L’histoire l’oubliera sans doute, trop occupée qu’elle sera à faire le tri dans l’album aux souvenirs. Le moment n’est pourtant pas anecdotique. Le COJO Paris 2024 a chevauché les fuseaux horaires pour se présenter une dernière fois devant le CIO avant de recevoir le monde, en juillet et août prochains. Il l’a fait à Mumbai, lundi 16 octobre. En Inde, pays le plus peuplé au monde, où le Premier ministre Narendra Modi rêve à son tour d’accueillir l’événement olympique et paralympique.
L’occasion ? La 141ème session du CIO. Un passage obligé mais sans grande difficulté pour l’équipe parisienne, placé à 284 jours de la cérémonie d’ouverture sur la Seine. L’exercice n’est pas nouveau. Tony Estanguet en connaît les règles et les usages, pour s’y être frotté chaque année depuis l’attribution à la capitale française des Jeux de 2024. Il n’empêche, le moment n’est jamais anecdotique.
Quelques heures après Milan-Cortina 2026 et Los Angeles 2028, la délégation parisienne a pris place à la tribune de l’immense salle du Jio World Centre de Mumbai pour présenter à la session le traditionnel rapport des futurs hôtes. Tony Estanguet a parlé le premier, en français. Lambis Kostantinidis, le directeur de la planification et de la coordination, et Sophie Lorant, la directrice des relations internationales, ont prolongé l’exercice en anglais.
Sur le fond comme sur la forme, la présentation française n’a pas réinventé le genre. Mais la délégation du COJO a fait le boulot, avec application et professionnalisme. A l’heure des questions de l’assistance, le prince Albert de Monaco a demandé des précisions sur la mesure de la qualité des eaux de la Seine, l’Américaine Anita DeFrantz a interrogé Tony Estanguet sur les langues qui seront utilisées pendant les Jeux et le nom des mascottes. Rien de bien méchant.
A moins de 10 mois du lever de rideau, le mouvement olympique semble compter les jours dans un mélange d’excitation et de sérénité. A l’évidence, Paris 2024 n’inquiète personne. Les trains arrivent à l’heure. Ca n’est pas si fréquent.
Tony Estanguet l’a reconnu à sa sortie de la salle : « On sent une attente très forte. » Bonne nouvelle pour le COJO, l’impatience n’engendre aucune pression. « Les relations sont très bonnes avec le CIO, les fédérations internationales, toutes les parties prenantes, explique-t-il. Les équipes du COJO ont réussi à installer des relations de confiance avec les parties prenantes. Tout le monde s’en félicite. Dans cette affaire, nous sommes des partenaires de livraison. Nous coordonnons le travail de l’ensemble des acteurs. »
En deux jours passés à Mumbai, l’étroite délégation de Paris 2024 a multiplié les échanges. « On croise tout le monde, confie Tony Estanguet. Ca reste très utile. » Le président du COJO poursuit : « Les gens s’inquiètent un peu de savoir si nous tiendrons la distance. Nous sommes aujourd’hui proche de l’échéance, mais les derniers mois vont être encore longs. »
Son rapport bouclé, Tony Estanguet s’est présenté devant les médis pour affronter les questions sur la sécurité, la question russe et la situation géopolitique. « La sécurité a toujours été, depuis le premier jour, une priorité des autorités publiques, a-t-il expliqué. Depuis 2020, nous connaissons très précisément le nombre de personnes dont nous avons besoin, site par site, jour par jour. La situation actuelle ne change pas les plans car tout a été anticipé. Depuis le début, nous sommes au meilleur niveau en matière de sécurité. »
La Russie et l’incertitude que laisse planer le CIO sur la présence, ou non, d’une délégation d’athlètes neutres ? Pas un souci, assure le COJO. « Nous travaillons sur plusieurs scénarios, avec ou sans athlètes russes, répond Lambis Kostantinidis. Nous serons prêts, quelle que soit la décision du CIO sur leur participation. »
La prochaine session du CIO se tiendra à Paris, en juillet prochain, à quelques jours de la cérémonie d’ouverture. Cette fois, le COJO n’aura plus à répéter l’exercice du rapport de futur hôte. L’heure sera venue de livrer les Jeux. Enfin.