La nouvelle jette un froid. Elle met un sérieux bémol à la promesse d’une fête « populaire » brandie par le COJO Paris 2024 lors de l’annonce d’une cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques sur la Seine, vendredi 26 juillet, au coeur de la capitale.
Auditionné mardi 5 mars au Sénat dans le cadre d’une mission parlementaire, le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a détaillé avec une inhabituelle précision les contours de la première soirée des Jeux. Il a parlé sécurité. C’était attendu. Il a évoqué la jauge du public. Ca l’était aussi. Il a expliqué la façon dont seront sélectionnés les spectateurs sur les quais hauts, où l’accès sera gratuit. Ca l’était nettement moins.
Gérald Darmanin l’a confirmé : 222.000 personnes pourront assister gratuitement, en plus des 104.000 spectateurs payants assis plus bas en tribunes, au défilé des délégations et au spectacle depuis les quais hauts de la Seine. Mais, (mauvaise) surprise, elles seront conviées uniquement sur invitation.
Le grand public sera donc exclu de l’événement, tout comme les visiteurs – touristes et spectateurs – venus de l’étranger. Les invitations seront déléguées à des « tiers de confiance », expression regroupant l’Etat, la région Ile-de-France, les départements et les villes franciliens, mais aussi le COJO Paris 2024. Il reviendra à ces entités de sélectionner leurs invités, puis d’en faire remonter la liste aux autorités pour vérification.
Les services du ministère de l’Intérieur devront ensuite passer le contingent des invités au filtre de leurs outils de sécurité, avec toute la liberté d’en rayer les plus suspects, cochés par les services de renseignement comme des individus à risques.
Précision: le plan sécurité prévu par les autorités prévoit de répartir les spectateurs par zones sur les quais hauts, à raison de trois personnes au m2. Elles ne pourront pas se déplacer d’une zone à l’autre tout au long d’une cérémonie censée durer 3 h 30, entre 19 h 30 et 23 h 00. Les invités retenus recevront un QR code à présenter avec une pièce d’identité.
La répartition des places entre ces « tiers de confiance » n’est pas encore connue, mais les discussions auraient déjà débuté avec la Délégation interministérielle aux Jeux olympiques et paralympiques.
Gérald Darmanin l’a expliqué aux parlementaires, mardi 5 mars : la cérémonie d’ouverture pourra être suivie sur place par 576.000 personnes. Le décompte est précis : 104.000 spectateurs payants au plus près de l’action, 222.000 invités sur les quais hauts, plus 200.000 autres privilégiés, massés dans les immeubles surplombant la Seine sur les 6 km du défilé, et enfin 50.000 personnes dans les fanzones installées dans Paris.
Commentaire de Gérald Darminin, avant son audition au Sénat : « C’est le plan B. Mais c’était ça ou pas de cérémonie ». Le ministre a également laissé entendre que la jauge actuelle pourrait encore être revue à la baisse en fonction de la situation sécuritaire.
Pour la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques, prévue elle aussi hors du stade, le 28 août sur la place de la Concorde, les chiffres se révèlent nettement plus modestes : 35.000 spectateurs payants en tribunes, 30.000 personnes en accès gratuit sur la partie basse des Champs-Elysées. Mais il n’a pas été précisé s’il faudrait, là aussi, avoir reçu une invitation.