A l’heure du bilan, en septembre prochain, l’affaire ne méritera sans doute guère plus qu’une ligne. Et encore, en petits caractères. Elle sera oubliée. Mais à quelques jours de basculer dans l’année olympique, le feuilleton à rebondissements de la tour des juges des épreuves de surf des Jeux de Paris 2024, en Polynésie française, continue d’occuper l’actualité.
La prise de position très inattendue de la Fédération internationale de surf (ISA) – l’abandon d’une tour en mer, remplacée par un équipement sur terre et l’usage de caméras et de drones pour filmer la compétition – a semblé prendre par surprise les autres acteurs du dossier. Mais à Tahiti comme au siège du COJO, la réaction a été la même. Elle tient en trois mots : trop tard et infaisable.
Le président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, a été le premier à s’exprimer. Sa réponse laisse peu de place à la discussion. L’option ISA, il n’en veut pas.
« Il ne faut pas se réveiller au moment du buzz, a-t-il déclaré à l’AFP. L’ISA est associée depuis le début à ces épreuves de surf des JO. C’est un peu tard pour se réveiller. Il aurait fallu dès le départ qu’ils se positionnent en nous disant : « Nous, on estime que l’on peut juger depuis la terre. » À ce moment-là, on se serait mis en ordre de marche pour trouver des solutions techniques. »
Moetai Brotherson l’explique : la solution proposée par l’instance internationale, présentée comme respectueuse de l’environnement, se révèle en réalité peu crédible. « Ce que nous propose l’ISA, c’est d’utiliser malgré tout une plateforme située au niveau de la tour des juges, car depuis la terre, ce n’est pas possible de filmer, détaille-t-il. Seulement, cette plateforme doit être à 6 m au-dessus de l’eau et il faut des hommes à bord. Cela nous ramène donc à la problématique de départ qui est celle de la sécurité. Ça n’apporte, finalement, pas de réelles solutions ».
Même son de cloche au COJO Paris 2024. Face à la presse, mercredi 20 décembre, Tony Estanguet est longuement revenu sur le dossier. Lui aussi a écarté l’idée proposée par l’ISA.
« L’ISA a changé d’avis très récemment pour leurs raisons, mais ils étaient dans la boucle depuis le début, a expliqué le président du comité d’organisation. L’option qu’ils proposent, nous l’avons déjà regardée. Mais elle avait été écartée car il s’avère impossible de filmer les épreuves à 8 ou 900 m de la vague. C’est beaucoup trop loin. Pour des raisons de diffusion, cette solution n’est pas possible. Une tour en mer permet également d’assurer la sécurité de la compétition. Voilà pourquoi nous avons écarté l’option proposée aujourd’hui par l’ISA. »
Tony Estanguet insiste : il n’est pas question pour le COJO de « passer en force ». « On cherche des consensus et des solutions collectives, poursuit-il. Ma mission est de dire que l’organisation doit se mettre au service des souhaits de la population et des autorités locales qui veulent aller de l’avant avec ce projet, dont ils ont aussi besoin pour la suite et la pérennité des compétitions de surf. »
La recherche du consensus, donc. Mais le président du COJO Paris 2024 l’a rappelé devant les médias, mercredi 20 décembre : « Le dernier mot ne revient pas à la fédération internationale, mais au comité d’organisation avec le CIO qui reste en première ligne pour organiser les Jeux. »