Riche année pour Michelle Yeoh. Devenue en mars dernier la première Asiatique récompensée de l’Oscar de la meilleure actrice, elle s’est offert cette semaine à Mumbai une autre tranche de l’histoire. Mardi 17 octobre, elle a été élue membre du CIO par la 141ème session, réunie depuis dimanche dernier dans la ville indienne. Elle est la première « oscarisée » à intégrer l’instance.
Présente du premier au dernier jour de la session, la Malaisienne a découvert à Mumbai l’univers olympique avec un mélange d’humilité et de curiosité. Son élection en poche, elle s’est présentée devant les médias.
FrancsJeux : Pourquoi vouliez-vous rejoindre le CIO ?
Michelle Yeoh : Je me souviens quand un jour quelqu’un m’a demandé pourquoi je voulais devenir actrice, j’ai répondu que je n’avais jamais rêvé de devenir une actrice. Mais quand j’étais enfant, je rêvais d’être un jour une olympienne. Le sport occupait une très grande place dans ma vie, quand j’ai grandi. Le squash, l’athlétisme, la natation, le plongeon… L’olympisme a toujours été en moi, quelque part. Mais rejoindre la famille du CIO est autre chose. Il faut lui montrer qu’on partage sa passion, son engagement, son idéologie. Cela prend un peu de temps pour être tout à fait sûr de vouloir rejoindre cette famille et d’en avoir besoin.
Quand avez-vous été approchée pour la première fois par le CIO ?
Ca remonte à plusieurs années en arrière, quand j’ai eu la chance de rencontrer le président Thomas Bach en Malaisie. Il était venu pour une réunion du CIO. Cela a été le point de départ. Par la suite, j’en ai appris un peu plus sur le mouvement olympique. Mais le CIO n’accepte pas tant de nouveaux membres que cela. Je suis très reconnaissante à Thomas Bach, mais aussi à Christophe (De Kepper, le directeur général du CIO) d’avoir pris le temps de m’écouter pour comprendre quelle était ma vraie passion et ce que je pourrais apporter.
Justement, que pouvez-vous apporter au CIO ?
Au cours de ces deux derniers jours, à Mumbai, j’ai beaucoup écouté. Je voulais apprendre ce qu’est vraiment le CIO. Quand vous n’êtes pas dedans, quand vous n’écoutez pas les rapports, les projets, les initiatives, il est difficile de se faire une idée. Dans le métier d’acteur, quand vous entrez sur la scène, tout a été préparé pour vous. Le CIO est un univers complexe, pas seulement dans le domaine du sport. Il y a tellement d’enjeux et de terrains différents. Vous le savez peut-être, je suis aussi ambassadrice pour le programme de développement des Nations unies. Alors quand j’entends le CIO évoquer la question des réfugiés et son équipe d’athlètes aux Jeux olympiques, ça me touche énormément. Cela peut être pour moi un très bon point de départ.
Comment souhaitez-vous jouer un rôle au sein de l’instance ?
Le métier d’actrice me prend beaucoup de temps. Il en a souvent été ainsi. Mais je cherche toujours à trouver un moyen de donner du sens aux choses, d’apporter quelque chose dans les domaines et sur les terrains qui comptent vraiment, surtout sur le plan social. Avec les Nations unies, je me suis rendue dans des camps de réfugiés. Et je me suis vraiment demandé comment je pouvais faire une différence. Avec une famille aussi forte que le CIO derrière vous, le chemin est déjà tracé.
Quel est votre sport préféré ?
Pendant longtemps, le squash. Mais j’ai subi coup sur coup deux opérations du genou. Alors aujourd’hui, je fais beaucoup de shadow boxing, pour les scènes d’arts martiaux dans mes films, je nage, je fais de la randonnée. Je suis passée à des sports plus doux.
Que représente votre entrée au CIO pour votre pays, la Malaisie ?
Beaucoup. Mais je ne représente pas seulement la Malaisie. J’espère que ça peut aussi beaucoup représenter pour l’égalité des sexes, la diversité, l’inclusion…
Quels points communs voyez-vous entre le métier d’actrice et le sport de très haut niveau ?
Le dévouement et la recherche de l’excellence. Le besoin et l’envie de progresser sans cesse. Comment s’améliorer, comment devenir le meilleur. Dans les deux cas, c’est un engagement de très longue durée.
Avec votre carrière d’actrice, comment allez-vous trouver du temps à consacrer au CIO ?
Quand on est passionné par quelque chose, on trouve toujours du temps.