La Fédération internationale d’aviron (World Rowing) peut se frotter les mains. Et même, allez, rouler des mécaniques. Parmi le lot fourni des instances du mouvement olympique ayant avancé leurs pions dans l’espoir d’imposer une ou plusieurs nouvelles épreuves au programme des Jeux de Los Angeles 2028, elle a été la seule à rafler la mise.
La commission exécutive du CIO l’a annoncé en préambule de la 141ème session (15 au 17 octobre) : le sprint de plage – un mélange de course sur le sable (2 x 50 m) et de navigation en mer (500 m) – fera ses débuts olympiques dans cinq ans en Californie. La discipline remplacera les poids légers, renvoyés dans les oubliettes de l’histoire.
Jean-Christophe Rolland, le président de World Rowing, en a expliqué à FrancsJeux le pourquoi et le comment.
FrancsJeux : Une seule nouvelle discipline a été acceptée par le CIO pour les Jeux de Los Angeles 2028 : le sprint de plage. Pourquoi vous et pas les autres ?
Jean-Christophe Rolland : Le processus a été lancé longtemps à l’avance. Nous savions que le CIO ne voulait plus des poids légers aux Jeux olympiques. Il faisait pression pour leur retrait du programme. C’était devenu une évidence au moment de la validation des épreuves pour les Jeux de Tokyo 2020. Nous avons alors adapté notre stratégie, passant d’un mode défensif, qui aurait consisté à tenter de sauver les poids légers, à une approche pro-active. Nous avons proposé une autre solution, le sprint de plage. Il s’est avéré que la discipline répondait aux critères. Elle cochait même toutes les cases. Le CIO a reçu seize demandes des fédérations internationales pour des épreuves en plus aux Jeux de LA 2028. Une seule a été retenue. Pour nous, c’est évidemment une immense fierté.
Que peut apporter le sprint de plage au programme olympique ?
Je suis persuadé que nous pouvons apporter une plus-value aux Jeux olympiques. Nous avons récemment organisé les championnats du monde d’aviron de mer et de sprint de plage en Italie. L’événement a été super. Pour nous, World Rowing, cet ajout peut nous permettre de développer la pratique dans des pays et des régions jusque-là peu concernés par l’aviron traditionnel.
Par exemple ?
Tous ceux qui ont la mer, l’océan ou des grands lacs. L’Afrique, bien sûr, mais aussi l’Asie, les Caraïbes, l’Amérique et l’Océanie.
Avec l’arrivé du sprint de plage et de ses trois épreuves – solo hommes et femmes et duo mixte – à la place du deux de couple poids légers, vous gagnez aussi une épreuve à médailles…
Pas encore. A ce stade, les trois épreuves du sprint de plage ne sont que des propositions. La décision finale du CIO pour le programme par épreuves des Jeux de Los Angeles 2028 n’interviendra pas avant décembre 2024. Mais cette décision n’en demeure pas moins historique.
Qui sont aujourd’hui les rameurs de sprint de plage ?
Au départ, la discipline concerne un public mixte : des rameurs issus de clubs d’aviron de mer, et des spécialistes de l’aviron classique. Mais notre volonté est d’essayer de connecter de plus en plus une population qui ne viendrait pas de l’aviron de rivière. Le sprint de plage, et plus largement l’aviron de mer, demandent des qualités spécifiques, une expertise fine de la mer, des vagues, du vent et des courants.
Que vous reste-t-il à mettre en place, dans les quatre années à venir, pour être prêts pour les débuts olympiques en 2028 ?
Nous devons encore évoluer dans la présentation du produit. Elle n’est pas à maturité. Le sprint de plage est plus orienté sur le spectacle que l’aviron classique. Il y a un DJ, une animation. Nous devons nous adapter à un public et un esprit différents.
Allez-vous créer une Coupe du Monde, comme pour l’aviron classique ?
Nous travaillons actuellement avec des investisseurs pour développer un concept. Nous aurons un circuit de compétitions. Il ne prendra peut-être pas le nom de Coupe du Monde, plutôt celui de Série ou de Ligue.
Où se déroulera la compétition de sprint de plage aux Jeux de Los Angeles 2028 ?
La décision n’est pas encore prise, mais il a été toujours clair que nous utiliserons un site existant. Nous irons probablement à Long Beach, où sont déjà prévues les épreuves d’aviron classique. Nous pourrions partager la plage avec la voile et le triathlon.