Grande première l’an prochain aux Jeux de Paris 2024 : les épreuves olympiques et paralympiques de tir se disputeront loin de la capitale. Initialement prévu en Seine-Saint-Denis, le site de compétition a été délocalisé à Châteauroux, à trois heures de route au sud de Paris.
Proposé l’an passé au CIO comme une alternative au site initial de La Courneuve, le Centre national de tir sportif (CNTS) de Châteauroux a été validé par la commission exécutive de l’instance en septembre dernier. A moins d’une année des Jeux.
Aux manettes de la discipline pour le COJO Paris 2024, l’Anglais Peter Underhill (photo ci-dessus). FrancsJeux poursuit avec cet ancien officier de l’armée britannique sa série d’interviews des managers sport du comité d’organisation.
FrancsJeux : Votre vie avant le COJO Paris 2024 ?
Peter Underhill : Avant de faire carrière dans le mouvement sportif, j’ai été officier de l’armée britannique pendant plus de trois décennies. Je pratiquais le tir, dans les disciplines olympiques et militaires, mais sans jamais atteindre le plus haut niveau. Après la fin de ma carrière d’officier, j’ai rejoint le comité d’organisation des Jeux de Londres comme manager du tir. J’ai occupé la même fonction pour les Jeux de Tokyo 2020. Dans l’intervalle, j’ai été officiel technique aux Jeux de Rio 2016. J’ai également été manager sport pour le tir à trois éditions des Jeux du Commonwealth, Glasgow 2014, Gold Coast 2018 et Birmingham 2022.
Votre expérience passée des Jeux olympiques ?
J’ai vécu de l’intérieur les trois derniers Jeux d’été. Londres 2012 et Tokyo 2020 au sein du comité d’organisation, comme sport manager pour ma discipline. Rio 2016 au titre de la Fédération internationale de tir (ISSF), comme officiel technique. J’étais également présent aux Jeux de Pékin en 2008, comme comme observateur, dans le cadre de ma fonction au comité d’organisation des Jeux de Londres.
Un souvenir marquant des Jeux ?
La première médaille d’or des Jeux olympiques de Londres en 2012. Comme toujours, elle est décernée sur le pas de tir, tôt dans le journée le lendemain de la cérémonie d’ouverture. Elle est revenue à la jeune Chinoise Yi Siling à la carabine à 10 m. Le site du tir était temporaire, mais il était fantastique. Très futuriste. Le public était venu en masse. L’attention médiatique était tournée vers nous pour ce premier titre des Jeux. Pour moi, cette médaille d’or était l’accomplissement de toutes les années de travail au comité d’organisation.
Le dossier en tête de la pile sur votre bureau ?
La préparation du site de compétition, au Centre national de tir sportif (CNTS) de Châteauroux. Le complexe est de grande qualité, notamment sur le plan technique. Il est aux normes des compétitions internationales. Mais il faut en faire un site olympique, avec toutes les exigences requises pour l’événement. Il faut l’habiller en site olympique. Le chantier est de taille. C’est ma priorité depuis plusieurs mois. Mais nous avons les bonnes personnes pour relever le défi. Quand j’ai rejoint le COJO, les épreuves de tir étaient encore prévues à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Six ou sept mois après mon arrivée, il a été décidé de les délocaliser à Châteauroux. Le défi était immense : repartir d’une page presque blanche et accomplir en quelques mois ce qui se fait habituellement en plusieurs années. Mais aujourd’hui, nous sommes sur la bonne voie.
Le site du tir : ses atouts, les défis dans la perspective des Jeux ?
Le challenge principal est le logement des tireurs, de leur encadrement et des officiels. Pour la première fois aux Jeux, le tir va utiliser un village satellite. Malgré leur éloignement de Paris, les athlètes doivent pouvoir vivre la meilleure expérience possible des Jeux. Ils doivent sentir qu’ils font partie intégrante de l’événement. Les équipes auront le choix entre trois options pour le logement : une académie de football située près de l’entrée du stand de tir, une école internationale également assez proche, ou des chambres dans les hôtels réservés pour les Jeux. Pour le site de compétition proprement dit, le bâtiment « finales » destiné aux épreuves en intérieur pourra accueillir 650 personnes. Nous allons installer, en plus, une zone extérieure de 2.500 à 3.000 places pour suivre en direct les compétitions sur un écran géant.
Paris 2024 sera une réussite pour le tir si…
Les Jeux seront réussis si nous parvenons à satisfaire les athlètes, le public et les médias. A engager tout le monde dans un même élan. Pour un sport comme le tir, les Jeux olympiques constituent une occasion unique, une fois tous les quatre ans, de bénéficier d’une exposition à grande échelle. Nous devons proposer une présentation sportive de très grande qualité, comme nous l’avons fait aux Jeux de Londres en 2012. Le site de Châteauroux sera la plateforme parfaite pour réussir ce pari. A nous de placer les athlètes dans les meilleures conditions. Ils doivent être heureux de disputer la compétition. Un athlète heureux est souvent un athlète performant.