On la croyait moribonde. Et même, allez, proche de l’asphyxie depuis sa mise à l’écart par le CIO du mouvement olympique. Mais la Fédération internationale de boxe (IBA) respire encore. Son congrès annuel, tenu samedi 9 décembre dans un grand hôtel de Dubai, l’a démontré sans nuance : elle affiche même une éclatante santé.
Plus belle illustration : ses effectifs. Pas moins de 170 fédérations nationales étaient représentées à Dubai. L’exode anticipé lors de la création en avril dernier d’une instance rivale, World Boxing, n’a pas eu lieu. L’IBA tient bien ses troupes.
Sa nouvelle concurrente, présidée depuis son congrès inaugural le mois dernier à Francfort par le Néerlandais Boris van der Vorst, lui en a chipé quelques unes. Un peu moins d’une trentaine, au dernier pointage. Mais, habile dans sa stratégie d’occupation du terrain, l’IBA s’active à récupérer à droite ce qu’elle a perdu à gauche.
Samedi 9 décembre, le congrès de Dubai a été dominé par un exercice peu fréquent dans le mouvement sportif international : un jeu des chaises musicales entre les fédérations nationales. Trois pays ont été exclus du jeu. Quatre y sont entrés. A l’arrivée, le différentiel reste positif pour l’IBA.
Les exclus, dont la suspension définitive a été approuvée par vote à une écrasante majorité, sont tous européens. La République tchèque, l’Allemagne et les Pays-Bas, tous partis chez World Boxing, ne font plus partie du décor. La Suède, elle aussi tentée par la concurrence, disparait également. Mais son cas n’a pas été tranché par un scrutin : elle avait déjà remis sa démission.
Les entrants présentent trois types de profil. Les Tuvalu, un archipel polynésien, et les Iles Norfolk, un territoire australien dans le Pacifique, rejoignent la grande famille de l’IBA sans autre ambition que celle de faire nombre. Ils se feront discret.
La Suisse présente un parcours très différent, surtout aux yeux de l’IBA et de son président, le Russe Umar Kremlev (photo ci-dessus). Sa fédération de boxe (Swiss Boxing) avait initialement quitté le navire, au moment de la création de World Boxing. Mais la décision de son président a été contestée en interne, sous la pression notamment des boxeurs. Samedi 9 décembre, Swiss Boxing a été réintégrée dans l’IBA sous les applaudissements nourris de l’assistance.
Cas encore plus intéressant, les Etats-Unis. La fédération nationale « officielle », USA Boxing, a choisi elle aussi la voie de la scission. Elle compte même parmi les initiatrices de la création de World Boxing. Un coup dur pour l’IBA ? Sans le moindre doute.
Mais l’instance a trouvé la parade en ramenant les boxeurs américains, ou au moins une partie d’entre eux, dans la maison. Samedi 9 décembre, le congrès s’est prononcé par vote en faveur de l’adhésion de l’US Boxing Federation, une nouvelle organisation créée après le départ de USA Boxing. Précision : la nouvelle fédération américaine, qui revendique 130 boxeurs d’élite, est présidée par l’ancien champion du monde Roy Jones Jr, un allié et soutien de la première heure d’Umar Kremlev.
Le dirigeant russe l’a expliqué sans langue de bois : l’IBA rencontre des « problèmes » dans plusieurs pays avec les fédérations existantes. Elle a décidé de les suspendre, mais sans pour autant tirer un trait définitif sur les nations en question. « Nous avons déjà des candidats qui souhaitent demander l’adhésion à l’IBA, comme l’a fait l’US Boxing Federation, assure le Russe. Nous sommes ouverts aux candidats des pays qui quittent l’IBA ou qui seront radiés par la décision de notre congrès. »
A Dubai, samedi 9 décembre, l’IBA a également annoncé la création d’un comité de la boxe professionnelle. Il supervisera notamment la série des Nuits des Champions (Champion’s Night), dont le nombre passera de 10 à 13 en 2024. L’instance a aussi annoncé avoir adopté un nouveau système de comptage des points. Présumé « révolutionnaire », il a été développé par UNIXON Systems en coopération avec la Fédération japonaise de boxe et LiveMedia Corporation.