Le CIO peut se frotter les mains. A moins de 320 jours des Jeux de Paris 2024 (J – 319 ce lundi 11 septembre), les pièces se mettent doucement en place. Certes, la question de la participation des athlètes russes et biélorusses reste sans réponse. Mais, pour le reste, les planètes s’alignent très sagement.
La dernière preuve en date reste très symbolique. Elle était attendue et ne changera pas la course des nuages. Mais l’instance olympique et son président, Thomas Bach, l’ont saluée sans retenir leurs mots de remerciement.
Réuni au cours du weekend à New Delhi, sous la présidence du Premier ministre indien Narendra Modi (photo ci-dessus), le G20 a parlé sport, olympisme et Jeux de Paris 2024. Plutôt inhabituel. Et pondu une déclaration très formatée, mais appréciée comme il se doit à la Maison olympique de Lausanne.
« Nous attendons avec impatience les Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024 comme un symbole de paix, de dialogue entre les nations et d’inclusivité, avec la participation de tous », indique le communiqué du G20, relayé le jour même par le CIO.
Pour rappel, le G20 est composé dans sa promotion 2023 de 19 pays (Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Corée du Sud, Mexique, Royaume-Uni, Russie et Turquie), de l’Union africaine (UA) – présente cette année pour la première fois – et de l’Union européenne (UE). Ses membres représentent environ 85 % du PIB mondial, plus de 75 % du commerce mondial et plus ou moins les deux tiers de la population mondiale.
En soi, son message n’a rien d’un scoop. Il soutient les Jeux de Paris 2024, rien de plus. Le contraire aurait fait trembler sur ses bases tout le mouvement olympique. Mais, par les mots choisis, le G20 offre sa bénédiction au CIO dans sa volonté de ramener sur la scène internationale les athlètes russes et biélorusses. « Avec la participation de tous », indique la déclaration. L’expression n’est pas anodine.
Thomas Bach ne s’y est pas trompé. Le président du CIO s’est félicité par un mot de remerciement du soutien du G20. « Nous tenons à remercier très chaleureusement les dirigeants du G20, parmi lesquels figure pour la première fois l’Union africaine, pour leur soutien inestimable, a expliqué le dirigeant allemand, cité dans un communiqué de l’instance. Le CIO continuera à travailler avec un engagement total pour atteindre ces objectifs, qui sont aussi les nôtres. »
Avec cette déclaration du G20, le CIO peut compléter une collection de soutiens à sa stratégie géo-politique déjà très respectable. Elle pourrait lui être utile lorsqu’il lui faudra enfin trancher, sans doute pas avant la fin de l’année, la question de la participation sous conditions de neutralité des athlètes russes et biélorusses aux Jeux de Paris 2024.
L’instance olympique le rappelle dans son très long questions-réponses sur la participation des athlètes des deux pays aux compétitions internationales, publié sur son site Internet et régulièrement mis à jour : « Le CIO a bénéficié d’un appui considérable. »
Le document en dresse la liste. Elle pèse d’un bon poids Citons, sans ordre chronologique, les Nations unies, le Groupe des sept (G7), et le Mouvement des non-alignés.
Les opposants continuent d’exister, même s’ils se font aujourd’hui moins entendre. « Certains gouvernements européens », pointe le CIO dans son questions-réponses. Il poursuit : « Il est regrettable de constater que certains gouvernements ne veulent pas respecter la position de la majorité des composantes du mouvement olympique ni l’autonomie du sport qu’ils demandent aux autres pays et dont ils font l’éloge dans d’innombrables discours et résolutions à l’ONU et au sein de l’Union européenne. »
A l’évidence, la France n’est pas à ranger dans ce camp. Emmanuel Macron, le président de la République, l’a répété lors d’un récent entretien avec l’Equipe : « Ce sujet ne doit pas être politisé. Je souhaite que ce soit une décision en conscience du monde olympique et je fais totalement confiance à Thomas Bach (…). Je pense que ce n’est pas l’État hôte qui doit décider de ce que le CIO doit faire. »