Eternel candidat, mais toujours recalé, le squash a gagné sa place aux Jeux. Enfin. Il entre par une porte de côté, au titre des sports additionnels. Avant, peut-être, de s’inviter plus durablement.
Sa découverte de l’univers olympique se fera aux Jeux de Los Angeles 2028, une édition a priori moins propice à son entrée dans la place que pouvaient l’être Sydney 2000, Londres 2012 ou Paris 2024. Les Californiens l’ont choisi comme seule discipline individuelle, parmi un quatuor de sports collectifs composé du flag football, du cricket, du lacrosse et du baseball/softball.
William Louis-Marie, le directeur général de la Fédération internationale de squash (World Squash), a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Comment expliquer le choix du squash, seule discipline individuelle parmi les sports additionnels aux Jeux de Los Angeles 2028 ?
William Louis-Marie : Le squash et toute sa communauté – joueurs, officiels – attendaient ce moment depuis très longtemps. Il faut remercier le CIO et le comité d’organisation des Jeux de Los Angeles 2028 de nous avoir fait confiance. Nous travaillons avec eux depuis un an et demi de façon très collaborative. Pourquoi le squash ? Pour amener quelque chose de différent, qui correspond à leurs valeurs d’innovation et laisse un héritage. Notre sport représente aujourd’hui une vraie diversité. L’un des plus grands tournois au monde vient d’être remporté par un Néo-Zélandais chez les hommes et une Egyptienne dans le tableau féminin. Nous sommes présents sur les cinq continents.
Le squash n’est en pas à sa première tentative d’intégrer le programme olympique. Pourquoi avez-vous réussi maintenant, pour Los Angeles 2028, où votre arrivée ne semblait pas la plus évidente ?
Peut-être parce que, justement, ça n’était pas évident, nous avons joué notre chance à fond. Mais les choses changent. Depuis 5 ou 6 ans, le squash se développe. Le circuit professionnel amène les meilleurs joueurs un peu partout dans le monde. La qualité des images et des retransmissions à la télévision ne cesse de s’améliorer. Le squash a aussi la capacité de toucher de plus en plus de gens sur les réseaux sociaux. On l’a vu dernièrement aux championnats du monde juniors. C’est peut-être parce que nous n’étions pas attendus qu’on a pu travailler sereinement avec le comité d’organisation de LA 2028 et avec le CIO, montrer toutes les qualités de notre sport.
Quel message avez-vous cherché à faire passer aux organisateurs américains ?
On a essayé de comprendre ce qu’ils attendaient d’un sport nouveau, qui n’est pas encore aux Jeux, mais est présent depuis longtemps dans le mouvement olympique et dans un grand nombre d’événements multisports, comme les Jeux du Commonwealth, les Jeux asiatiques et les Jeux panaméricains. Nous avons montré notre expertise et notre connaissance de ces événements multisports. Nous avons aussi insisté sur notre capacité à amener les meilleurs joueurs du monde, grâce à notre collaboration avec l’association professionnelle (PSA). Les gens de LA 2028 sont venus nous voir aux derniers Jeux du Commonwealth, l’an passé à Birmingham (photo ci-dessus). Ils ont vu le spectacle exceptionnel de deux joueurs qui s’affrontent dans une cage en verre, pendant 30 minutes ou une heure. Los Angeles est la capitale de l’entertainment, le spectacle du squash correspond bien à leurs valeurs. On a aussi beaucoup insisté, avec la fédération américaine – US Squash – sur la façon de profiter des Jeux pour amener le squash dans les communautés.
Que va changer pour vous cette entrée dans le programme olympique ?
Beaucoup de choses. Les athlètes savent aujourd’hui qu’ils auront la possibilité de prendre place sur la plus belle plateforme sportive au monde. C’est une formidable motivation. Les fédérations nationales pourront mieux négocier avec leur comité national olympique pour obtenir un financement des programmes pour les coachs, les officiels. De notre côté, nous allons avoir des ressources supplémentaires, en travaillant avec les sponsors, pour améliorer encore la production de nos événements.
Quel pourrait être le site du squash à LA 2028 ?
Nous n’avons pas encore tous les détails, mais nous avons des idées pour un théâtre en indoor, où le squash pourrait être magnifiquement valorisé dans un court en verre, avec un nombre exceptionnel de caméras.
Pour Brisbane 2032, le terrain semble encore plus favorable…
L’Australie a une vraie histoire avec le squash. Elle a eu de grands champions, des médaillés d’or mondiaux. Nous y étions récemment pour les championnats du monde juniors. Etre présents à Los Angeles 2028 nous donnera des leviers pour discuter avec Brisbane 2032. Mais il faut avancer tranquillement. Nous allons travailler sur Los Angeles 2028, sans chercher à brûler les étapes. L’Angleterre aussi est un grand pays de squash, mais nous n’avions pas été retenus pour les Jeux de Londres 2012.