Les ennuis continuent pour les organisateurs des Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026. A 857 jours et une poignée d’heures de la cérémonie d’ouverture – un peu plus de 28 mois – un dossier reste marqué d’un immense point d’interrogation. Il n’est pas le plus mince, puisqu’il concerne la piste de glisse du bobsleigh, de la luge et du skeleton.
Depuis le début de la préparation, en 2019, le site olympique dédié aux trois disciplines a été l’objet d’un intense bras de fer entre le CIO et le comité d’organisation. Les Italiens plaidaient pour une rénovation complète de la piste historique Eugenio Monti, utilisée pour les Jeux d’hiver de Cortina d’Ampezzo en 1956. Le CIO estimait le projet peu réaliste, car trop coûteux. Mais l’instance olympique a fini par céder, au printemps 2021.
Seul ennui, mais de taille : les travaux n’ont toujours pas débuté. Et les doutes s’accumulent.
Premier coup dur pour les organisateurs italiens : l’absence de réponse à l’appel d’offres lancé pour la rénovation de la piste. Selon les médias nationaux, aucune entreprise susceptible de se lancer dans une telle aventure n’a répondu.
Deuxième problème : la hausse des coûts. Depuis les premières études, la facture présumée du projet a quasiment doublé. Elle atteint aujourd’hui 80 millions d’euros. Une estimation qui pourrait encore grimper. A moins de trois ans des Jeux, le temps presse. Il se dit même, en Italie, que le chantier pourrait ne pas être terminé à temps en l’état actuel du calendrier.
Enfin, dernière obstacle sur la route du comité d’organisation : une opposition politique de plus en plus offensive. Elle est menée par le parti écologiste italien.
Déterminés à enterrer un projet qu’ils jugent peu en accord avec les engagements environnementaux de Milan-Cortina 2026, ses élus ont déposé une motion à la chambre des députés pour demander au gouvernement d’accepter le plan B proposé par le maire de la ville autrichienne d’Innsbruck : les épreuves de bobsleigh, luge et skeleton sur la piste d’Igls.
La motion a été modifiée, avant de passer par l’étape du vote, pour lui donner une apparence plus vague. Il est désormais demandé au gouvernement d’étudier toutes les options possibles pour trouver une alternative à la piste Eugenio Monti de Cortina d’Ampezzo. La motion a été approuvée à une immense majorité.
A moins de 900 jours des Jeux, les organisateurs italiens se trouvent face à une page blanche. En continuant à jouer la carte de l’histoire avec l’option Cortina, ils risquent une flambée de leur budget, une opposition des partis et organisations écologistes, et une incertitude sur le calendrier des travaux.
Le scénario inverse, présumé moins coûteux, enverrait les bobeurs, lugeurs et spécialistes du skeleton vivre leur expérience olympique dans un pays voisin. En Autriche, voire en Suisse, où l’option Saint-Moritz n’est pas écartée. La carte des sites serait une nouvelle fois revue et corrigée.
Dans un cas comme dans l’autre, ils ne sont pas décideurs. Le dernier mot ne leur revient pas totalement, il est entre les mains des autorités.
Giovanni Malagò, le président du comité d’organisation – et du Comité olympique italien – ne s’en cache pas : l’incertitude se fait plus en plus inquiétante. Il l’a confié aux médias, lundi 2 octobre, en marge de la présentation du futur village des athlètes à Milan : « Nous ne sommes pas en charge de la construction des ouvrages olympiques, mais nous attendons avec une grande impatience une réponse, dans quelques jours au plus tard je l’espère, de ceux qui ont la responsabilité du site. Nous avons obtenu les Jeux d’hiver 2026 avec un dossier où le bobsleigh, le skeleton et la luge étaient à Cortina. Mais nous évaluons toute autre alternative, car notre travail reste de trouver la meilleure solution. »
Selon plusieurs sources en Italie, une option très inattendue serait même sur la table : utiliser la piste des Jeux d’hiver de Pékin 2022, un équipement construit pour l’événement olympique dans le district de Yanqing.