Deux premières éditions prometteuses, à Pékin en 2010 et à Saint-Pétersbourg trois ans plus tard. Puis plus rien pendant une décennie. Initiés et chapeautés par SportAccord, les Jeux mondiaux des sports de combat (World Combat Games) semblaient enterrés pour toujours. Ils reprennent pourtant vie en ce mois d’octobre à Riyad, en Arabie saoudite (20 au 30 octobre).
Sans surprise, les Saoudiens ont vu grand. Onze jours de compétition, précédés d’une fastueuse cérémonie d’ouverture. Seize sports, dont cinq olympiques (boxe, escrime, judo, lutte et taekwondo). L’inclusion pour la première fois d’épreuves handisports. Un site unique, le King Saud University Arena and Sports Hall (6.500 places), découpé pour l’occasion en quatre terrains de compétition.
Un nouveau départ ? A quel rythme ? Avec quelles perspectives ? L’Italien Ivo Ferriani, le président de SportAccord, membre de la commission exécutive du CIO, a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Après deux éditions successives puis une pause de dix ans, est-ce un nouveau départ pour les Jeux mondiaux des sports de combat ?
Ivo Ferriani : Après la pandémie, les gens veulent des événements. Nous devons leur en apporter. Mais nous devons aussi réfléchir aux formats de ces événements. Le public veut des choses distrayantes. J’aime utiliser l’expression de « festivalisation » des événements sportifs. Du fun, du spectacle, de la musique… Nous devons apporter tout cela aux spectateurs. Les Jeux mondiaux des sports de combat s’inscrivent dans cette démarche.
Redeviendront-ils un rendez-vous régulier du calendrier international ?
La bonne formule serait de les organiser tous les deux ans. C’est ce que je propose. Il faut retrouver le rythme, notamment pour attirer des partenaires. Les sponsors viennent quand il y a un marché. Le marché existe. Mais nous devons analyser et réévaluer l’événement pour le rendre plus attractif pour les athlètes, afin que les meilleurs participent, et pour le public. Les compétitions doivent distribuer des points de classement ou de qualification, pour les championnats du monde par exemple.
Comment convaincre les fédérations internationales d’inclure l’événement dans le processus de qualification olympique ?
Nous devons nous mettre autour de la table et discuter. Mais la discussion ne concerne pas seulement les fédérations internationales, elle implique également le niveau supérieur, le CIO. Pour attirer les meilleurs athlètes, il faut apporter plus de valeur à l’événement. Les athlètes doivent se dire qu’en venant, ils pourront gagner des points pour leur classement.
Avez-vous déjà reçu des candidatures pour l’édition 2025 ?
Nous avons reçu plusieurs expressions d’interêt, pour 2025 mais aussi pour 2027. Stephan Fox (le vice-président de SportAccord, en charge des World Combat Games) discute avec des hôtes potentiels. Mais je ne veux pas les nommer avant que les choses soient plus concrètes.
A Riyad, les compétitions sont rassemblées dans un site unique. Est-ce la bonne formule ?
Oui. La durabilité. L’expression est souvent utilisée de façon très large. Pour ces Jeux mondiaux des sports de combat, elle prend une tournure très concrète. Un seul site, avec quatre aires de compétition. Les gens peuvent voir une épreuve, puis passer à une autre deux heures plus tard, et basculer ensuite vers une troisième. Le look des Jeux reste le même. L’optimisation est complète, y compris pour le comité d’organisation, avec toute l’équipe au même endroit : un seul manager des compétitions, un seul responsable des médias… La durabilité au sens le plus pratique du terme.
Une édition tous les deux ans, donc, toujours à la même époque ?
Une édition tous les deux ans est seulement une proposition. Mais si le marché estime que ces Jeux mondiaux des sports de combat peuvent se tenir tous les ans, ils auront lieu tous les ans. Nous pourrions aussi envisager, les années sans Jeux mondiaux, d’en organiser au niveau continental. Concernant la période de l’année, il faut s’adapter aux calendriers, essayer de trouver un bloc de 10 jours ou deux semaines où tout le monde peut se retrouver. Mais je vais plus loin : les Jeux mondiaux des sports de combat peuvent aussi devenir un rendez-vous où se côtoient, tous les deux ans, les présidents des fédérations internationales et les directeurs des sports. Un lieu de rencontre d’une communauté des sports de combat où tout le monde avancerait d’un même pas.
Que pensez-vous du programme des sports ?
Au risque de provoquer, j’aimerais qu’il soit plus large que les seuls sports de combat traditionnels. Pourquoi ne pas ajouter le breaking ? Il apporterait un autre public. Dans l’esprit, le breaking se rapproche assez des sports de combat. Son ajout irait dans le sens de la « festivalisation » de l’événement.