Les Jeux de Brisbane 2032 suivront-ils le même parcours tortueux que ceux d’hiver de Milan-Cortina 2026 ? Pas exclu. A l’image des Italiens avec la piste de bobsleigh, luge et skeleton, les Australiens peinent à finaliser l’un des dossiers les plus complexes de leur dispositif : le stade d’athlétisme.
Plus de deux ans après l’obtention des Jeux olympiques et paralympiques d’été en 2032, la question du Gabba Stadium, l’historique enceinte de Brisbane, continue de diviser. Deux options s’opposent.
La première suggère de reconstruire le Gabba Stadium, bâti en 1895, rénové pour la dernière fois en 2005. Coût estimé : 1,7 milliard de dollars américains, un montant trois fois supérieur au prix initial présenté en phase de candidature. Le projet porté par l’Etat du Queensland prévoit sa démolition en 2025, puis sa reconstruction complète, pour une livraison estimée en 2030. Ambitieux mais coûteux. Très coûteux.
La seconde option propose de laisser le stade de Brisbane en l’état, et l’écarter de la carte des sites. La cérémonie d’ouverture se déroulerait au stade Suncorp, une enceinte de 52000 places anciennement connue sous le nom de Lang Park. Les épreuves d’athlétisme seraient déplacées au Queensland Sport and Athletics Centre, dont la capacité actuelle affiche 48.000 places. Le stade avait accueilli les compétitions aux Jeux du Commonwealth en 1982.
Laquelle l’emportera ? Le dernier épisode du feuilleton ne penche pas vraiment du côté du Gabba Stadium. Il l’annonce même définitivement rayé du décor olympique.
John Coates, l’ancien président du Comité olympique australien (AOC), l’a déclaré sans langue de bois cette semaine aux médias locaux : « Nous avons proposé au comité de révision d’abandonner le Gabba et de chercher un autre site pour l’athlétisme ».
A ce stade, pas vraiment un scoop. Mais la déclaration de John Coates a été immédiatement prolongée par un communiqué de l’AOC, où le nouveau président de l’instance, Ian Chesterman, enfonce le clou. « Le processus de nouvelle norme du CIO est conçu pour garantir que les Jeux soient à la fois abordables et durables, avec une forte préférence pour l’utilisation d’installations existantes ou temporaires, explique le dirigeant australien. Nous pensons qu’il existe d’autres solutions plus créatives que la reconstruction du Gabba pour les Jeux, qui constituent un héritage pour nos sports et offrent aux supporteurs un accès encore plus large à des Jeux olympiques et paralympiques exceptionnels. Nous soumettrons ces idées au comité de révision. »
Le message est clair : le mouvement olympique australien ne veut pas se faire taper sur les doigts par le CIO en laissant les autorités dépenser près de 2 milliards de dollars dans la reconstruction d’un stade.
La fin du feuilleton ? Probable. A un peu plus de huit ans des Jeux, l’opposition au projet du Gabba ne vient pas seulement de John Coates et de l’AOC. Le maire de Brisbane, Adrian Schrinner, s’est engouffré dans la brèche, jeudi 8 février. Il a assuré que la reconstruction du stade était « morte, enterrée et incinérée », suggérant que John Coates « énonçait une évidence » en estimant que cette solution ne devrait plus rester sur la table. Avant de conclure : « Il doit y avoir une meilleure option que de gaspiller 2,7 milliards de dollars (australiens) pour un seul stade. »
En décrochant l’accueil des Jeux onze ans avant l’ouverture, Brisbane se croyait à l’abri de l’exercice toujours désagréable de courir après le temps. Mais les Australiens n’en seront pas finalement peut-être pas épargnés.