Candidatures

France, Etats-Unis, Suisse : le CIO accouche d’un triplé olympique

— Publié le 29 novembre 2023

Thomas Bach l’avait promis peu après avoir pris possession du vaste bureau de président du CIO : le processus de candidature aux Jeux olympiques devait être revu et corrigé. Il faisait trop de perdants, et un nombre trop réduit de vainqueurs.

Mercredi 29 novembre, la commission exécutive de l’instance, réunie à Paris dans un luxueux salon du 8ème arrondissement, a prouvé avec une rare éloquence que la promesse était tenue. Au-delà même de toutes les prévisions. Invités à sélectionner les dossiers retenus pour la phase de « dialogue ciblée » des Jeux d’hiver en 2030 et 2034, Thomas Bach et la commission exécutive avaient quatre choix. Ils n’en ont écarté qu’un seul. Trois vainqueurs potentiels, donc, pour un seul recalé. Très fort.

Dans l’ordre d’apparition au générique, le dossier des Alpes françaises a été choisi pour continuer seul la course aux Jeux d’hiver 2030. Sauf très improbable déraillement au cours des quelques mois à venir, les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) et Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) décrocheront le pompon. Elles accueilleront les Jeux d’hiver, 38 ans après Albertville 1992, six années seulement après Paris 2024.

Pour 2034, le CIO n’a pas longtemps débattu. Salt Lake City était annoncée gagnante depuis le début de la campagne pour les Jeux d’hiver 2030. Les Américains de l’Utah ont obtenu, eux aussi, le droit de rester dans la course. Comme pour la France, la victoire leur est désormais quasiment acquise. Comme la France, les Etats-Unis doubleront Jeux d’été et Jeux d’hiver en seulement six ans.

La surprise de la journée est venue de la Suisse. La commission exécutive du CIO était censée se pencher seulement sur les dossiers de candidature pour 2030 et 2034. Ses membres ont fait le choix de regarder encore plus loin au-delà de l’horizon. Ils ont retenu le projet des Jeux de la Suisse, initialement prévu seulement pour 2030, puis rajusté pour 2030 et 2034, et finalement habilement rebaptisé Switzerland 203x.

Les Suisses sont eux aussi invités à poursuivre la route en phase de dialogue ciblé. Mais ils devront faire preuve d’une plus grand endurance, puisque le CIO les conservera au chaud pour l’édition 2038. A la différence des Alpes françaises et de Salt Lake City, la Suisse ne sera pas adoubée lors de la session du mois de juillet 2024 à Paris. Elle devra revoir son projet, en réduisant la carte des sites et en prévoyant des villages olympiques au sens traditionnel du terme, d’ici l’année 2027. Dans le cas contraire, le CIO lui montrera la sortie et relancera un processus de sélection pour les Jeux d’hiver 2038.

Le recalé ? Il est suédois. Candidate à l’édition 2030, la Suède est la seule des quatre postulantes à rester à la porte. Le CIO a jeté son dossier aux orties. Karl Stoss, le président de la commission du futur hôte, l’a expliqué mercredi 29 novembre en conférence de presse : le projet présenté par Stockholm, articulé autour des stations de Falun, Östersund et Are, était « techniquement impressionnant » et s’annonçait comme le plus durable de l’histoire des Jeux d’hiver. Mais la Suède a pêché par un manque de soutien des autorités politiques et du monde économique.

Autre perdant de la journée : Sapporo. Longtemps annoncée favorite pour l’édition 2030, la capitale de la préfecture d’Hokkaido a finalement renoncé, mais sans fermer la porte à une candidature pour les éditions suivantes. La voilà désormais contrainte de repousser son projet à 2042. Christophe Dubi, le directeur des Jeux olympiques au CIO, l’a expliqué en conférence de presse : le Comité olympique japonais aurait prévenu le CIO qu’il ne parviendrait pas à rester dans la course avec le nouveau calendrier. « Trop de choses à régler, a précisé Christophe Dubi, dont une réforme de la gouvernance. »

Question : pourquoi la France ? Karl Stoss l’a résumé en quelques formules : le dossier des Alpes françaises présentait une série d’atouts dont la concurrence – hors Etats-Unis – était en partie dépourvue. « Une longue tradition de sports d’hiver et d’accueil de grands événements sportifs, dont les récents Mondiaux de ski alpin à Courchevel et Méribel, a détaillé le dirigeant autrichien. Une expérience dans l’organisation de rendez-vous majeurs encore renforcée par les prochains Jeux de Paris 2024. Un soutien sans faille des autorités politiques, depuis le président de la République jusqu’aux régions et communes concernées. Un soutien également très fort de la population. Enfin, la perspective de pouvoir engager dans le projet certains partenaires privés des Jeux de Paris 2024. »

L’affaire est pliée, donc. Mais Karl Stoss a insisté : le travail n’est pas terminé. Français et Américains devront rester debout sur la pédale d’accélérateur, dans les prochains mois, pour respecter le calendrier imposé par le CIO. Les prochaines étapes : la remise d’un dossier plus élaboré au mois de février 2024, puis le dépôt un mois plus tard des garanties des pouvoirs publics, avant une visite des sites prévue en avril. Le dossier final sera présenté en mai à la commission de futur hôte, puis au mois de juin à la commission exécutive, pour une validation fin juillet par la 142ème session du CIO à Paris.

Pour les Alpes françaises, le plus dur est fait. Mais Karl Stoss l’a précisé, en réponse à une question de FrancsJeux : le dossier français devra s’atteler rapidement à trouver un site pour le patinage de vitesse. Temporaire ou à l’étranger, toutes les options sont possibles. « Mais un site devra nous être proposé avant la session de juillet prochain à Paris », a insisté l’Autrichien.