Il faudra s’y faire : les Jeux d’hiver peuvent désormais se passer de l’essentiel. Ils n’ont plus besoin, pour exister, d’un décor enneigé où domine le blanc des flocons. Vendredi 19 janvier, la ville de Gangneung s’est réveillée sous une pluie fine, à quelques heures de la cérémonie d’ouverture des Jeux de la Jeunesse d’hiver de Gangwon 2024 (19 janvier au 1er février). Le thermomètre affichait 2° à l’heure du déjeuner. Hivernal, certes, mais plus gris que blanc.
Lancés en 2012 à Innsbruck, en Autriche, organisés quatre ans plus tard à Lillehammer, puis à Lausanne en 2020, les JOJ d’hiver n’avaient connu jusque-là que l’Europe. A Gangwon, ils s’offrent leur premier voyage en Asie, sur les terres des Jeux de PyeongChang 2018.
Même lieu, même décor. Mais une ambiance plus bonne enfant. « L’héritage en action », a résumé Thomas Bach, le président du CIO, mercredi matin pendant sa visite du village des athlètes. L’expression n’est pas usurpée : sept des neuf sites de compétition ont été utilisés six ans plus tôt pour les Jeux d’hiver.
L’événement s’annonce « grandiose », a promis Christophe Dubi, le directeur des Jeux olympiques au CIO. Un tremplin vers la gloire pour toute une génération de jeunes espoirs de la neige et la glace, âgés de 14 à 18 ans. Au dernier pointage, ils sont près de 1900 engagés, venus de 79 pays.
Que faut-il en retenir ?
Première chose : les sport d’hiver gagnent du terrain. Cinq pays, dont deux africains, font leurs débuts aux JOJ d’hiver : l’Algérie, le Nigéria, Porto Rico, la Tunisie et les Emirats arabes unis. Pour la première fois de l’histoire, la Tunisie est présente dans l’épreuve de bobsleigh, avec trois compétiteurs, deux filles et un garçon. Elle le doit à un programme de développement proposé et financé par la Corée du Sud via la fondation PyeongChang 2018.
Autre leçon : l’innovation. Fidèle à sa volonté d’utiliser les JOJ comme un laboratoire, le CIO lance à Gangwon 2024 des nouvelles épreuves en short track (1500 m), ski de fond (relais mixte), et combiné nordique (par équipes mixtes). Mais l’instance olympique a abandonné son idée, testée lors des éditions antérieures, de présenter des épreuves où sont mélangés des athlètes de différents pays. A Gangwon, toutes les équipes mixtes portent les mêmes couleurs.
A retenir, également, le succès de la billetterie. A l’exception de la cérémonie d’ouverture, ce vendredi 19 janvier à l’ovale de Gangneung, les épreuves sont en accès gratuit, mais réservées aux détenteurs d’un billet. Les organisateurs l’ont annoncé jeudi, à la veille du début : plus de 350.000 billets avaient été réservés à quarante-huit heures du lever de rideau.
Dans le détail, les disciplines de glace se révèlent les plus recherchées par le public sud-coréen. Le hockey pointe en tête (84.825 billets), devant le curling (60 527), le biathlon (11 106), la luge (4 315), le bobsleigh (2 906), et le skeleton (2 493).
Enfin, l’histoire retiendra que les JOJ d’hiver de Gangwon 2024 auront innové en proposant, pour la première fois, un métavers olympique. Un monde virtuel unique, censé offrir aux fans du monde entier « une variété d’expériences interactives ».
Mis en musique avec la collaboration du comité d’organisation et des autorités locales et nationales, il permet de visiter les sites de compétition, le village des athlètes et quatre sites touristiques de la région, ou de se défier entre utilisateurs sur des mini-jeux en ligne dédiés au saut à ski, au bobsleigh et au curling. Un plongeon dans l’avenir ? Pour le CIO, la réponse ne fait aucun doute.