Candidatures

Pour les Jeux en 2036, la Pologne freine des quatre fers

— Publié le 8 janvier 2024

Marche arrière toute. Lancée à belle vitesse dans la course aux Jeux d’été en 2036 après le succès l’an passé des Jeux européens à Cracovie et Malopolska, la Pologne vient de titrer avec fermeté sur le frein à main. Elle n’est plus du tout sûre de vouloir se lancer dans l’aventure olympique et paralympique. Au moins dans un proche avenir.

Le coup de froid sur les rêves de grandeur du mouvement sportif polonais a été soufflé par l’un des premiers décideurs. Slawomir Nitras, le nouveau ministre des Sports, arrivé au gouvernement à la mi-décembre à la faveur d’un changement de majorité parlementaire, a profité d’une interview sur une radio locale pour calmer le jeu.

« Pour qu’un tel projet soit concrétisé par une réussite, il faudrait présenter une candidature et se confronter à la concurrence des autres pays, a-t-il déclaré. Mais la Pologne n’est pas prête pour cela aujourd’hui. Postuler aux Jeux est une décision sérieuse. Le moment venu, lorsque nous estimerons être prêts, nous ferons une offre. Je ne ferme pas la porte. Si le président de la République veut m’impliquer, je serais heureux de travailler avec lui. »

Retour en arrière. Quelques jours après la fin des Jeux européens 2023, le ministre polonais de l’époque, Kamil Bortniczuk, a évoqué le premier l’idée d’une candidature olympique. Euphorique après le succès de l’organisation du rendez-vous continental, il a suggéré que la Pologne ne devrait pas attendre, mais foncer dans la première brèche ouverte. « Nous devrions postuler pour les premiers Jeux olympiques disponibles, c’est-à-dire l’édition 2036, a-t-il suggéré face aux médias. La Pologne a un niveau de développement économique, des ressources budgétaires et une expérience suffisants. Nous pouvons le faire. La décision est politique. J’insisterai pour qu’elle soit prise. »

Dans la foulée, le président polonais, Andrzej Duda, a saisi le sujet au vol pour en faire l’une de ses priorités. En octobre dernier, il a expliqué avoir « consulté le Comité olympique polonais, le ministère des Sports et du Tourisme et le gouvernement ». Ces échanges ont semblé le conforter dans son idée de se lancer dans la course. « J’ai l’intention de faire tous les efforts pour avoir les Jeux olympiques d’été dans notre pays en 2036″, a-t-il alors insisté.

Deux mois plus tard, Andrzej Duda s’est rendu à Lausanne pour y rencontrer Thomas Bach (photo ci-dessus). A la Maison olympique, le président polonais a enfoncé le clou.

Seul ennui, mais de taille : Kamil Bortniczuk a quitté le gouvernement. Et son successeur, Slawomir Nitras, se montre nettement moins pressé de lancer le projet. Le nouveau ministre polonais des Sports, volontiers critique sur l’immobilisme de son prédécesseur, l’explique : « Mis à part la déclaration du président, le gouvernement précédent n’a pris aucune mesure dans ce sens. »

Fin de l’histoire ? Probable. Mais à plus de douze ans de l’échéance, tout reste possible pour la Pologne. Elle a encore tout le temps de revoir sa position et se remettre dans la course. Il ne lui sera jamais reproché d’avoir osé un pas en avant puis deux pas en arrière, le mouvement olympique ayant pris l’habitude des volte-face.

Une chose est sûre : la course aux Jeux d’été en 2036 s’annonce aujourd’hui comme la plus incertaine de ces dernières décennies. Thomas Bach, censé laisser à son successeur la gestion du dossier – sous réserve qu’il abandonne réellement l’an prochain son siège de président – a laissé entendre à plusieurs reprises que le nombre de postulants potentiels était déjà « à deux chiffres ».

Il n’en a cité aucun. Mais l’Indonésie, l’Inde, l’Allemagne, le Qatar, la Hongrie, la Turquie, le Mexique et l’Égypte ont exprimé publiquement leur intention de se lancer dans l’aventure. A l’exception du Mexique en 1968 et de l’Allemagne à deux reprises – Berlin en 1936 et Munich en 1972 – la liste compte exclusivement des pays n’ayant jamais organisé l’événement olympique.