Le refrain est connu. Il en devient répétitif. Paris 2024 veut « casser les codes ». Ne rien faire comme les autres. Logo, pictogrammes, hospitalité… Tout a été prétexte à se démarquer d’une histoire olympique pourtant belle à raconter. Les affiches de l’événement, dévoilées lundi 4 mars, poursuivent la série.
De l’inédit, donc. Encore et toujours. Dans la démarche, d’abord. Joachim Roncin, le directeur du design du comité d’organisation, l’a expliqué aux médias : le choix de l’artiste n’a pas été le résultat d’un concours, pas même d’une mise en concurrence. Un illustrateur, un seul, a été sollicité : Ugo Gattoni, un ancien nageur passé par une filière sport-études, sorti diplômé en 2010 d’une école de communication visuelle à Ivry-sur-Seine.
En juin 2023, Joachim Roncin et Ugo Gattoni se sont retrouvés pour la première fois pour une « après-midi de discussion » au siège du COJO à Saint-Denis. Les deux hommes ont sorti des cartons les archives des Jeux précédents, une collection de 32 affiches officielles, toutes différentes mais présentant le logo de l’événement sur un fond de couleur. Classique. « On voulait aller plus loin », résume Joachim Roncin.
Ugo Gattoni poursuit : « J’ai commencé par quelques croquis, puis nous nous sommes lancés dans un ping pong créatif, en ajoutant sans cesse de nouveaux éléments. »
Le travail de l’illustrateur a débuté le 19 septembre, pour se terminer le 19 janvier. Quatre mois, deux mille heures de travail. Tout a été fait manuellement, sans faire appel à l’ordinateur. Un choix assumé par les deux hommes. « Nous voulions montrer le savoir-faire à la française« , insistent-ils.
Soyons clairs : le résultat détonne. Ugo Gattoni a dessiné une fresque joyeuse et fantaisiste, une arène géante où un immense sujet se décompose en centaines de petites histoires. Au premier regard, on pense à Moebius et à son univers d’avant-garde, ou à la série « Où est Charlie ? » du Britannique Martin Handford.
Mais le regard seul ne suffit pas à plonger dans le Paris olympique et paralympique imaginé par l’illustrateur français. Une loupe peut se révéler un précieux accessoire pour découvrir les milliers de personnages, certains aux dimensions lilliputiennes, invités dans le décor. « Une histoire différente dans chaque centimètre carré », promet l’illustrateur.
L’impression générale suggère un Paris festif et insouciant, un peu carte postale, un Paris de fête foraine, loin des carcans institutionnels que s’étaient imposés les Jeux antérieurs. Ugo Gattoni l’explique : « L’idée était aussi de raconter Paris aux plus jeunes. »
Joachim Roncin et Ugo Gattoni le précisent avec fierté : presque tous les sports, olympiques et paralympiques, sont représentés, dont le tennis fauteuil sur la terrasse de l’Arc de Triomphe. Les sites ont eux aussi été dessinés par l’illustrateur, les parisiens surtout (la Seine-Saint-Denis est nettement moins représentée), jusqu’aux plages de Marseille et la vague de Tahiti. Avis aux amateurs de chasse au trésor : huit mascottes officielles, les Phryges, sont cachées dans la fresque.
Autre nouveauté : l’affiche officielle de Paris est double. Une moitié olympique, l’autre paralympique. Mais elle ne sera jamais présentée, ni commercialisée, en une seule. Dévoilée en grande pompe et en format géant (4 x 3 m) lundi 4 mars au Musée d’Orsay, elle est déjà déployée dans Paris, en 2000 exemplaires, plaqués notamment sur les abribus de la capitale.
Deux formats sont proposés à la vente, avec une version en couleurs et une autre en noir et blanc : 30 x 40 et 50 x 70. Prix de départ : 20 euros.Une version numérique, en « réalité augmentée », sera lancée le 19 juillet sur l’application officielle du CIO et le compte Snapchat @olympics.