Marche arrière toute pour l’UEFA. L’instance européenne du football a profité de l’annonce attendue, et très médiatique, des pays-hôtes de l’Euro en 2028 et 2032 pour glisser sous la porte une autre nouvelle, nettement moins prévue. Elle a décidé de remettre au placard son projet de réintégrer les équipes russes de jeunes – moins de 17 ans – dans les compétitions internationales.
L’information a été dévoilée dans la matinée, mardi 10 octobre, par un journaliste de la chaîne Sky News sur son compte X. Puis elle a été confirmée par un porte-parole de l’UEFA au terme de la réunion à huis clos du comité exécutif.
Raison invoquée : un problème technique. Le porte-parole de l’UEFA l’a expliqué aux médias : « Aucune solution technique n’a pu être trouvée pour permettre aux équipes russes de jouer. »
L’instance européenne avait surpris tout le monde, à la fin du mois de septembre, en annonçant sa décision de réintégrer les équipes jeunes de Russie, masculines et féminines, dans ses compétitions. Leur retour sur la scène continentale était assorti de conditions de neutralité – absence de drapeau, d’hymnes et des couleurs habituelles de la sélection – et sujet à une « solution technique ».
A l’évidence, elle n’a pas été trouvée. Mais il est tentant de penser que l’UEFA a cédé à la pression des nombreux pays, Ukraine en tête, ayant exprimé leur désaccord, voire leur hostilité, à un tel projet. Une poignée d’entre eux avait annoncé leur décision de boycotter les tournois où une équipe russe serait présente. La Suède avait assuré qu’elle n’autoriserait pas la Russie à participer au championnat d’Europe féminin des moins de 17 ans qu’elle doit recevoir du 5 au 18 mai 2024.
A l’annonce de la volte-face de l’UEFA, l’Ukraine a été la première à afficher sa satisfaction. Sa fédération de football (UAF) s’est déclarée « reconnaissante », elle s’est félicitée que sa position ait été « entendue ». « Il est important que les pays terroristes portent l’entière responsabilité de leurs crimes, notamment dans le monde du football, a insisté Vadim Kostioutchenko, le vice-président de l’UAF. Aucun compromis n’est possible sur ce point. »
Côté russe, la réaction de l’entraîneur en chef de la sélection, Valery Karpin, en dit long sur le fatalisme qui semble avoir gagné le mouvement sportif, depuis les athlètes jusqu’aux instances dirigeantes. Plus personne n’y croit. « Je ne m’attendais pas à ce que nous soyons autorisés à rejouer, et je ne m’attendais pas non plus à ce que la décision de l’UEFA de nous réintégrer soit finalement annulée, a-t-il confié aux médias. Dans un premier temps, ils nous ont autorisés à jouer, puis ils sont revenus sur leur décision. Dans les deux cas, tout était très inattendu. »
Question : la FIFA retournera-t-elle aussi sa veste ? La fédération internationale a annoncé la semaine passée sa décision d’ouvrir à son tour la porte aux équipes russes des moins de 17 ans. A ce stade, il n’est pas certain qu’elle insiste sur cette voie. Mais l’instance présidée par Gianni Infantino ne souhaiterait pas non plus se précipiter en annonçant trop vite l’abandon de son projet.
Les circonstances lui donnent le droit de temporiser. La prochaine compétition concernée, le Mondial des moins de 17 ans, prévu du 10 novembre au 2 décembre en Indonésie, se jouera sans la Russie. Ecartée du processus de qualification, son équipe nationale n’a pas pu décrocher son billet.