 août. Nous sommes à un quart du chemin sur les 23.000 mauvais branchements à raccorder chez les particuliers. Il faut aussi finaliser le raccordement au tout à l’égout de l’ensemble des péniches. »
Même son de cloche, optimiste et confiant, chez Tony Estanguet, le président du COJO. « L’objectif était de rendre la Seine baignable en 2024, insiste-t-il. Le dispositif n’est pas encore à maturité. Il reste de gros efforts, de nouveaux moyens déployés pour améliorer la qualité de l’eau de la Seine. »
Intégré au programme olympique depuis Sydney 2000, le triathlon n’a encore jamais été transformé en duathlon dans le cadre d’une édition des Jeux. Malgré sa mauvaise série, le COJO Paris 2024 n’envisage pas une seule seconde de devoir en passer par là en juillet et août 2024.
« Le parcours, je crois, fait l’unanimité », martèle Tony Estanguet. Pas question, donc, de sortir des cartons un plan B. L’épreuve se tiendra dans la Seine, quitte à piocher l’an prochain dans les journées dites de « contingence » prévues dans le calendrier.
Preuve de sa confiance, le titre du communiqué de presse publié par le COJO en conclusion du test event de triathlon, dimanche 20 août : « Une magnifique promesse pour 2024″. Prometteur, sans doute. Mais magnifique, pas encore tout à fait.