Beaucoup de bruit pour rien. Annoncés en masse aux Jeux asiatiques 2023 à Hangzhou, en Chine, les athlètes russes et biélorusses peuvent défaire leur paquetage. Ils ne verront pas le rendez-vous continental, prévu du 23 septembre au 8 octobre dans la ville chinoise, située dans la province du Zhejiang.
En cause, une décision du CIO annoncée par son porte-parole. L’instance olympique, longtemps favorable à une présence des athlètes des deux pays aux Jeux asiatiques, où seront distribués par poignées des quotas pour les Jeux de Paris, a finalement retourné sa veste.
« L’idée de la participation d’athlètes avec des passeports russes et biélorusses aux Jeux asiatiques 2023 a été explorée, comme cela a été dit lors du sommet olympique de décembre 2022, mais elle n’était pas réalisable pour des raisons techniques », a expliqué le porte-parole du CIO.
Lesquelles ? Mystère. Mais la déclaration du CIO, qui ferme définitivement la porte à une présence de Russes et Biélorusses en fin de mois à Hangzhou, rappelle les propos peu optimistes tenus au début du mois de juillet par Stanislav Pozdnyakov. Le président du Comité olympique russe (ROC) avait ainsi commenté sur son compte Telegram la décision du Conseil olympique d’Asie (OCA), prise par vote lors de son assemblée générale à Bangkok, d’inviter jusqu’à 500 athlètes des deux pays aux Jeux asiatiques 2023 : « Le Comité olympique russe n’a encore reçu aucune invitation à participer aux Jeux asiatiques et, sans cela, il est absurde d’envisager et de discuter d’options hypothétiques. Il reste peu de temps avant le coup d’envoi de ces compétitions, et des questions se posent donc sur la préparation de nos athlètes pour espérer obtenir les résultats attendus. Sans parler de toutes les conditions organisationnelles, financières, logistiques et autres pour un tel voyage. »
A l’évidence, Stanislav Pozdnyakov avait vu juste. Le dirigeant russe, champion olympique au sabre individuel aux Jeux d’Atlanta en 1996, ne voulait pas croire aux promesses de l’OCA. Il devinait sans doute que le CIO ne laisserait pas l’instance asiatique aller au bout du projet, malgré un discours en apparence favorable à un tel scénario.
Pour rappel, l’idée d’inviter des athlètes russes et biélorusses aux Jeux asiatiques 2023 à Hangzhou a été brandie pour la première fois en décembre 2022 lors du Sommet olympique à Lausanne. Le CIO avait alors ouvert une brèche en expliquant étudier la possibilité d’un retour des athlètes russes et biélorusses, sous conditions, dans la perspective des Jeux de Paris 2024. L’OCA s’y était engouffré sans attendre, annonçant sa volonté de jouer les poissons-pilotes lors des Jeux asiatiques.
Depuis, l’idée a fait son chemin. En juillet dernier, l’instance continentale lui a donné un contour plus précis lors de son assemblée générale, précisant avoir fixé un quota de 500 athlètes pour les deux pays.
« Nous proposons d’autoriser les athlètes individuels russes et biélorusses, j’ai bien dit les athlètes individuels, à concourir sous bannière neutre, avait déclaré directeur général de l’OCA, le Koweïtien Husain al-Musallam, par ailleurs président de World Aquatics. Nous avons fixé un quota de 500 athlètes dans douze sports individuels pour les deux pays. »
A trois semaines de l’ouverture de l’événement, le projet est donc renvoyé dans les oubliettes de l’histoire. Les Russes et Biélorusses ne verront pas les Jeux asiatiques, pas qu’ils n’ont vu les Jeux européens, organisés en début d’été en Pologne. Ils laissent échapper une nouvelle chance de décrocher des quotas, voire des qualifications directes, pour les Jeux de Paris 2024.
Les « raisons techniques » invoquées par le CIO interrogent. Trop vague. Mais elles ne surprennent pas. Thomas Bach l’a répété à plusieurs reprises au cours des derniers mois : la décision définitive d’une possible présence d’athlètes individuels neutres portant un passeport russe ou biélorusse aux Jeux de Paris 2024 ne sera pas prise avant la session du CIO, à la mi-octobre à Mumbai. La question pourrait même ne pas être tranchée avant la fin de l’année.
Le CIO veut prendre son temps. Et même, sans doute, attendre le plus longtemps possible, afin de rendre techniquement impossible une présence russe l’an prochain en France. Avec une telle stratégie, ouvrir en grand la porte des Jeux asiatiques n’aurait rien réglé, mais au contraire multiplié les problèmes.