Un premier pas. Mais il est d’importance. L’UEFA a annoncé mardi 26 septembre que son comité exécutif avait ouvert la porte à la participation d’équipes russes dans les compétitions internationales. Elles étaient suspendues depuis le 28 février 2022 en raison de l’invasion militaire en Ukraine.
La décision de l’instance européenne se veut limitée. Elle concerne seulement les équipes de moins de 17 ans, masculines et féminines. Elle est également assortie de conditions de neutralité. Les sélections russes ne pourront pas évoluer sous leurs couleurs habituelles. L’hymne national ne sera pas joué avant le début des rencontres. Le drapeau ne sera pas arboré. Enfin, cette réintégration sera seulement valable pour les compétitions disputées en dehors de la Russie.
« L’UEFA est consciente que les enfants ne devraient pas être punis pour des actes dont la responsabilité incombe exclusivement aux adultes, explique l’instance dans un communiqué. Et elle fermement convaincue que le football ne devrait jamais cesser d’envoyer des messages de paix et d’espoir. Il est particulièrement regrettable qu’en raison de la persistance du conflit, une génération de mineurs soit privée de son droit de participer à des compétitions internationales de football. »
L’UEFA insiste également sur le caractère exceptionnel de sa décision. Elle concerne seulement les jeunes joueurs. Les sélections nationales « adultes » restent suspendues de toutes les compétitions européennes. Les clubs russes sont, eux aussi, toujours exclus.
Aleksander Ceferin, le président de l’instance, l’explique : « Le maintien de la suspension de l’UEFA contre les équipes adultes russes reflète son engagement à prendre position contre la violence et l’agression. L’UEFA est déterminée à maintenir cette position jusqu’à ce que la guerre soit terminée et la paix rétablie. Mais en interdisant aux enfants de participer à nos compétitions, non seulement nous ne reconnaissons pas et ne défendons pas un droit fondamental pour leur développement, mais nous exerçons une discrimination directe à leur encontre. En leur offrant la possibilité de jouer et de concourir avec leurs camarades de toute l’Europe, nous investissons dans ce que nous espérons être une génération future plus brillante et plus compétente, et un avenir meilleur. »
A la demande du comité exécutif, l’administration de l’UEFA devra se pencher au plus vite sur les conditions matérielles du retour des jeunes joueurs russes. Elle devra proposer une « solution technique » pour une réintégration immédiate, y compris pour les compétitions dont le tirage au sort a déjà eu lieu.
La décision de l’UEFA est tout sauf anecdotique. Elle pourrait même créer un précédent dans le mouvement sportif international, dans l’attente d’une décision du CIO sur la participation d’athlètes neutres portant un passeport russe ou biélorusse aux Jeux de Paris 2024.
En distinguant les équipes adultes et celles composées exclusivement de joueurs mineurs, l’instance continentale ouvre une brèche. Elle suggère que les « enfants » ne devraient pas être tenus responsables des décisions et actes des adultes. Une position qui pourrait être suivie, dans les semaines ou les mois à venir, par d’autres organisations ou fédérations internationales.
Avec un tel scénario, le mouvement sportif pourrait faire l’économie de la distinction, parfois assez peu crédible, entre disciplines individuelles et collectives. Toujours valable chez les adultes, elle disparaitrait pour les plus jeunes. Un « investissement pour les générations futures », comme le suggère l’UEFA.