Pas vraiment un scoop : les Jeux de la Jeunesse ont été imaginés et conçus par le CIO comme un laboratoire pour les événements olympiques à venir. Une forme d’incubateur, où l’instance a régulièrement testé des idées nouvelles avant de les inviter sur une scène plus large.
Le breaking en est un exemple. Lancée aux JOJ d’été à Buenos Aires en 2018, la discipline a suffisamment convaincu Thomas Bach pour intégrer la liste des sports additionnels aux Jeux de Paris 2024. Le ski-alpinisme en est un autre. Testé aux Jeux de la Jeunesse d’hiver 2020 à Lausanne, il figure au programme des Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026.
Gangwon 2024 n’échappe pas à la règle. Mais, signe des temps, le CIO et OBS, sa filiale en charge de la production des images des Jeux, utilisent l’événement sud-coréen comme un laboratoire non plus sportif, mais technologique. Yannis Exarchos, le directeur général d’OBS, l’a expliqué mercredi 24 janvier à Gangneung : « Nous testons plusieurs choses qui seront ensuite utilisées à Paris 2024, principalement dans les domaines du digital et des nouvelles technologies. »
Quelque chiffres, en préambule. Ils permettent de comprendre la volonté du CIO et d’OBS de concentrer leurs efforts sur le digital.
A Gangwon 2024, la production des images des Jeux de la Jeunesse d’hiver est en hausse de 12 % par rapport à l’édition 2020 à Lausanne. Elle représente 170 heures de direct.
Pour la première fois depuis la création de l’événement, OBS propose un résumé de chacune des épreuves du programme, dans tous les sports. Son offre est enrichie d’un nombre plus important de contenus magazines : interviews des athlètes, portraits, coulisses. « Nous insistons beaucoup plus sur le parcours de ces jeunes participants, leur histoire personnelle », détaille Yannis Exarchos.
Les droits des JOJ d’hiver de Gangwon 2024 ont été acquis par 22 diffuseurs à travers le monde. Ils couvrent 99 pays. Une vraie performance, selon le CIO, pour un événement concernant des athlètes cadets ou juniors. L’instance estime à 3200 heures la couverture de Gangwon 2024 sur le plan mondial. Elle précise que plus de la moitié des images sont accessibles sur les plateformes digitales.
Autre chiffre : l’audience des JOJ d’hiver 2024 sur la plateforme officielle du CIO, Olympics.com, représente à ce stade de l’événement 1,6 fois celle des Jeux de la Jeunesse de Lausanne 2020. Le résultat est « remarquable », estime Yannis Exarchos, pour un événement dont les épreuves se déroulent pour l’essentiel en pleine nuit dans les grands pays de sports d’hiver, en Europe et Amérique du Nord. Explication : 48 % des internautes connectés aux JOJ résident en Corée du Sud.
Paris 2024, maintenant. Le CIO et OBS promettent une production plus digitale que jamais, plus immédiate également grâce à l’apport de l’Intelligence artificielle, mais aussi plus créative dans la narration des compétitions et des athlètes.
A Gangwon 2024, OBS teste une nouvelle technologie – UHD HDR – pour filmer les tournois de hockey sur glace et curling. Elle sera utilisée l’été prochain à Paris pour les épreuves de judo, lutte, tennis et tir.
Autre innovation : une unité de production mobile (Virtualised broadcasting van) utilisant l’Intelligence artificielle. Testée à Gangwon pour le hockey sur glace, elle sera déployée à Paris 2024 dans 14 sports, dont la gymnastique, l’athlétisme, la natation, le tennis de table et le basketball. Avantage : une édition encore plus rapide des moments forts d’un match ou d’une session. L’Intelligence artificielle permettra également d’analyser en temps réel l’intérêt du public pour le spectacle proposé.
Autre évolution, à ranger dans le dossier durabilité : une production désormais réalisée à parts quasiment égales entre Paris (55 %) et le siège d’OBS à Madrid (45 %). Aux Jeux de Tokyo 2020, seulement 30 % du travail d’OBS était effectué à distance. « Moins de personnel sur place, cela veut dire moins de transports, de logements, de logistique, donc moins de coûts », assure Yannis Exarchos.
La preuve par les chiffres : les équipes d’OBS occuperont au centre international des diffuseurs (IBC) des Jeux de Paris 2024 un espace inférieur de 15 % à celui des Jeux de Tokyo 2020, et 23 % plus réduit qu’aux Jeux de Rio 2016. Leur consommation d’énergie devrait être, selon les estimations, en baisse de 44 % par rapport aux derniers Jeux d’été.
Yannis Exarchos l’annonce comme une certitude : la production des images des Jeux de Paris 2024 sera aussi la plus cinématographique de l’histoire. Les équipes d’OBS ont prévu d’utiliser un matériel – caméras et objectifs – emprunté au monde du cinéma. Une forme d’évidence, suggère-t-il, dans la ville de naissance du 7ème art.