L’idée pouvait sembler tentante. Elle aurait à coup sûr apporté un surplus d’intérêt et de curiosité au tournoi olympique de boxe. Mais le CIO l’a renvoyée dimanche 18 février dans les oubliettes de l’histoire.
Manny Pacquiao, 45 ans, l’un des plus illustres boxeurs de l’histoire, ne participera pas dans moins de six mois aux Jeux de Paris 2024. Le CIO a rejeté la demande d’exception déposée en son nom par le comité olympique des Philippines. Le règlement fixe l’âge maximum des boxeurs olympiques à 40 ans. Manny Pacquiao en avoue cinq de trop. Sa notoriété, et le buzz que sa présence sur le ring du tournoi olympique aurait engendrée, n’y ont rien changé.
La décision du CIO était plutôt attendue pour le mois prochain. Elle a été anticipée. L’annonce en a été faite par le président du comité olympique philippin, Abraham Tolentino. Le dirigeant asiatique a expliqué que le CIO avait tenu à respecter ses « règles ».
Retour en arrière. A l’automne dernier, Manille a adressé une « demande spéciale » au CIO pour autoriser Manny Pacquiao, multiple champion du monde dans six catégories de poids différentes, à participer aux Jeux de Paris 2024. Le Philippin n’a jamais connu l’ambiance des Jeux. Désormais retraité, il s’était dit prêt à remettre les gants pour combler le seul manque de sa prodigieuse carrière.
Le comité olympique philippin le savait : Manny Pacquiao a passé l’âge. Fixée à 34 ans jusqu’en 2013, la limite pour être éligible à une qualification olympique a été relevée à 40 ans à partir des Jeux de Rio 2016. Mais le Philippin reste largement au-dessus.
Malgré cette contrainte, le comité olympique a tenté sa chance. Avec deux options. La première, la plus évidente, au moins sur le papier : la règle de l’universalité. Elle ouvre la porte des Jeux à des athlètes dont les performances ne sont pas suffisantes pour décrocher un billet par la voie réglementaire.
Seul ennui, mais de taille : les Philippines ne peuvent pas y prétendre. « Les places pour l’universalité ne sont pas attribuées aux délégations ayant présenté une moyenne de plus de huit athlètes dans les sports/disciplines individuels lors des deux dernières éditions des Jeux olympiques », a précisé le CIO, ajoutant que le comité olympique philippin n’entrait pas dans ce cadre. Pour la boxe, le CIO a réservé neuf places au titre de l’universalité : cinq pour les femmes, quatre pour les hommes.
Autre option : emprunter le parcours balisé des tournois de qualification. Ils sont prévus en Thaïlande pour le continent asiatique, avec une dernière chance en Italie pour tous les boxeurs encore non qualifiés. Mais Manny Pacquiao n’a plus le temps nécessaire pour tenter sa chance. Il n’en a pas non plus l’âge.
Abraham Tolentino l’a reconnu non sans regret : Manny Pacquiao « aurait pu assurer un podium ou être la première médaille d’or du pays » en boxe olympique. Mais le dirigeant a préféré mettre profil bas, assurant qu’il était juste et normal pour un comité national olympique de « suivre les règles établies par le CIO ».
Manny Pacquiao s’est retiré de la boxe professionnelle en 2021. Il s’est alors lancé dans une carrière politique, avec l’ambition assumée de devenir président des Philippines. Il a échoué. Selon plusieurs sources, « Pac-Man » peut désormais se concentrer sur un combat exhibition, annoncé pour le 20 avril à Bangkok contre Buakaw Banchamek, une légende thaïlandaise du muay thai.