La fin du mois d’août se révèle chargée pour la Fédération internationale de tennis de table (ITTF) et sa présidente, Petra Sörling (photo ci-dessus). La Suédoise était présente à Bangkok, la semaine passée, pour le Sommet et l’assemblée générale de l’instance. Puis elle a posé son sac en Chine, pour parapher un accord attribuant à la ville de Chengdu les cinq prochaines éditions d’une Coupe du Monde nouvelle formule.
Dans l’intervalle, l’ancienne pongiste devenue en novembre 2021 la troisième femme à présider une fédération internationale d’un sport olympique – après Marisol Casado au triathlon et Annika Sörenstam au golf – a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : L’assemblée générale de l’ITTF a attribué la semaine passée à Londres l’organisation des championnats du monde de tennis de table en 2026, année du centenaire de l’événement et de l’instance. Que vous inspire cette victoire de la capitale anglaise, qui était en concurrence avec Bangkok ?
Petra Sörling : Les deux offres, Londres et Bangkok, étaient d’une très grande qualité. Et nous avons été merveilleusement reçus et traités lors du Sommet et de l’assemblée générale de l’ITTF la semaine passée en Thaïlande. Mais retourner en 2026 à Londres, où tout a commencé un siècle plus tôt, signifie énormément pour le tennis de table. J’ai pu vérifier, lors de la présentation de Londres, à quel point les Britanniques étaient motivés pour organiser des Mondiaux vraiment extraordinaires.
Que retenez-vous d’autre de cette deuxième édition du Sommet de l’ITTF ?
L’an passé, en Jordanie, la première édition du Sommet avait surtout été l’occasion pour la famille du tennis de table de se réunir pour la première fois depuis le début de la pandémie. A Bangkok, cette année, le Sommet a été marqué par des sessions très riches et productives. L’intervention en ligne de Marie Sallois, la directrice du développement durable au CIO, a été remarquable. Les délégués en ont beaucoup parlé par la suite, au cours du Sommet, pas seulement lors des sessions dédiées à cette thématique. Quand j’entends les gens, à la pause, discuter des questions de durabilité et de sauvegarde de l’environnement, je me dis en tant que présidente que nous sommes dans le vrai.
Quelle sera votre priorité au cours des 10 ou 11 prochains mois avant les Jeux de Paris 2024 ?
Maintenant, tout va tourner autour de la préparation des Jeux olympiques. Nous voulons que l’événement soit pour le tennis de table quelque chose d’extraordinaire, qu’il soit présenté d’une façon nouvelle. Nous travaillons main dans la main avec le COJO Paris 2024. Ils ont fait une présentation lors de l’assemblée générale de Bangkok. Dans le même temps, les athlètes doivent pouvoir se qualifier et se préparer dans les meilleures conditions. C’est pourquoi notre priorité, au-delà de tout le reste, est d’organiser le plus grand nombre de tournois possible.
Comment envisagez-vous, avec le COJO Paris 2024, de présenter l’an prochain le tennis de table d’une manière nouvelle ?
Notre volonté d’innover est commune, avec le comité d’organisation. Nous les poussons à imaginer des choses différentes, et eux nous poussent à réfléchir à une présentation inédite. La nouveauté passera par les couleurs, la musique, la façon d’impliquer le public… Mais l’innovation ne concernera pas seulement le tennis de table. La cérémonie d’ouverture sur la Seine est sans doute la meilleure illustration d’une volonté d’essayer des choses encore jamais proposées. En même temps, l’accent est aussi mis sur la durabilité. Ces Jeux peuvent aider le mouvement olympique, et l’ITTF avec lui, à aller de l’avant.
Le tennis de table compte cinq épreuves à médailles, depuis les Jeux de Tokyo 2020, avec l’ajout du double mixte. En voudriez-vous plus ?
Bien sûr. On en veut toujours plus, surtout pour un sport comme le tennis de table présent au programme presque du premier au dernier jour des Jeux. Pour les Jeux suivants, à Los Angeles en 2028, nous souhaitons être créatifs et voir ce qui pourrait être ajouté, sans augmenter le nombre de joueurs.
Vous pensez à un retour des doubles, hommes et femmes ?
Pas seulement. Quand je vois la façon dont le basket-ball, avec le 3×3, et le volley-ball, avec le beach-volley, ont investi d’autres terrains, je me dis qu’il est temps pour nous d’être plus créatifs et d’explorer de nouvelles voies. Je n’ai pas la réponse. Mais je pense que nous devons faire de cette question une priorité. Peut-être arriverons nous finalement à militer pour un retour des doubles, mais peut-être que l’avenir passera par quelque chose de beaucoup plus novateur.
Depuis la création de l’ITTF, le tennis de table n’a jamais compté un seul président de l’instance qui soit également membre du CIO. Pourriez-vous être la première ? Est-ce un objectif ?
Depuis mon élection à la présidence, mon objectif est de rapprocher l’ITTF et le tennis de table du mouvement olympique. Etre membre du CIO serait pour moi un rêve. Mais nous n’en sommes pas encore là. Nous devons commencer par réfléchir à la manière dont nous pouvons organiser de plus en plus d’événements et travailler en étroite collaboration avec le reste du mouvement olympique. Je pense que nous avons déjà fait quelques progrès. J’ai été élue récemment au conseil de l’ASOIF, où nous sommes également plus présents dans les commissions. Au CIO, Seung-min Ryu est vice-président de la commission des athlètes et membre de cinq autres commissions. Quand je suis arrivée à l’ITTF en 2009, nous étions assez peu connectés avec le mouvement olympique. Aujourd’hui, nous avons resserré les liens. Et j’ai hâte que nous allions encore plus loin.