Le CIO avait promis une surprise. Mais, soyons clairs, nous n’en attendions pas tant. Thomas Bach a créé la sensation, samedi 14 octobre à Mumbai, dans son long discours à la cérémonie d’ouverture de la 141ème session de l’instance olympique. Dans un amphithéâtre du Jio World Centre généreusement garni, le dirigeant allemand a évoqué la création prochaine des Jeux olympiques des sports électroniques. Pas moins.
« J’ai demandé à notre nouvelle commission du CIO consacrée à l’eSport d’étudier la création de Jeux olympiques », a lâché Thomas Bach depuis la tribune, installée à la gauche d’une immense scène partagée avec son hôte de la semaine, le Premier ministre indien Narendra Modi (photo ci-dessus).
Son annonce, Thomas Bach l’avait préparée par un long exposé sur l’intelligence artificielle (IA) et ses effets sur le sport, en termes de coaching, de jugement et d’organisation des événements, allant jusqu’à prédire que les Jeux de Paris 2024 seraient les derniers de l’avant IA.
Puis il avait tout aussi longuement détaillé l’importance pour le mouvement olympique de saisir à pleines mains le mat de cocagne des sports électroniques. « Trois milliards de personnes dans le monde sont adeptes d’eSport et de gaming, a expliqué Thomas Bach. Parmi elles, plus de 500 millions s’intéressent plus particulièrement aux sports électroniques, un univers qui comprend les sports virtuels et de simulation. Encore plus important pour nous, une majorité de ces supporteurs a moins de 34 ans. »
Lancé comme un obus sur un terrain où le mouvement olympique avance encore avec méfiance et retenue, le président du CIO a rappelé les étapes déjà franchies dans les sports électroniques. L’organisation en 2018 à Lausanne du Forum des sports électroniques. Puis la création en 2021 des Olympic Virtual Series, un « projet pilote ». Enfin, le lancement cette année de la Semaine olympique de l’eSport, organisée à Singapour. Présenté comme un succès, l’événement a attiré plus de 500.000 participants. Il a généré plus de six millions de vues en direct sur les réseaux sociaux.
« Un début prometteur, a suggéré Thomas Bach. Comme dans tous les sports, après un démarrage encourageant, la véritable course reste encore à faire. »
Les Jeux olympiques de l’eSport, donc. Quand ? Comment ? Pour qui ? Thomas Bach est resté vague. A ce stade, le projet manque de précisions. La balle est dans le camp de la nouvelle commission des sports électroniques. Forte de vingt-et-un membres, dont Gene Sykes, le président du Comité olympique et paralympique américain (USOPC), elle est dirigée par le Français David Lappartient, par ailleurs à la tête de l’UCI et du CNOSF.
Thomas Bach n’a précisé aucun contour de l’événement. Il n’a pas non plus ébauché un calendrier. Mais le cadre et le timing de son annonce, devant la session, dans le décor grandiose d’une cérémonie d’ouverture, suggèrent que les Jeux olympiques d’eSport deviendront à terme une réalité.
En leur promettant un événement estampillé olympique, Thomas Bach prépare pour les sports électroniques un avenir plus large que prévu. Mais il laisse aussi entendre que l’eSport devra vivre sa vie à part, sur son propre terrain, sans chercher à pousser la porte des Jeux olympiques traditionnels.
A la différence du Conseil olympique de l’Asie (OCA), engagé dans une démarche plus inclusive en ayant intégré des sports électronique au programme officiel des derniers Jeux asiatiques à Hangzhou, le CIO sépare les deux univers. A chacun ses Jeux.