On la croyait enterrée pour de bon. Emportée vers les bas-fonds par le scandale de corruption des Jeux de Tokyo 2020. Mais la candidature de Sapporo pour les Jeux d’hiver en 2030 respire encore. Elle pourrait même avoir retrouvé le début d’un second souffle.
Selon la NHK, les autorités de la capitale de la préfecture d’Hokkaido travaillent toujours sur le dossier. Mais elles ont choisi de lui donner une dimension plus transparente, et surtout plus ouverte, pour éviter de revivre le sombre feuilleton de l’après Jeux de Tokyo 2020.
Un nouveau « plan de gestion » du projet olympique a été préparé par les équipes de la ville de Sapporo. Il a été soumis, mardi 3 octobre, à un panel d’experts pour examen et validation. La démarche a été suivie, le même jour, d’une conférence de presse du maire de Sapporo, Akimoto Katsuhiro. Réélu en avril dernier pour un troisième mandat, il n’a jamais abandonné son projet olympique.
Le nouveau plan de gestion dévoilé cette semaine ne bouleverse pas le genre. Mais il propose une approche de l’organisation des Jeux en rupture avec le modèle affiché par Tokyo 2020, avec une formule présumée moins perméable aux tentatives de corruption.
En tête de liste des changements proposés : le marketing. Sapporo 2030 suggère d’en confier la manoeuvre à une poignée d’agences, et non plus une seule comme pour Tokyo 2020, où Dentsu avait servi d’interface entre le comité d’organisation et les entreprises partenaires. En élargissant le nombre de joueurs, Sapporo espère se prémunir contre les risques de pots-de-vin.
Le nouveau plan prévoit également que les discussions entre les prestataires chargés du marketing et les futurs sponsors soient supervisées par le comité d’organisation.
Autre nouveauté : une direction plus resserrée et moins masculine. Dans sa nouvelle version, le dossier Sapporo 2030 propose de réduire de moitié le nombre de directeurs du comité d’organisation. Il suggère également une parité hommes/femmes pour les postes de direction.
A ce stade, le nouveau plan de gestion de la candidature japonaise est entre les mains du panel d’experts indépendants. Les autorités locales souhaitent en arrêter tous les détails d’ici la fin du mois d’octobre.
Akimoto Katsuhiro, le maire de la ville, l’a confirmé en conférence de presse : Sapporo 2030 veut s’inspirer de Tokyo 2020 pour proposer un modèle d’organisation plus vertueux et moins opaque. Il a surtout assuré que le projet était toujours vivant.
Les Japonais peuvent-ils revenir dans la course ? Difficile de répondre. Mais l’annonce de cette semaine laisse entendre qu’ils n’en ont sans doute jamais été rayés, malgré leur volonté de mettre leur projet en pause prolongée. Au printemps dernier, le CIO a déclaré être en discussion avec « six régions » intéressées par l’accueil des Jeux d’hiver. Mais sans les nommer, ni préciser si leur intérêt se portait sur l’édition 2030 ou sur l’une des suivantes. A l’évidence, Sapporo figure sur la liste.
Contre toute attente, les autorités de Sapporo peuvent compter sur un soutien de la population en net regain de forme. Un sondage réalisé en juin dernier par Jiji Press révélait que 60 % des Japonais – et 50 % des habitants de la préfecture d’Hokkaido – se disaient favorables à la candidature aux Jeux d’hiver 2030. Deux mois plus tôt, une enquête d’opinion du quotidien Asahi Shimbun affichait un taux de soutien de seulement 38 % dans la préfecture.
Reste une inconnue : la position du Comité olympique japonais (JOC). Longtemps très associé au projet, il s’en est détourné après les révélations du scandale des Jeux de Tokyo 2020. Son président, l’ancien judoka Yasuhiro Yamashita, l’a expliqué sans langue de bois à la fin du mois de juin dernier, au soir de sa réélection pour un second mandat : « Dans les circonstances actuelles, décrocher l’édition 2030 sera difficile. »