Son nom avait quitté l’actualité depuis le mois d’avril dernier. Personne ne le regrettait. Mais il vient de refaire surface. Anders Besseberg (photo ci-dessus), 77 ans, l’ancien président de l’Union internationale de biathlon (IBU), s’est présenté mardi 9 janvier au tribunal de première instance de Buskerud, à 60 kilomètres à l’ouest d’Oslo, pour l’ouverture de son procès.
Le Norvégien doit faire face à une saisissante collection de chefs d’accusation. Il est soupçonné, entre autres, d’avoir accepté entre 2009 et 2018 des montres de luxe, des parties de chasse exclusives, des prostituées et une voiture en leasing, en échange de son silence, et celui de l’ancienne directrice générale de l’IBU, l’Allemande Nicole Resch, sur les affaires de dopage dans le biathlon russe.
Fidèle à sa ligne de défense, Anders Besseberg continue à nier toute malversation.
Rappel des faits. En janvier 2021, un rapport de plus de 200 pages rédigé par la commission de révision externe de l’IBU fait la lumière sur les agissements du dirigeant norvégien, président de l’instance mondiale du biathlon pendant plus d’un quart de siècle, entre 1992 et 2018.
Après avoir examiné plus de 70 000 documents, le rapport détaille la façon dont Anders Besseberg a protégé les intérêts russes avec l’aide de Nicole Resch. Lancée en 2018 par le successeur du Norvégien à la tête de l’IBU, le Suédois Olle Dahlin, la commission fouille dans les témoignages de lanceurs d’alerte, examine les perquisitions menées par les polices autrichienne et norvégienne, épluche le rapport de l’Agence mondiale antidopage (AMA).
Ses conclusions sont effarantes. Anders Besseberg aurait reçu au moins 200 000 dollars des responsables russes. Il a été convié à des parties de chasse en Russie. Dans ses déplacements en Russie, il était souvent accompagné d’une prostituée, présentée comme sa « traductrice ».
En échange, le Norvégien aurait couvert plusieurs cas de dopage. Il aurait également usé de son influence auprès du comité exécutif de l’IBU pour garantir la participation des athlètes russes aux Jeux d’hiver à PyeongChang en 2018. Enfin, le rapport suggère qu’il aurait manoeuvré pour favoriser la candidature de Tioumen, en Sibérie, pour les Mondiaux de biathlon 2021. Il a été inculpé en avril dernier par des procureurs norvégiens pour corruption aggravée.
Nicole Resch, la directrice générale de l’IBU à l’époque des faits, aurait reçu en 2009 une boîte de bijoux de la part du vice-président de la Fédération russe, Alexander Tikhonov.
« Pourquoi les Russes voulaient-ils obtenir les faveurs de Besseberg ? Pourquoi Infront (l’agence de marketing en charge de la commercialisation des droits de télévision des épreuves de l’IBU) était-elle intéressée à verser des pots-de-vin ? Nous nous efforcerons de le prouver », a expliqué la procureure Marianne Djupesland, citée par l’agence NTB, mardi 9 janvier à l’ouverture du procès.
Dans le camp de la défense, l’avocat d’Anders Besseberg, Christian B. Hjort, a répété une nouvelle fois que son client rejetait l’accusation de faveurs sexuelles. Le Norvégien ne conteste pas avoir reçu les autres avantages. Mais toujours selon son avocat, également cité par NTB, il continuerait à plaider que les avantages en question « n’étaient pas inappropriés ».
Que risque-t-il ? La prison. Si les faits sont avérés, Anders Besseberg pourrait être condamné, dans le pire des cas, à une peine de dix ans d’incarcération. Le procès doit durer jusqu’au 16 février.